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N’avaient-ils plus rien à dire à la population ? Même pas les vœux de l’Aïd ?

«I want to send my very best wishes to Muslims at home and around the world celebrating the festival of Eid al-Fitr. For more than three million British Muslims, the joyous occasion of Eid, spent with family and loved ones, marks the end of the holy month of Ramadan».

C’est ce qu’avait pris la peine de dire le Premier ministre britannique Theresa May le 4 juin 2019 dans une brève allocution télévisée, pourtant aux larmes lorsqu’elle annonçait sa démission. Un haut responsable qui se savait partant, mais qui tenait à bien faire son job de dirigeant jusqu’à la fin. Une journée auparavant, le premier ministre canadien Justin Trudeau faisait de même.

En Tunisie, «silence on tourne en rond», dans la CAF pour Chahed et dans l’ONU pour Essebssi, alors qu’ils forment les deux têtes de l’Exécutif en Tunisie, un pays dont la religion officielle est l’islam. Le chef du gouvernement s’était limité à une simple image de Bon Aïd, insérée sur la page officielle des réseaux sociaux. Pour le chef de l’Etat, même pas cette image pour souhaiter Bon Aïd à ses concitoyens.

L’un et l’autre ont manifestement oublié les politesses d’une allocution télévisée à l’adresse d’une population dont le premier (BCE) se targue toujours d’en être l’unique élu au suffrage universel, et le second (Y. Chahed) se prépare à en briguer soit la présidence soit les législatives.

Les deux semblent ne plus rien avoir à dire au petit peuple qui célébrait pourtant l’une des rares joies des mandats de tout l’Exécutif (chef d’Etat et chef du gouvernement), la rupture du jeûne, dans une conjoncture, le moins qu’on puisse dire morose, économiquement et politiquement.

Les deux ne s’étaient pourtant pas privés, à maintes reprises, à l’occasion ou sans occasion précise, de monter au pupitre pour dire parfois des choses d’aucune importance, sauf pour eux-mêmes, leurs querelles et leurs partisans.

  • Le silence des coupables

Ils auraient pourtant pu profiter des vœux de l’Aïd pour dire à leurs concitoyens de se remettre au travail après un mois de jeûne où ils s’étaient empiffrés à outrance (950 millions d’œufs, autant de feuilles de brik, 30 millions de litres de lait, 11 000 tonnes de volailles et 5 000 tonnes de pommes de terre) jusqu’à épuiser toutes les réserves faites un mois auparavant.

Ils auraient pu leur décrire l’état de leur économie alors qu’ils (les concitoyens) se préparent à des mois de séance unique et des milliers de dinars de dépenses pour leurs vacances, en oubliant que la rentrée scolaire viendra racler le fond de leurs poches et tiroirs, que l’hiver 2020 sera plus rude que celui qui le précède et que la consommation ne fera jamais la croissance créatrice d’emplois.

Ils auraient pu aussi leur dire d’arrêter de faire grève, de manifester ou de faire sit-In pour tout et n’importe quoi, que leur ministre des Finances ne pourra pas boucler le budget 2019, sans autres crédits, et qu’ils auront, eux ou leurs enfants, à payer ces dettes qu’ils n’auront fait que consommer comme ferait la cigale, en oubliant de faire la fourmi.

BCE et Chahed n’en avaient cure. L’un, chef de gouvernement, s’était empêtré dans une bagarre footballistique, transformée par le chauvinisme des réseaux sociaux tunisiens en polémique de politique étrangères, oubliant de préserver les bonnes relations avec le Maroc, l’un des plus importants partenaires commerciaux de la Tunisie dans la région (un excédent commercial de plus de 150 MDT à fin mars 2019). Il avait aussi oublié que c’était sa présence au stade de Radès qui avait fini par politiser un différend purement sportif et que le bon flair politique aurait été de s’éclipser en attendant le retour au calme dans sa loge et dans le stade.

L’autre, le chef de l’Etat, a préféré réserver son speech à un évènement des plus banals qu’il croyait extraordinaire. La Tunisie vient d’être élue membre non-permanent du Conseil de sécurité et BCE l’a présenté comme une des plus belles réussites de son (les affaires étrangères relevant de ses prérogatives) mandat. Rappelons, pour ceux qui ne s’en souviennent pas comme lui, que ledit Conseil de sécurité est composé de 15 membres, dont les cinq permanents qui disposent du droit de véto, et 10 autres qui se renouvellent chaque deux ans de moitié. Comme la Tunisie, le Niger a été élu à 191 voix et le Vietnam à 192.

Les deux étaient des candidats régionaux investis par le reste des membres du conseil qui connaissent la règle de jeu. Et d’ailleurs, la Tunisie a déjà été élue membre du conseil de sécurité, en 1959, 1980, 2000 et le sera en 2020.

Mettre en exergue et encenser une banalité organisationnelle, serait-il plus important que souhaiter Bon Aïd Fitr à son peuple et en profiter pour lui passer les messages qu’il faut, en cette phase critique de sa crise économique qui dure et de sa transition politique qui s’enlise dans la mauvaise politique que conduit le chef de l’Etat lui-même ? Les deux auront ainsi oublié leur devoir de dirigeants, pour sacrifier aux espoirs de leurs partisans.

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