AccueilLa UNELes dés sont jetés. «مــوتـوا بغـيـظـكم»

Les dés sont jetés. «مــوتـوا بغـيـظـكم»

Mettre en doute les résultats du référendum ne serait pas démocratique. Mais 94,6 % restent un chiffre brejnévien de triste mémoire en Tunisie, avec sa couleur violette hégémonique. Un chiffre pourtant compréhensible. D’abord au vu de la mauvaise percertion des véritables objectifs, politiques et politiciens du référendum de Kais Saïed. Ensuite, à cause de la croyance diffuse qu’il résoudra tous les problèmes, y compris l’inflation et le chômage. Et enfin, à cause de l’impact de la décennie islamiste sur la mémoire électorale collective d’une population politiquement éreintée, et fatiguée par 10 ans de règne néfaste d’Ennahdha. Le peuple des votants a juste cru que l’islamisme politique est fini. Mais ce n’est pas grave, les participants au référendum n’avaient besoin que de le croire. Journaliste et poète français, Jean Schuster disait que « L’avenir meurt avant le passé ».

  • Le vert dans toute sa « tendance ». Tout comme le violet …

Ce qui est certain, c’est que la question de la sincérité et de la véracité des résultats du référendum est une affaire close et qui ne peut souffrir aucun doute, puisque le référendum de Kais Saïed est sous le contrôle d’une mission du Parlement Arabe, une région du monde où la démocratie est incontestablement de rigueur ! Et comme le dit la nouvelle Constitution de la République de Kais Saïed, cette dernière deviendra effective, dès la proclamation des résultats (L’ISIE n’est pas d’accord et devra attendre les recours), qui ne laisseront d’ailleurs aucun doute sur sa bonne organisation selon les déclarations du parlementaire algérien président de la mission de contrôle arabe. Les Américains, qui connaissent bien la probité des Arabes, s’en inquiètent. Mais « de quoi j’me mêle » dira le « Fan Club » de Saïed. Et il n’y avait qu’à voir les habits verts « de circonstance » dans certains médias dans une grand-messe de 2 jours orchestrée par les médias publics, pour comprendre que tous étaient d’accord, quitte à bizuter toute autre note discordante !  

  • Les dés sont jetés et les Arabes jurent qu’ils n’ont pas été pipés !

L’autre chose, non moins certaine, c’est qu’il aura suffi d’un taux de participation de 30,5 % (Il était de 27,54 % à 22 heures, pourrait-on remarquer, juste pour chercher des poux à l’ISIE) pour décider de l’avenir d’un peuple de presque 12 millions et de presque 9,3 millions d’inscrits. Il est vrai que, comme le dit le dicton local, « إلي حضر إززّي ». Traduisez, « les présents suffiront », et les abstentionnistes n’auront que leurs yeux pour pleurer et ne pourront même faire opposition aux résultats. Le porte-parole du TA l’affirme (ar) l’assure en déni du principe de droit de la tierce opposition ? Juste un petit rappel au passage, pour ceux qui font le parallèle avec le referendum anglais du Brexit. Le camp du « Leave » l’avait remporté avec 51,9 % et un taux de participation de 72,5 % !

Il va de soi aussi que le fait que le premier magistrat  du pays ait été le premier à violer l’obligation du silence électoral n’est que « peanuts », puisqu’il n’a pas été le seul à le faire. Et puis, on n’est pas chef de tout l’Etat pour rien, et qu’il est le seul à ne pas être tenu pour responsable de tout ce qu’il fait dans cadre de ses fonctions, selon sa propre Constitution. C’est sûr que mobiliser des camions pour transporter les ruraux aux bureaux de vote, comme on l’a vu dans certaines vidéos sur les réseaux sociaux, n’est qu’une vieille habitude devenue chose normale dans le cadre de l’entraide entre voisins, que fermer un œil lorsqu’une vieille femme se fait accompagner à l’isoloir n’a pas de quoi gâcher la fête ou de se soucier de la réussite de tout un référendum.

  • … Et ce n’est pas encore fini

De toutes les façons, les dés sont jetés et les 12 millions de Tunisiens devront boire le calice jusqu’à la lie. Le résultat du référendum devrait ainsi mettre fin à « la trêve des confiseurs », et signer les premières mesures en application des réformes demandées par les bailleurs de fonds. La 1ère devrait être le rattrapage des augmentations des prix des carburants, reportées pour ne pas gâcher la fête du référendum. Devront ensuite suivre, dans un silence religieux. La constitution ne dit-elle pas que c’est désormais l’Etat qui déterminera les finalités de la Charia, Oups …, de l’Islam, qui est par ailleurs la religion du pays que dirigera Saïed, probablement pour encore 10 années. Saïed qui déclarait le 25 juillet que « le terme société civile n’a aucun sens ». 

A Washington (qui ne trouvera rien à dire lorsque le FMI donnera l’argent pour soutenir la volonté de tout un peuple), comme à Bruxelles (siège du Conseil européen), on prend juste acte, sans relief, de ce qui s’est passé à Tunis, et on s’inquiète des prochaines législatives de décembre prochain. Comme eux, les Tunisiens devront attendre plusieurs mois le prochain décret-loi du Seigneur des lieux, concernant le nouveau code électoral. Un texte qui déterminera tout, et posera réellement la première pierre à la pyramide inversée du pouvoir de Kais Saïed, désormais président de tout et de tous, qui pourrait presque parodier Sihem Bady qui disait « مـوتـــوا بغـيـظكم ». Traduisez « Mourrez de votre rage ». (cf : Sourate Al-Imran ). 

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