La rupture totale de communication entre les deux têtes de l’Exécutif et la crise politique qui se poursuit depuis six semaines ont sensiblement affecté le gouvernement et l’Etat en général, estiment des acteurs de la scène nationale.
Pour une sortie de crise, ils suggèrent, d’ailleurs, la démission du chef du gouvernement Hichem Mechichi. Une proposition qui n’a pas eu d’écho favorable auprès de certains autres qui craignent une aggravation de la crise en cette conjoncture délicate.
Pour rappel, le président de la République Kais Saied a refusé de recevoir le serment des ministres désignés dans le cadre d’un remaniement ministériel.
Saied avait déclaré devant le Conseil de sécurité nationale, réuni le 25 janvier dernier, que certains noms proposés sont suspectés de corruption et de conflit d’intérêts.
Les nouveaux membres ont obtenu la confiance du parlement au cours d’une plénière datant du 26 janvier 2021.
L’agence TAP est allée mardi interroger des politiques sur la crise et les scénarios envisageables pour l’avenir.
Le député Hichem Ajbouni (Courant démocratique) estime qu’une profonde crise de confiance s’est creusée entre le président de la République et le chef du gouvernement. Il est clair, selon lui, qu’aucun échange n’est désormais possible entre les deux parties.
Ajbouni a rappelé que le président Saied avait, depuis fin aout 2020 averti contre l’idée d’un remaniement après l’installation du gouvernement. Entre temps, a-t-il poursuivi, le président de Qalb Tounès Nabil Karoui déclare ouvertement qu’un accord a été trouvé pour opérer un remaniement touchant 7 portefeuilles ministériels.
Les déclarations de Nabil Karoui sont venues dévoiler « un marché » passé entre « Qalb Tounès » et Ennahdha, deux partis alliés du gouvernement. Un fait qui n’a pas été démenti par Mechichi, a-t-il indiqué.
A noter que le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du travail (UGTT) Noureddine Tabboubi avait affirmé la semaine dernière que la présidence de la République n’a pas accueilli favorablement l’initiative de la centrale syndicale relative au dialogue et posé la condition de la démission de Hichem Mechichi.Ce dernier a affirmé samedi, dans une déclaration aux médias qu’il ne compte pas démissionner et abandonner ses responsabilités. Il a jugé insensé le fait de poser son départ du gouvernement comme condition pour lancer le dialogue national sollicité par plus d’une partie.
De son côté, le député du mouvement Echaab, Salem Labiedh, a appelé au départ du gouvernement, estimant qu’il a échoué à bien gérer les dossiers sociaux et économiques.
Si le gouvernement actuel avait le sens de l’honneur, il aurait démissionné pour plusieurs raisons, a-t-il déclaré. Pour ne citer que le dernier scandale des eaux polluées du barrage de Sidi Salem qui approvisionne le grand Tunis et certaines régions du Sahel en eau potable.
Pour Salem Labiedh, les partis politiques qui soutiennent le gouvernement sont les responsables directs de la crise politique entre les deux têtes de l’Exécutif.
D’après lui, le chef du gouvernement continue de s’attacher à son poste en exécution des instructions des partis le soutenant.
Pour le député d’Ennahdha, Noureddine Bhiri, le gouvernement doit poursuivre son action pour la stabilité du pays, surtout en cette conjoncture sanitaire délicate.
Ceux qui appellent à la démission du gouvernement ne veulent pas du bien au pays. Ils appellent réellement au chaos et à l’instabilité, a-t-il dit.
Quant au député Hsouna Nasfi (Machrou Tounes), il a souligné que la démission du gouvernement n’est pas la solution à la crise que vit le pays.
Et d’expliquer que le problème ne concerne pas des personnes en particulier, mais réside dans le système de gouvernance qui empêche quiconque de gouverner seul, ce qui fait durer la crise.
Il a estimé que le président de la République est lui aussi responsable, en partie, de la crise.
Nasfi a appelé toutes les parties à faire des concessions pour l’intérêt du pays qui passe par une situation économique difficile.
la seule solution possible est la convocation par le président d’une commission d’experts et des représentés des organisations nationales apolitiques pour préparer un projet de modification de certains articles de la constitution et de la loi électorale et de consulter le peuple dans un délai maximum de trois mois et après le président dissout le parlement actuel et des élections législatives anticipées seront organisées deux mois plus tard et si les électeurs reconduisent les mêmes partis politiques dans la même proportion alors les citoyens doivent assumer leurs choix et acceptent leur situation sans faire des grèves ou de blocage ou des manifestations ou des revendications ou autres mouvements