Serein et les idées claires, Mechichi parle enfin de son gouvernement

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Cela fait dix jours que Hichem Mechichi discute dans le silence pour dénicher les membres du gouvernement que Kais Saïed a chargé de composer. Une mission, presqu’impossible dans la conjoncture politique que vit la Tunisie depuis le départ de Youssef Chahed, où les partis politiques se soucient plus du nombre de sièges offerts à leurs vanités politiciennes que des urgences économiques et financières qui demandent des solutions urgentes. Une équipe gouvernementale, presqu’impossible à trouver aussi, si l’on se rappelle le peu de longévité des précédentes, et ce que cela implique en courage à accepter un poste qui pourrait ne durer que quelques mois, et même quelques jours, comme cela avait été le cas pour le gouvernement de Habib Jemli.

Le prochain gouvernement sera le réceptacle de thèses positives

Mechichi a enfin parlé, d’une voix basse dans la cohue des journalistes qui l’attendaient de pied ferme au bas des marches de l’entrée de Dar Dhiafa, le palais où se font et se défont les gouvernements, du résultat d’une dizaine de jours de rencontres diverses et variées. « Le constat est, d’abord, l’unanimité à décrire la situation, économique et sociale, comme étant dangereuse », dit-il d’emblée et sans mâcher ses mots. Il ne le fait pas, non plus, lorsqu’il dit que « les divergences restent pourtant profondes, peut-être expliquées par le régime politique que nous avions choisi, et la fragmentation du parlement ». Et le chargé de composer le prochain gouvernement de dire ensuite que « nous essayons, à la lumière de ces divergences, de trouver la bonne formule, la bonne composition qui sera le réceptacle des différentes thèses, que nous jugeons utiles pour les citoyens ».

L’urgence sera de stopper l’hémorragie

On comprendrait ainsi qu’il aurait passé plus d’une semaine à entendre les partis palabrer de manière générale de leurs différentes visions de ce que devrait être le prochain gouvernement, et qu’il y aurait de grandes divergences entre ces différentes thèses d’un côté et les siennes surtout.
Interrogé sur la nature du prochain gouvernement s’il va être politique, de compétences et de technocrates, il sourit comme s’il s’attendait à cette question, et en profite pour livrer sa propre vision du terme politique, terme utilisé par les partis pour dire gouvernement partisan. « Le gouvernement sera politique, dans notre conception de la politique qui est d’être au service des citoyens ». Il recadre ensuite les journalistes pour les amener à parler de ce qu’il considère plus important que les personnes qui composeront son cabinet. « Le plus important est le programme, et nous l’avons déjà mis au point. Fondamentalement, il reposera sur le principe de stopper l’hémorragie au niveau des indicateurs économiques et sociaux ».

Je n’ai pas la prétention d’un sauveteur ou d’un révolutionnaire

Il ne parlera pas de finances et des moyens matériels pour ce qu’il compte faire. Mais il en profite pour lancer une pique à l’ancien chef de gouvernement. D’un air un peu plus grave, il dit que « nous n’avons pas la prétention de réaliser un sauvetage [Ndlr : terme utilisé par Elyes Fakhfakh lors de son dernier passage à l’ARP], ou une révolution économique [Ndlr : réponse à ceux qui lui demandaient de changer de modèle économique].
Manifestement plus réaliste que son prédécesseur, et même conscient des limites et des défis de la conjoncture dans laquelle il aura à travailler, il ajoute que « si nous arrivons à rétablir les équilibres globaux et rétablir les fondamentaux économiques du pays, nous pourrons alors, dans une année ou deux, parler de programme de relance économique, et que nous arrivons à instaurer une certaine stabilité économique, et gouvernementale comme le demande le peuple ». Ce disant, Hichem Mechichi se fixait déjà un cap, et s’assignait des délais de réalisation.
Ramené ensuite sur le terrain de la composition du prochain gouvernement, Hichem Mechichi donnerait presqu’à penser que son gouvernement pourrait être celui d’un consensus, notamment lorsqu’il répète que « le gouvernement sera le réceptacle de toutes les thèses positives des différentes compositions politiques, qui y retrouvent certaines de leurs idées ». Mais il n’ira pas plus loin que ces légères indications, qui pourraient n’être que du politiquement correct, d’un négociateur qui tâte encore le terrain.

Mon gouvernement sera celui de la réalisation

Il se recadre, ensuite, pour lancer ce qui pourrait être la devise de son gouvernement, en disant que « l’idée est que le [Ndlr : prochain] gouvernement se souciera plus de la réalisation, économique et sociale, et ce qui intéresse le plus le citoyen. Le gouvernement se propose d’être un gouvernement de réalisation, économique et sociale. Et j’espère que la classe politique pourra trouver les consensus qui permettront de travailler ». La réalisation nécessitant le recours à des compétences qui ont l’expérience, on pourrait comprendre qu’il voudrait faire appel plus à ce type de profils qu’à des politiciens. Et c’est, selon Hichem Mechichi, ce souci des réalisations qui sera le facteur déterminant dans la structure du prochain gouvernement. « Le seul critère sera le résultat », dit-il en roulant le R, en parfait francophone.

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