AccueilLa UNETunisie : Mehdi Jomaâ partagé entre priorités électorales et urgences économiques

Tunisie : Mehdi Jomaâ partagé entre priorités électorales et urgences économiques

Après de longues semaines de tractations, le gouvernement de Mehdi Jomaâ a fini par voir le jour. Pour ce nouveau gouvernement, la tâche est immense : il s’agit de remettre l’économie sur les rails et régler les problèmes sécuritaires hérités du gouvernement de Ali Laârayedh , mais l’agenda comporte également le dossier des élections. Quelles seront , donc , les priorités de Mehdi Jomaâ et quelle stratégie va-t-il adopter ? Doit-il donner la priorité à préparer les élections comme cela a été annoncé par certains députés d’Ennahdha , et suggéré par son prédécesseur, qui a mis en avant lors de la passation , l’examen des moyens à fournir à l’ISIE , ou bien traiter les grands dossiers économiques en premier ? La question a été posée par les observateurs, mais les économistes tunisiens , interrogés par Africanmanager , ont appelé , de concert , le gouvernement à se saisir d’urgence des questions brulantes à caractère économique : croissance , lutte contre la corruption, ajustement des prix et des déséquilibres financiers, car leur résolution contribuera à assainir le climat social, garantir la stabilité , éléments qui interviendront favorablement dans l’aboutissement de l’opération électorale .

Dans une déclaration à Africanmanager, l’économiste Radhi Meddeb a affirmé que la qualité du gouvernement de Mehdi Jomâa est largement supérieure comparativement à celles des gouvernements des trois dernières années et souligne que ce gouvernement dispose de ressources intellectuelles distinguées pour affronter les problèmes.

R. Meddeb a ajouté que les priorités du gouvernement sont à deux niveaux, à court et à moyen termes. A moyen terme, le gouvernement de Mehdi Jomâa est appelé à envoyer des signaux positifs à tous les intervenants dans les affaires économiques et politiques à l’échelle nationale et internationale: les régions marginalisées, les chômeurs, les formations politiques et la société civile, les bailleurs de fonds, les investisseurs et les différents partenaires étrangers.

Il faut aussi, selon l’expert en économie , mener des actions concrètes en matière d’emploi, de développement régional, de bonne gouvernance et de sécurité pour capitaliser l’empathie favorable qui s’est exprimée envers la Tunisie ,suite à l’adoption de la Constitution et la mise en place d’un nouveau gouvernement.

Sur le court terme, le gouvernement de Mehdi Jomâa doit s’attaquer à des dossiers multiples, même si les résultats ne seraient pas patents durant l’exercice de ce gouvernement, et ce sur la base d’un diagnostic partagé avec la société civile et toutes les parties prenantes, « Il faut que ces dossiers soient traités d’une manière consensuelle », a-t-il souligné.

Les grands dossiers qui devraient être traités en urgence sont principalement les réformes du secteur bancaire et de la fiscalité, l’approvisionnement du marché et la lutte contre la contrebande. Il s’agit aussi d’engager des réflexions sur la réforme de la santé et de l’éducation en dehors de toute appartenance partisane, d’une manière indépendante et transparente et sans céder à l’idéologie.

Walid Belhadj Amor, le président du centre tunisien de veille et intelligence économique (CTVIE) a appelé à la restauration de l’autorité de l’Etat et à l’application rigoureuse de la loi, soulignant qu’un Etat de droit ne peut pas exister sans autorité. A son avis , le vrai problème n’est pas un nouveau gouvernement ou une nouvelle Constitution mais plutôt l’application de la loi : « On est dans un cercle vicieux, on ne peut rien faire sans l’application de la loi », a-t-il dit.

La focalisation sur les grands dossiers économiques , à l’instar de l’investissement public est un des premiers leviers de la réussite des réformes, du fait que rien n’a été fait au niveau des régions et que tous les projets dans les zones de développement régional sont toujours en panne.

Walid Belhadj Amor a appelé dans ce cadre à traiter le dossier des phosphates de Gafsa et du bassin minier qui a un effet catastrophique sur l’économie nationale et provoque un déficit au niveau de budget.

Il a recommandé aussi d’accélérer la mise en place du code de l’investissement qui tarde à venir, ainsi que la loi sur le partenariat public privé (PPP), soulignant qu’il n’y aura pas d’emploi sans investissement.

Walid Belhadj Amor a évoqué aussi le dossier du marché parallèle et de la lutte contre le fléau de la contrebande qui ne cesse de gangrener l’économie nationale.

Kh.T

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