AccueilLa UNELe compte à rebours se déclenche en Egypte

Le compte à rebours se déclenche en Egypte

La déclaration du président du bureau politique d’Ennahdha, Ameur Larayedh , à la TAP ,dimanche soir , à l’issue de la réunion du conseil de la Choura est presque passée inaperçue .Il a indiqué que la réunion a été consacrée à la situation générale du pays ainsi qu’aux derniers développements en Libye et en Egypte et à leur impact sur la Tunisie.

D’un point de vue de principe, il est toujours recommandé à un parti politique, surtout s’il est au pouvoir, de suivre de près les développements sur la scène internationale et de prévoir leur impact sur la situation nationale. Une telle initiative peut être placée sous le signe de la vigilance et de la prospective qui donnent au parti plus de crédit, et le dotent d’une capacité d’anticipation, lui facilitant, ainsi, une meilleure gestion de crises qui pourraient éclater et lui faisant éviter les surprises induites par les aléas de la politique .

Mais à y regarder de près, on s’aperçoit qu’à l’origine, les soucis du parti islamiste tunisien ne sont pas de cet ordre , car ils relèvent de son alignement pur et simple sur son homologue égyptien qui est en pleine déconfiture et en total isolement, risquant de perdre le pouvoir ,suite à la déferlante de la contestation populaire qui a atteint son paroxysme, dimanche 30 juin .En Tunisie, les choses se présentent de manière similaire bien que l’acuité de la contestation populaire et des confrontations avec les partis de l’opposition et les organisations représentatives soient à un degré moindre, pouvant loger à la même enseigne Ennahdha et son alter ego égyptien.

Une certaine fébrilité est déjà perceptible dans les rangs d’Ennahdha, du fait des développements en Egypte, à tel point que l’étude du nouvel organigramme du parti a été reporté à plus tard par le même conseil de la Choura qui s’est tenu dimanche 30 juin .

Historiquement, le peuple tunisien et, depuis 1956, l’Etat de l’Indépendance, ont été politiquement solidaires de toutes les causes justes des pays arabes et islamiques, mais, à aucun moment, la sécurité nationale n’a été déterminée par les développements extérieurs, régionaux ou lointains .

Mais, depuis l’accession d’Ennahdha au pouvoir, les observateurs disent qu’ils ne savent plus où commence et où finit cette notion de sécurité nationale. Au moins un Tunisien est soupçonné d’implication dans l’assassinat de l’ambassadeur américain, à Benghazi, le 11 septembre 2012 ,et après avoir été extradé de Turquie , le présumé coupable a été relâché, le 7 janvier 2013, par le parquet tunisien , contre l’avis des américains . Des milliers de Tunisiens font leur djihad en Syrie, et ils ont été recrutés au vu et au su de tout le monde, contre rémunération élevée avant le départ, et dédommagement conséquent en cas de décès ou incarcération. Les armes saisies représentent, selon les connaisseurs, la partie apparente de l’iceberg. La découverte des camps d’entraînement où les djihadistes ont recours à l’expertise étrangère, frappe du sceau international cette entreprise . La Tunisie d’Ennahdha a épousé la cause des djihadistes du Nord Mali , et stigmatisé la France après son intervention pour déloger AQMI de la région . Et comble de cette politique irrationnelle, Rached Ghannouchi a annoncé , en Algérie même , son appui à la candidature d’un chef de parti islamiste pour postuler en 2014, à la magistrature suprême ,en remplacement de Abdelaziz Bouteflika, souffrant .

La même politique a amené à appuyer le groupe islamiste Hamas ,et son chef Ismail Hania aux dépens de l’Autorité palestinienne reconnue par tous les Etats du monde ,et vis-à-vis de toutes les parties liées au dossier palestinien , mettant ainsi en sourdine les normes d’une diplomatie d’Etat au profit d’une diplomatie partisane ,sous la houlette de l’organisation internationale des Frères musulmans à laquelle appartiennent les deux partis ,Ennahdha et Hamas.

Ces choix ont conduit à l’échec de toutes ses menées et ont été derrière l’isolement de la Tunisie sur la scène internationale, après le préjugé favorable accordé à cette révolution qui a forcé le respect de tout le monde, au lendemain du 14 janvier 2011.

Maintenant que les éléments de l’évolution au Nord Mali ,en Libye ,en Egypte , en Syrie et en Tunisie vont dans le même sens , conduisant à l’affaiblissement des formations de l’islam politique et imposant par là un abaissement du niveau de coordination entre islamistes , et une incapacité à venir en aide aux formations qui vivent sous la menace de perdre le pouvoir ou d’être marginalisées dans la vie publique , il est impératif de se poser la question cruciale : comment ces partis vont-ils se comporter dans les semaines à venir?

Ils vont user de la propagande déjà connue chez l’islamisme orthodoxe et le panarabisme classique et qui trouve un écho vibrant dans ce qui est convenu d’appeler la rue arabe : ils diront tout haut qu’ils sont en train de faire face à une conspiration internationale dans laquelle sont impliqués le sionisme international , la francophonie et les résidus des anciens régimes dépravés et corrompus de leurs pays respectifs . Ils vont prendre le peuple à témoin. N’est-on pas en train de vivre la dernière phase de la période transitoire qui devrait aboutir à l’instauration des nouvelles institutions qui ne peuvent que conforter la légitimité des formations politiques qui ont émergé de la dynamique révolutionnaire ? La révolution syrienne, et l’islamisme au Nord Mali n’étaient-ils pas sur le point de changer la donne politique et géostratégique dans les deux régions?

Mais au-delà de cette littérature déjà connue, rien ne sera réellement fait pour éviter le désastre ou redresser les torts. De toutes les façons, on est loin des diatribes de Lotfi Zitoun qui rassurait les militants de son parti dans la région de Ben Arous que la révolution égyptienne volera au secours de la révolution Tunisienne, en cas de danger. L’explication qu’il donnait à son appel lancé, l’été dernier, au lendemain du 9ème congrès de son parti, était que le leadership du printemps arabe est passé aux mains des Egyptiens. Il parlait d’une dynamique révolutionnaire islamiste, mais ces propos placés dans le contexte actuel, évoquent plutôt un compte à rebours qui a démarré, cette fois, d’Egypte, pour se propager dans la région.

Aboussaoud Hmidi

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