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Tunis : Le ministre Ben Jeddou parle de Jbel Chambi. «Nous les connaissons et avons fait des arrestations».

Les opérations, policières et militaires tunisiennes, se poursuivaient jusqu’à dimanche 5 mai 2013, sur les hauteurs escarpées du Jbel Chambi. Situé au centre-ouest du pays, à 17 kilomètres au nord-ouest de la ville de Kasserine et à quelques kilomètres de la frontière algérienne, il monte jusqu’à une altitude de 1 300 mètres. Ce sont les Scouts tunisiens, au lendemain de l’indépendance du pays en 1956, qui y ont placé un croissant métallique, symbole de l’islam. Cette montagne est profondément entaillée et ravinée par l’érosion. On y trouve aussi le parc national de Chambi qui a été inauguré en 1980. C’est tout cela qui explique, peut-être la lenteur des opérations. Un sentiment partagé par le ministre tunisien de l’intérieur que nous avons rencontré samedi à 13 heures dans son bureau de l’avenue Bourguiba à Tunis.

Selon le ministre Lotfi Ben Jeddou, l’opération de Chambi, ne daterait pas d’aujourd’hui. «La bande de Jbel Chambi, fait partie du groupe de Hilmi Rtibi, leur Emir qui avait été tué dans l’opération de Bir Ali Ben Khlifa [ndlr : Février 2012]. Chambi n’est donc pas une opération isolée. Nous les suivions, sur la base de renseignements intérieurs qui faisaient référence à l’existence d’un groupe de terroristes dans la région de Bouchebka, depuis décembre dernier après les premiers accrochages entre ce groupe et des éléments de la Garde Nationale et de l’armée et qui ont entraîné la mort de Ramzi Jlassi. Depuis, les opérations de ratissage se poursuivent jusqu’à maintenant», affirme le ministre de l’intérieur à Africanmanager.

– Le ratissage se poursuit, nous les connaissons un à un et avons fait des arrestations.

Ces opérations de ratissage, avancent cependant lentement, «car elles doivent être techniques et minutieuses», selon l’expression du ministre. Attentif à notre question sur les arrestations et qui traduit l’attentisme de la population tunisienne face à cette opération qui leur semble s’éterniser, Ben Jeddou ajoute que «nous ne les ménageons pas. Nous aurions pu en finir par un bombardement aérien, mais la région est habitée et visitée par les chasseurs et les gardes forestiers et nous ne voulons pas risquer de commettre l’irréparable».

Jusqu’ici, nous apprend-il, il n’y a pas eu de confrontation armée directe entre les forces de l’ordre et le groupe de terroristes. «Nous avançons et ils reculent vers les frontières algériennes. C’est lorsque nous nous sommes approchés du sommet où ils campent, qu’ils ont miné le terrain par des engins artisanaux», précise le ministre en parlant du déroulement des opérations.

Le ministre tunisien de l’intérieur, qui dit suivre heure par heure les développements des opérations dans cette région, dément les informations qui disent que le groupe terroriste comprend une cinquantaine d’individus et affirme mordicus, que les autorités tunisiennes connaissent ce groupe un par un et en ont déjà une liste nominative, y compris l’Algérien qui en fait partie. «Je sais de quoi je parle, lorsque j’avance le chiffre de 15», insiste-t-il.

Lotfi Ben Jeddou, affirme aussi, comme pour tranquilliser la population tunisienne sur l’issue de l’opération de Jbel Chambi, que des arrestations ont eut lieu, parmi eux et parmi les personnes qui les ravitaillent, depuis décembre dernier. «Nous avons procédé, depuis décembre dernier, à au moins 17 arrestations. Certains ont été déjà déférés devant la justice et d’autres sont encore en liberté», nous dit-il.

– Ils ne représentent aucune menace, mais nous craignons une opération isolée !

Sur le groupe terroriste, le ministre tunisien de l’intérieur reconnait que ses éléments sont bien entraînés, mais affirme que leur armement n’est pas sophistiqué et en veut pour preuve, le caractère artisanal des mines anti-personnelles qu’ils ont fait exploser et qui n’ont fait que des blessés.

