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Tunis : Les petites «phrases assassines» de Jomâa pour Larayedh dans un programme en clins d’œil.

C’est un discours de huit pages, bien voyellé, que Mehdi Jomâa lisait, ce mardi 28 janvier 2014, devant Députés encore sous l’effet de la bonne nouvelle du rappel de 21 mille DT chacun en guise d’augmentation salariale. Le nouveau chef de gouvernement tunisien, se devait en effet, d’être exempt de fautes d’orthographe dans ce discours d’investiture. En «politiquement correct», Jomâa dira dans son discours, une ligne et demi, pour son «ami et frère» Ali Larayedh. Il le remercie pour les «efforts consentis en faveur du renforcement des capacités de l’Etat, de la restauration de la sécurité et de la résolution des difficultés urgentes», mais sans aller jusqu’à dire qu’il y ait réussi. Et comme pour enfoncer le clou de sa nomination, Jomâa ne rate pas l’occasion de signaler, en gras dans le texte, les «difficultés, sécuritaires, économiques, sociales et politiques, qui entourent toujours le processus de transition». En moins de cinq lignes, Mehdi Jomâa clouait ainsi son prédécesseur au pilori et ramenait, même sans le vouloir peut-être, toutes les déclarations de réussite du gouvernement nahdhaoui, à leur juste dimension !

En trois mots, le nouveau chef de gouvernement tunisien, trace ensuite les grandes lignes de l’action de son gouvernement. En premier lieu et toujours en gras dans le texte, les élections, «générales», comme s’il voulait dire sa position tranchée par rapport au différents sur la concomitance des législatives avec les présidentielles, et «qui ne souffriront aucun doute» tient-il à souligner. En second lieu, la restauration de la sécurité. Prudent, comme tout au long de son adresse, il ne dira cependant rien sur la méthode à suivre et les instruments à mettre en œuvre pour y parvenir. Le seul indice à ce propos, sera cette phrase où il mettra, «le terrorisme, la contrebande et la criminalité» sur le même pied d’égalité et dans le même contexte, que «l’incitation au désordre». On retiendra cependant ce clin d’œil mauvais fait aux LPR (Ligues de Protection de la Révolution), lorsque Mehdi Jomâa annoncera, dans un décalquage d’une citation du prophète Mohamed à l’adresse des mécréants qui voulaient détruire la Kâba, que «la révolution a un Etat qui la protègera».

Très attendu, au moins en dehors de l’Agora de l’ANC, sur le dossier économique, Mehdi Jomâa semble avoir choisi la stratégie de la transparence et de la franchise. «Au cours des trois dernières années, le gouvernement a élargi son intervention au profit des couches faibles de la société, a multiplié les recrutements dans la fonction publique et augmenté le volume des salaires (…) Il est aujourd’hui, de notre devoir d’être francs avec nous-mêmes et de nous poser la question : Est-ce que cela s’est accompagné par plus de travail ? Est-ce que cela a permis d’augmenter la productivité ? Est-ce que cela a permis d’améliorer le pouvoir d’achat du citoyen ? NON». La réponse est, cinglante, mais franche, directe et peut-être une réponse à la demande de l’UGTT de nouvelles augmentations salariales. Et Mehdi Jomâa d’aller encore plus loin, comme s’il demandait une consultation nationale à propos de cette mauvaise démarche économique suivie par ses prédécesseurs. «Je voudrais qu’on pose la question aux Tunisiens, sur la rentabilité de cette démarche bâtie sur l’expansion des dépenses publiques et de l’endettement à la lumière d’une baisse du taux de croissance», demandait-il.

La bonne recette pour sortir l’économie tunisienne de sa crise, le nouveau chef de gouvernement, qui n’avait pas encore la confiance des députés lorsqu’il lisait son discours, la donnera en 8 points et une revendication d’un cadre approprié et nécessaire. Les points sont, la relance de l’économie, la création de l’emploi, la reprise des projets d’infrastructure, le développement régional, la rationalisation de la compensation, la restructuration des systèmes de la retraite et de l’assurance maladie, le sauvetage des entreprises publiques et la remise en état des finances publiques. Pas de potion magique donc, mais des pilules, qui seront peut-être dures à avaler. Mais ne l’avait-il pas déjà assuré, lorsque lors de sa désignation le 10 janvier, il disait déjà qu’il n’est, ni Zorro ni Merlin l’enchanteur. Reste donc le cadre nécessaire. Jomâa demande en effet, ce qu’il a appelé «le calme social». Un nouveau clin d’œil à l’UGTT, qui n’arrive toujours pas à assumer sa mue, d’organisation purement syndicale, vers un partenaire totalement politique. Conscient de cette difficulté, Mehdi Jomâa revendique à ce propos la «réactivation du Pacte social», signé par l’Utica (Patronat) et l’UGTT (Syndicat ouvrier) et resté depuis, simple lettre de bonnes intentions. On n’est pas sortis de l’auberge !

Khaled Boumiza

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