AccueilLa UNESaïed et Mechichi dans l’embarras, bien malgré eux !

Saïed et Mechichi dans l’embarras, bien malgré eux !

Deux faits majeurs ont marqué la semaine dernière en Tunisie. L’un et l’autre devraient appeler des réactions qui tardent toujours. Le premier, quoiqu’international, pèsera certainement sur la scène politique nationale. Il s’agit de l’accord de paix, annoncé par le président américain Donald Trump, entre les Emirats Arabes Unis (EAU) et Israël. 

Quel  lien avec l’accord de paix EAU-Israël ?

La Tunisie dispose d’un chef d’Etat, qui devrait en principe prendre position officielle sur la question. Et en principe aussi, il devrait condamner cet accord, et faire encore une fois faux bond à son partenaire américain, après s’être abstenu une première fois de voter la dernière résolution américaine au Conseil de sécurité dont la Tunisie est membre non permanent. Une Tunisie, dont le président s’était, dès sa campagne électorale, affiché ouvertement contre la normalisation avec l’Etat d’Israël, acte qu’il assimilait alors à la haute trahison. Or, jusqu’à présent, le silence est de rigueur à Carthage sur le traité de paix entre Israël et les EAU.

D’autre part, la scène politique partisane en Tunisie est franchement divisée entre les EAU, considérés comme supporter financier et politique des partis anti-Ennahdha, et la Qatar généralement considéré comme support financier et politique d’Ennahdha. Les pro-Ennahdha auraient même, un certain moment, poussé le bouchon jusqu’à envoyer en septembre 2015 une citation à comparaître au gouverneur de Dubaï, disait-on alors. L’information avait été  officiellement démentie, mais elle  n’en avait pas moins détérioré les relations entre les deux pays.

En face, l’opposition populaire tunisienne à Qatar a toujours été en lien direct avec un appui supposé du Qatar pour Rached Ghannouchi et son parti islamiste Ennahdha. Le Qatar, dont l’Emir a renouvelé son invitation au président tunisien Kais Saied à se rendre en visite à Doha, et ce au cours d’un entretien téléphonique vendredi dernier entre les deux chefs d’Etat.

« Coïncidence », l’annonce a été faite au lendemain de l’officialisation de l’accord de paix. Une journée après, le samedi dernier, Ennahdha et son autre « président », dénonçaient l’accord de paix, et appelaient le chef de l’Etat à prendre aussi position. Deux des trois présidences de l’Etat tunisien, sont ainsi déjà sur des positions presque controversées.
Que fera donc le chef de l’Etat ? Condamnera-il l’accord ? Irait-il jusqu’à rompre les relations avec cet important investisseur arabe et qui dispose d’une banque mixte en Tunisie (la BTE) ?

De mauvais chiffres pour Mechichi

Le second évènement majeur, vécu la semaine dernière par la Tunisie, a été l’annonce par l’INS, d’une contraction de l’économie, inédite dans toute son histoire contemporaine, de 11,9 % à la fin du 1er semestre 2020 et de 21,6 % à la fin du second trimestre de la même année. Une contraction, qui va rendre encore plus difficile la mission de Hichem Mechichi une fois son gouvernement constitué, au moins sur le plan du chômage qui est désormais de 18 % et de l’investissement par la chute brutale et profonde de la croissance. Croissance nécessaire pour alimenter l’investissement, notamment dans les régions où il est  en perte.

Cette série de mauvais chiffres, qui assombrissent un peu plus les horizons pour le prochain gouvernement, interviennent juste quelques jours après ceux de la note de conjoncture de la BCT avec ses graphiques apocalyptiques pour l’économie tunisienne.
La prochaine visite de l’Emir du Qatar, en cette conjoncture locale et arabe pour la Tunisie, n’est pas non plus sans incidence sur le prochain gouvernement. Les deux principaux projets que pourrait financer le Qatar, et qui sont la plateforme de distribution des produits agricoles à Sidi Bouzid et la cité des services hospitaliers de Kairouan, pourraient en effet sauver l’investissement tunisien dans une économie qui n’a plus les ressources pour le faire et créer de l’emploi dans un pays où le chômage plafonne pour l’instant à 18 %.

