AccueilLa UNELes entreprises publiques renaîtraient-elles de leurs cendres ?

Les entreprises publiques renaîtraient-elles de leurs cendres ?

Outre la majoration des salaires des fonctionnaires et agents publics, l’accord conclu entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail, mercredi dernier 14 septembre, a porté , également, sur la sauvegarde des entreprises publiques.

Selon le porte-parole du gouvernement,  les entreprises publiques ne seraient pas vendues, ou cédées si l’on préfère, mais elles seront restructurées. D’aucuns n’y verraient aucune différence de nature en se référant au sens conventionnel de « la restructuration ».

Héritage fabuleux des pionniers qui les avaient constituées à partir de rien, pour ainsi dire, les entreprises publiques tunisiennes ne méritaient pas, ne serait-ce que pour cette raison, le sort lamentable auquel elles sont réduites, à présent.

Les citoyens ont suivi, dernièrement, avec tristesse et indignation le reportage diffusé par la télévision tunisienne sur l’usine publique de papier de Kasserine, en arrêt de production depuis deux ans, dans la perspective d’être délocalisée ailleurs, et l’état d’abandon et de délabrement dans lequel elle se trouvait. Mais, en dernière analyse, il a été décidé de la maintenir sur place, de la moderniser et de relancer sa production.

L’usine publique de sucre de Béja a aussi fermé ses portes depuis février dernier parce qu’elle n’avait pas pu s’acquitter de ses factures envers la Société nationale de distribution de pétrole (SNDP), alors qu’elles sont toutes deux des entreprises publiques et tout le monde sait les conséquences désastreuses de cet arrêt de raffinage de sucre. Le litige aurait été réglé tandis que d’importantes quantités de sucre brut seront mises à la disposition de la raffinerie de sucre de Béja pour reprendre son activité.

Un des fleurons de l’économie tunisienne, la Compagnie de phosphates de Gafsa, une grande entreprise longtemps prospère d’envergure nationale et internationale, a été complètement détruite après la révolution de janvier 2011 et poussée à la faillite. Elle a bénéficié d’appui nécessaire et commence de reprendre son souffle.

D’autres entreprises publiques qualifiées de fleurons aussi, comme Tunisair, et autres, font face à de graves difficultés de trésorerie.

L’encours de crédits des entreprises publiques tunisiennes atteindrait 17% du PIB, selon des rapports indépendants.

C’est dire autant l’énormité de la tâche que la tendance à recourir au chemin le plus court et le plus facile pour se soulager de cet héritage, la cession ou la privatisation. En 2020, l’Etat aurait injecté 10 milliards de dinars dans les entreprises et établissements publics, soit près de 9% du PIB.

Désengagement

En effet, la restructuration des entreprises publiques a commencé en 1987 avec le fameux Programme d’Ajustement Structurel (PAS) axé sur le principe du désengagement de l’Etat des activités économiques en laissant au secteur privé le soin d’animer la vie économique et financière du pays.

En 1989, une commission d’assainissement et de restructuration des entreprises publiques en difficultés avait été créée.

Or, un rapport récent et très approfondi de l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives sur « la privatisation et le développement du secteur privé en Tunisie » souligne que « la restructuration consiste à privatiser toute ou une partie de l’activité de l’entreprise. »

D’après le même rapport,  depuis le commencement du programme de privation en 1987, le gouvernement tunisien a cédé 219 entreprises publiques ou semi publiques générant 6 milliards dinars tunisiens dont environ 90% sous forme d’investissements directs étrangers.

Comprise et concrétisée dans le sens du désengagement de l’Etat en faveur du développement de la place et du rôle économique et financier du secteur privé, la restructuration des entreprises publiques tunisiennes a, en effet, buté à la taille modeste du secteur  privé tunisien majoritairement composé de petites et moyennes entreprises de type familial et dont la dépendance à l’Etat est financière, eu égard au système bancaire majoritairement public. Ceci expliquerait les appels des Instances internationales financières à le privatiser. Serait- ce un conseil soufflé de l’intérieur ou une directive de principe ?

Ancienne et très diversifiée, l’expérience tunisienne en matière de restructuration des entreprises publiques devrait, donc, aider les autorités et les partenaires sociaux à trouver, pour cette nouvelle étape, des terrains d’entente, d’autant que la partenariat public privé en Tunisie (PPP) est devenu un principe de base des politiques publiques.

S.B.H

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