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« Sale soirée » chez Tunisair où le service se dégrade à vue d’œil

Habituée à prendre la RAM (Royal Air Maroc), cette famille tunisienne installée à Casablanca au Maroc, avait décidé de s’essayer à « consommer tunisien » et voyager sur Tunisair. Mal lui en a pris. Son vol d’arrivée s’était illustré par une piteuse pitance, faite seulement de trois sortes de carottes, en guise de déjeuner. Son vol de retour comportait, dans un premier temps (billets à l’appui et messagerie aussi, nous assure cette famille qui compterait porter plainte), un départ à 15 heures 30. Il est une première fois renvoyé pour un départ à 18 heures 30, signifié par mail.

Venant de l’intérieur du pays, ce n’est qu’une fois à Tunis, que la famille apprend par ses propres sources que son vol est une seconde fois renvoyé à 22 heures 20 minutes. Elle devra passer ces heures creuses dans un café avec des enfants, somnolents et épuisés. Arrivée avant l’heure à l’aéroport, elle fait acte d’enregistrement avec ses bagages, et accède à l’espace clos de l’aire d’embarquement. Et là commence son calvaire, et celui d’une quinzaine d’autres avocats marocains, et de dizaines de passagers. C’est d’abord l’absence complète d’information sur la durée du retard et encore moins sur sa cause, ni directement par les équipes de Tunisair, ni indirectement par mail ou SMS. Les équipes de Tunisair s’étaient d’ailleurs illustrées par une absence totale, abandonnant les passagers à leur sort avec les agents de l’ordre, sur lesquels ils déverseront leur stress et leur ire. Une bagarre a d’ailleurs éclaté entre un passager et un agent de l’ordre qui n’était en aucun cas responsable du retard et ne pouvait donner aucune explication sur la durée du retard, car ne possédant pas lui-même cette information. Les avocats marocains, bien avant longtemps en salle d’embarquement, devront se faire commander des pizzas pour se restaurer, par le biais d’un de leur collègue resté dehors.

Entretemps, un autre très gros retard avait entaché un vol Tunisair sur Nouakchott, et les passagers, exaspérés, ont fait acte de protestation très bruyante dans l’aire d’embarquement. Tunisair a alors eu recours au rafistolage. L’avion qui revenait de Casablanca et qui devait ramener la famille et les avocats, est détourné pour Nouakchott. Les passagers de Casablanca attendront jusqu’à 3 heures du matin, sans pouvoir accéder à la moindre information, et dans une atmosphère de vive tension entre passagers et agents de l’ordre. Dans un désordre et une gabegie des plus invraisemblables, ils sont de temps en temps appelés à l’embarquement, puis invités à regagner leurs sièges devant un tableau lumineux qui n’affichait que le terme « retardé ».

  • Un calvaire de plus de 8 heures, pour manque d’avion et grève du zèle du PNC

La cause était une grève du zèle du PNC, dont le personnel adhère à deux syndicats différents (Tunisair en compte 36) entre Tunis et Djerba, ce dernier mécontent que ses membres ne soient pas appelés à travailler sur des voyages long-courrier, dits aussi « vols avec découcher », ces derniers étant mieux payés et comportant des privilèges et la possibilité de séjourner en Afrique, par exemple. Remarquons au passage que la compagnie Tunisair avait oublié qu’elle disposait d’un service Catering, et s’était contentée, le soir venu, de servir à ses clients un sandwich en guise de dîner. Et si le pilote était prêt, mais dépassé par les faits, c’est que ce type de personnel avait déjà négocié et obtenu une nouvelle augmentation salariale. Joint par téléphone par Africanmanager, un passager a qualifié ce qu’il a vécu de « sale soirée » et promis de ne plus mettre les pieds dans un avion de Tunisair.

C’était là le résumé d’une « sale soirée », un certain dimanche 1er mars à Tunisair. Une soirée qui en dit, en fait, long sur l’état de dégradation continue des services du transporteur national, qui devient ainsi, de plus en plus indéfendable. Une compagnie gérée par 36 syndicats, où chacun fait ce qu’il veut et l’administration ce qu’elle peut, en dehors, bien sûr, d’être complètement absente pour ses clients, pris en otages dans l’aire d’embarquement, et ne pouvaient même pas sortir, annuler leurs billets, se reposer et prendre dès le lendemain un meilleur vol, celui de la RAM.

Le problème, révélé par cette malheureuse soirée, mais connu depuis des années par tous les ministres du Transport et par tous les chefs de gouvernement, c’est le manque d’avions, ce qui oblige Tunisair à recourir au rafistolage. Le transporteur national manque en effet d’avions. Sa flotte est composée de 23 appareils. 11 d’entre eux sont cependant cloués sur le macadam de l’aéroport, pour manque de moyens nécessaires à l’entretien. Parmi ces 11 avions, on trouve déjà un A330, et le second du même type nécessite, nous dit-on, « une petite maintenance ».

  • Une compagnie délaissée par son Etat-propriétaire et dont la qualité de service se dégrade

Tunisair n’a pas les moyens de la maintenance, et des pièces de rechange. Ses fournisseurs demandent d’être payés rubis sur l’ongle au titre des anciennes commandes et paiement, désormais cash, des nouvelles commandes. L’Etat tunisien, propriétaire, n’a pas non plus les moyens pour soulager les caisses de sa propre compagnie. L’Etat refuse de lui donner les moyens de se relever, l’autorise à prendre crédit avec garantie de l’Etat. Les banques refusent cette garantie et de lui faire crédit. L’Etat-propriétaire a passé en revue, lors de dizaines de CM, divers plans de sauvetage de la compagnie. Tous requièrent de l’argent (1,2 Milliard DT selon le dernier décompte), mais l’Etat tunisien lui-même n’en a pas. Il refuse pourtant que Tunisair ouvre son capital et trouve l’argent ailleurs, suivi par une UGTT qui fait de Tunisair une de leur long catalogue de « lignes rouges ». L’Etat, par la voix du président de la République, lui demande même de baisser ses tarifs, pour les beaux yeux des futurs pèlerins. Tunisair aurait pu gagner de l’argent, si elle n’était pas un simple outil politique entre les mains des dirigeants qui , d’un moment à l’autre, font des cadeaux aux TRE, aux pèlerins, ou encore des promesses d’ouverture de nouvelles lignes pour les besoins de leurs promesses électorales d’expansion africaine.

Connue jadis pour sa sécurité, Tunisair s’illustre désormais par ses retards, ainsi que par l’absence de ses cadres en face de ses clients, mis à très rude épreuve par ces retards qui battent désormais des records !

C’est cette Tunisair que devra gérer Anouar Maarouf, le nouveau ministre du Transport, et qui n’était, ni lui, ni son nouveau collègue du tourisme Mohamed Ali Toumi, ni le PDG Elyes Mankbi qui était en Arabie Saoudite pour discuter du pèlerinage, avec les dizaines de clients, mis en retard sur leurs affaires et sur leurs cours. C’est aussi cette Tunisair, à laquelle Elyes Fakhfakh devra, de façon plus qu’urgente, trouver argent et solution, avant qu’elle ne s’écroule, et ne traîne derrière elle des milliers d’emplois.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je voudrais bien savoir de quels cadeaux au TRE le journaliste qui a écrit cet article parle?!?!
    Si pour lui un Nice Tunis pour 400€ est un cadeau je préfère qu’il le garde…
    Pauvre tunisie…

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