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L’Etat des intérimaires et des élections de « Dupond & Dupont » et d’anciens ministres

La Tunisie vit une drôle de situation politique. Elle n’a pas, depuis le 25 juillet 2019, de président de la République. Il y a un intérimaire en la personne de Mohamed Ennaceur qui n’est, jusqu’à présent, candidat à aucun poste. Elle n’a pas, depuis le 22 août 2019, de chef de gouvernement. Il y a un intérimaire en la personne du ministre de la Fonction publique, qui est aussi le second du président du parti de l’ancien chef de gouvernement qui lui a délégué ses pouvoirs. La Tunisie n’a pas, non plus et depuis juillet dernier, de président du parlement. Il y a un intérimaire en la personne d’Abdelfattah Mourou, par ailleurs, candidat aussi aux mêmes présidentielles que Youssef Chahed, et vice-président de Rached Ghannouchi, candidat au poste de président de l’ARP dont il espère hériter de Mourou.

En attendant, c’est tout une administration à l’arrêt. C’est ainsi, selon des sources du milieu des hommes d’affaires, que pas moins de 200 MDT en projets d’appels d’offres pour des projets publics, qui sont gelés chez l’instance de contrôle des marchés publics, dans l’attente du prochain gouvernement.

Côté candidatures aux prochaines élections, c’est l’ère des «Dupond & Dupont », des couples, politiques ou dans la vie, ainsi que celles des anciens ministres, recalés pendant les présidentielles de 2014, ou qui se cherchent une notoriété en s’essayant aux présidentielles.

Mohamed Abbou est candidat à Carthage et sa femme candidate au Bardo. Même chose pour les Karoui avec Nabil pour Carthage et Ghazi pour les législatives. Nabil pourrait devenir le candidat en prison, tout comme Slim Riahi qui est candidat recherché par la justice. Chez Ennahdha, c’est le tandem Mourou pour Carthage et Ghannouchi pour l’ARP. Le premier est président d’Ennahdha et le second est son vice-président.

Sinon, c’est une liste de candidats, la plus sérieuse d’entre elles du moins, qui ferait presqu’un gouvernement. Il y a d’abord, le tout premier chef d’Etat Moncef Marzouki qui n’avait remporté que 33,43 % au 1er tour des présidentielles de 2014, avant de perdre au second devant BCE. Ce sont, ensuite, trois anciens chefs de gouvernement, Youssef Chahed, Mehdi Jomaa et Hammadi Jbali.

Il y a encore les anciens ministres de la Fonction publique, Mohamed Abbou et Abid Briki, l’ancien ministre des Finances de la Troïka Elyes Fakhfakh, l’ancien ministre de la Défense Zbidi, l’ancien ministre de la Justice Omar Mansour, l’ancien ministre du Tourisme Salma Rekik, l’ancien ministre de la Santé Said Aïdi, et l’ancien ministre de l’Education Néji Jalloul.

Sinon, il y a les récidivistes recalés qui étaient des «zéro-virgule » en 2014. D’abord Safi Saïd qui n’avait remporté que 26.073 voix (0,80 % comme 20 autres et furent nommés les Zéro-Virgule), ensuite Hamma Hammami qui n’avait été crédité que de 7,82 %, Slim Riahi avec 5,55 % en 2014 aussi, Hechmi El Hamdi qui n’avait été crédité en 2014 que de 5,75 % des suffrages. Il y a enfin, Mongi Rahoui, un député de gauche, qui a toujours travaillé dans le secteur bancaire généralement vilipendé par cette même gauche. Rahoui était, dans le «Front Populaire» qui se disloquera par la suite, président de la commission financière de l’ARP. Il voudrait désormais s’essayer à la présidence de tout le pays.

  • Qu’est-ce qui fait courir 26 personnes ?

En attendant la liste finale, après la short-list des 26 qui ferait déjà l’objet de plaintes sur la qualité des parrainages, le marathon de Carthage pour les présidentielles anticipées est lancé. La course devrait, à moins d’une grosse surprise, se dérouler en deux temps (1er et 2ème tour) et certainement pas en «deux temps trois mouvements», même si l’ARP essaie de raccourcir les délais de recours. La liste des candidats a même connu une inflation inédite, passant de 27 en 2014, à 98 cinq années plus tard. Les sirènes de Carthage, jadis antre de tous les pouvoirs, attirent toujours du monde.

Tout le monde en Tunisie sait très bien que le pouvoir n’est pas à Carthage. Le pouvoir avait quitté la cité romaine, depuis le général Ben Ali. Son pouvoir était si étendu que le Premier ministre n’était, constitutionnellement et officiellement, appelé que «coordinateur de l’action gouvernementale».

Ben Ali décidait de tout, même du nombre de voitures par concessionnaire et des bénéficiaires de l’autorisation de vendre du vin. Il décidait de l’information publiable et de celle que les journalistes devaient oublier. Aucun ministre ou responsable, ne pouvait donner une information, si insignifiante soit-elle, avant que le chef de l’Etat n’en soit d’abord informé. Ben Ali était chef d’Etat, chef de gouvernement, chef de l’administration, chef des armées, chef des forces de l’ordre, chef des affaires et de tout ce qu’il y avait à faire.

Depuis, aucun des trois chefs d’Etat qui lui ont succédé, n’a accédé à tant de pouvoirs et Carthage a perdu de son brio, tant et si bien qu’on pouvait bien, sans risque aucun de ne plus se faire inviter, refuser une invitation signée par le chef de l’Etat, pour venir au Palais, où même les extrémistes religieux étaient reçus en grande pompe.

A Carthage, le président de la République n’a que trois «petits pouvoirs » qui n’ont jamais permis au candidat d’être la tête de l’Exécutif. Carthage n’est qu’une sorte de «minorité de blocage» dans le capital de la «société Tunisie». Il ne gouverne pas, il gère. Il ne décide pas, il fait des propositions. Il ne touche pas aux choses de la vie des citoyens, il assure leur sécurité en étant commandant des forces armées, un corps qui tournerait presque sans commandant en chef, tant sont nombreux ses généraux.

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