L’argent étant le nerf de la guerre, ces investissements qataris pourraient aussi créer un autre problème de politique régionale. Ce n’est pas un secret,  en effet, que le pays des Al Thani est  partie prenante politique dans le conflit libyen avec la Turquie, et soutiennent le GNA de Sarraj, le gouvernement anti-Haftar, un dirigeant libyen anti-terrorisme religieux et que les Français soutiennent « discrètement » disait la chaîne TV5 Monde, qui rappelle cette déclaration du MAE français J.Y Le Drian au Figaro, disant que « Haftar a lutté contre le terrorisme à Benghazi et dans le sud de la Libye, et cela était dans notre intérêt, celui des pays du Sahel, celui des voisins de la Libye. Je soutiens tout ce qui sert la sécurité des Français et des pays amis de la France », où le chef de l’Etat tunisien était en voyage il y a quelques semaines avant l’annonce de l’accord de paix avec les EAU.

Or, Turquie et Qatar sont aussi de fervents soutiens à Ennahdha, un parti politique dont le président Rached Ghannouchi n’est pas en odeur de sainteté avec le chef de l’Etat tunisien Kais Saïed. Un parti aussi que le chef du prochain gouvernement en constitution, Hichem Mechichi, tente toujours d’exclure de son gouvernement.

La prochaine visite de Saied au Qatar et les projets de l’Emir de cet Etat pour la Tunisie, dont le « cadeau » de 24 MDT fait au Club Africain, changeront-ils quelque chose à tout cet imbroglio politico-économique, local et international ?  On en saura certainement un peu plus, lors de l’annonce, à la fin de la semaine prochaine, du gouvernement Mechichi !

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4 Commentaires

  1. il faut que la Tunisie se met à l’écart des ces deux pays le Qatar et la l’E.A.U. et ne soutient ni l’un ni l’autre, celui qui veut aider la Tunisie sans condition, il sera le bienvenue sinon pas de prosternation.

  2. Un complot est entrain d’être ficelé contre Saaïed. Il a intérêt à refuser la visite au Qatar et en Turquie. On pourrait saboter son avion.

  3. La Tunisie n’est pas un pays à vendre ni au Qatar qui a participé activement à travers sa chaîne TV El Jazira à la démolition du régime et au soutien des frères musulmans, ni aux EAU, ni à la Turquie ni à d’autres prétendants, la Tunisie est un pays souverain. Pour l’annonce de l’accord de paix avec les EAU, la Tunisie prendra une décision commune avec la ligue des pays arabes. Si les Palestiniens ont accepté les propositions de l’ancien Président Bourguiba, allah Yarhamou, sur le partage équitable et adapter la politique par étape, la Palestine ne tomberait pas dans cette situation qui a duré. Chacun prendra sa responsabilité et la Tunisie mettra en jeu ses intérêts avant tout.

  4. Tentative de corruption à un très haut niveau. Comment notre politique doit- elle être protégée des manœuvres d’hégémonies internationales ? Peut-on séparer le politique de l’économique et du financier ? A quel prix ? Les personnes qui sabotent les productions nationales ne sont- elles pas des marionnettes de ces pays en conflits entre elles ? Comment ceux qui encouragent les CDI sans équivalent en rendement peuvent-ils comprendre qu’ils nuisent à tous les Tunisiens ? Combien de temps nous faut-il pour redresser le mental collectif afin que les citoyens comprennent que notre seul issu est le travail sérieux de bonne qualité et haute valeur ajoutée ? Combien de temps faut-il aux bébés politiciens des dernières minutes pour qu’ils comprennent que leurs querelles pour les éphémères chaises ont déstabilisé le pays et nous ont mis dans un gouffre ? Je ne peux dire que les Tunisiens ont été trahis depuis décembre ou novembre 2010 et que ce nous sommes en train de subir n’est qu’une suite à briser avec intelligence et prudence. Les coureurs vers les éphémères chaises ne sont qu’apprentis marionnettes d’habiles marionnettistes qui planifient à long terme. Ils seront éjectés dès qu’ils ne seront plus utiles pour les maitres marionnettistes, il suffit de voir la fin de nombreux gouvernants arabes depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Avec qui s’aligner, avec les corrompus vendeurs de leurs pays ou avec le naïfs comme moi qui croient sincèrement aux forces du bien et de l’honnêteté ? Je ne suis ni ange, ni diable, je cherche à les comprendre pour prédire leurs retombées et les conséquences de leurs guerres. Nous ne sommes que des humains, descendus sur terre avec le diable comme provocateur et de qui nous devons prendre précaution.

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