Le ministre Ben Jeddou se veut encore plus rassurant et nous affirme que «nous les encerclons et ils n’ont pas pu descendre du Jbel». Pour lui, même si à notre sens cette théorie s’effrite jour après jour et tend plutôt à minimiser le risque, «ils voulaient juste établir des camps d’entraînement dans ces montagnes, car ils ne considèrent pas la Tunisie comme une terre de Djihad». Nous le tannons et lui demandons si les 17 arrestations et les services de renseignement tunisiens ont permis de déceler un quelconque objectif qui pourrait faire l’objet d’un attentat de leur part. Le ministre de l’intérieur parait serein et affirme que «la Tunisie ne constitue pas un objectif pour eux». Il n’en déclare pas moins sa crainte et celle de ses services, d’une opération isolée, si l’un d’eux arrivait à briser l’étau qui se serre autour d’eux, la Garde Nationale et l’Armée, «c’est pourquoi nous avons réactivé les services de renseignements et toutes les brigades spéciales». Il finit quand même ce chapitre en réaffirmant qu’ils «ne représentent aucun danger pour l’ordre public».

– Le ministre s’énerve, calmement, et Moez Ben Gharbia précise sereinement.

Interrogé, par nos soins, sur le contenu des images montrées par Moez Ben Gharbia, dans sa dernière émission «9 heures du soir» sur la chaîne Attounissia TV, le ministre reste calme et montre à peine son énervement, les mains toujours posées sur son sous-main pendant la durée de l’interview. Il n’en réagit pas moins, presqu’à fleur de peau, traduisant ainsi l’existence d’un climat plutôt électrique entre le ministère de l’intérieur et cette émission. «Ce qui a été montré, est une tromperie. Les images en questions remontent à plus de 2 mois et le téléspectateur peut aisément constater que les personnes filmées portent des manteaux ou portent des habits d’hiver. Ces images, sont en fait relatives aux évènements de Darnaya et non de Jbel Chambi».

Contacté par nos soins, Moez Ben Gharbia s’étonne de la réaction du ministre, d’autant plus, nous dit-il, que la chaîne a tenu à noter dans la news-barre qui défilait sous ces images, qu’elles sont relatives à l’opération de Darnaya et des évènements de Bouchebka. «Je l’ai même précisé moi-même, lors de la présentation de cette séquence, avant de la diffuser et précisé qu’elles datent effectivement de deux mois avant les évènements de Jbel Chambi. L’idée, était juste de montrer comment ils vivaient», précise encore Moez Ben Gharbia pour dissiper tout malentendu possible avec le ministre.

– «Nous ne jouons pas avec eux. Nous voulons les éradiquer».

Nous rappelons aussi, au ministre Lotfi Ben Jeddou, les déclarations de l’un des interviewés de Moez Ben Gharbia et qui évoquait des «instructions de ne pas tirer» sur les terroristes. La tension monte alors d’un petit cran, même lorsque le ministre dit en souriant que «nous ne montons quand même pas le Jbel Chambi pour jouer avec eux », avant d’affirmer plus incisif que «nous montons, pour les éradiquer». Il rappelle à l’occasion qu’il n’y a pas eu de confrontations pour qu’il y ait ordre de ne pas tirer. «Et qui oserait d’abord, dans une opération conjointe entre la Garde Nationale et l’Armée, donner un tel ordre». Pour Lotfi Ben Jeddou, «les choses sont claires. C’est simplement de la surenchère !». Nous lui rappelons alors, que c’est un élément de la Garde Nationale. Et le ministre de l’intérieur de préciser alors que «cet agent avait été éloigné du terrain et il venait d’être réintégré et ne connait donc rien du théâtre des opérations». Quant aux moyens mis à la disposition des forces tunisiennes, le ministre nous a annoncé que ces besoins ont été passés en revue et «nous allons, soit par la coopération bilatérale ou par le biais d’une allocation budgétaire spéciale, renforcer ces moyens et doter toutes nos forces des outils et moyens adéquats».

Khaled Boumiza.

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