AccueilLa UNETunisie : On n’est pas sorti de l’auberge !

Tunisie : On n’est pas sorti de l’auberge !

A l’avènement de la Constituante, la Tunisie était partie pour une période de transition d’une année.

Il faudra à la Tunisie par la suite compter avec l’indéboulonnable envie de gouverner d’Ennahdha et son refus de quitter le faste des palais du gouvernement, des voitures luxueuses, des body-gardes, des Yachts de l’ancienne famille de Ben Ali et des lumières des plateaux de télévision.

Ni les multiples bourdes, politiques et de gestion, ni son incapacité à concrétiser son programme gouvernemental et à dépenser l’argent d’un budget raccommodé de toutes parts et encore moins les plaintes de Moncef Marzouki du vide de ses prérogatives ou la démission de deux ministres, n’arrivera à décider la troïka de jeter l’éponge et de se consacrer à l’écriture de la Constitution et redémarrer avec la 2ème République. Suivent alors les déclarations, du chef du Gouvernement et de son Conseiller politique notamment, qui fixent chaque fois une nouvelle date aux élections qui devraient être organisées après l’adoption de la Constituante.

Le ping-pong des déclarations sur la date du 23 octobre.

La technique de retardement de l’échéance électorale, change ensuite de bord. Ce n’est plus l’exécutif qui en parle, c’est le législatif qui entre en scène. «La date du 23 octobre 2012 [date de la fin de l’écriture de la nouvelle Constitution tunisienne], était un engagement moral et politique (…), mais seul Dieu peut vous dire quand est-ce que nous la finirons cette Constitution». Ainsi parlait, déjà début août, Mustapha Ben Jaafar président de l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) à la TV Watanya1, tel qu’il en a partagé lui-même la séquence sur sa page fb. Presqu’un mois jour pour jour avant lui (coïncidence ?!), Le rapporteur général de la commission de coordination, de rédaction et amendement de la Constitution, Habib Khedher s’écriait qu’il n’y a pas le feu, lorsqu’il indiquait «l’achèvement des travaux de la commission accusera quelque retard». Le 22 août, certainement fort de la déclaration du président de l’ANC, Khedher précise la décision (Oups, la proposition) d’Ennahdha, en précisant que «la nouvelle Constitution tunisienne, ne pourra pas être prête avant février prochain».

On est ainsi, reparti pour une nouvelle surenchère. La date de la fin d’écriture de la Constitution retardée à février 2013, il n’est plus question d’organiser les prochaines élections en mars. Le temps est trop court. Il faudra aussi préciser que la dernière date donnée par Khedher, est celle simplement de la fin de l’écriture. Il faudra alors s’attendre à ce que les débats en remettent une couche supplémentaire. Ces débats s’avèrent en effet très serrés, notamment sur le type de régime à adopter. Ennahdha a avancé depuis quelques jours, qu’elle veut un régime parlementaire et n’en démordra pas. Le CPR de Moncef Marzouki, déjà brûlé au 3ème degré par le feu des prérogatives qui ne lui permettent de rien faire, ont déjà créé le clash en déclenchant le courroux d’Ennahdha lorsque ses 5 ministres entendent les critiques acerbes de son partenaire à la troïka et qui dit tout haut son refus du régime parlementaire. Ennahdha le savait déjà, lorsque Sahbi Atig annonce, une journée avant le congrès du CPR, que «il n’y a plus de troïka dans la Constitution». Même, la loi organisant les pouvoirs publics ou la petite Constitution, n’a pas tout prévu. A part la première et la seconde lecture et le mode de vote (51 % pour le vote article par article) et aux deux tiers pour le vote en totalité et le passage au référendum, la loi ne prévoit aucun cas de ceux qui pourraient probablement arriver.

En attendant Godot !

En effet, si le projet de la commission de rédaction ne passe pas l’écueil du très probable passage par la case référendum, toute la classe politique tunisienne aura à gérer le risque du vide politique, comme en avertissait déjà, Iyadh Ben Achour président de la commission d’experts une journée avant de rendre le tablier. Personne ne veut maintenant évoquer la possibilité de revenir une seconde fois vers les élus pour réintroduire les changements qui rapporteront le consensus sur le projet de Constitution.

Reste le cas où le projet de la commission de rédaction à la Constituante, dont tout le monde a critiqué l’amateurisme lors de la lecture du 1er draft de la Constitution, était voté sans esclandres. Il faudra tout de même aux Tunisiens, Révolutionnaires, chômeurs, politiciens, gouvernants et opposition, attendre que la Constituante se mette d’accord sur un mode électoral. Là aussi, le temps risquera d’être long. Le temps nécessaires aux discussions, aux bagarres et aux manœuvres dans l’enceinte de la Constituante, pour se mettre d’accord sur ce qui pourrait augmenter les chances d’Ennahdha de l’emporter et même d’augmenter ses chiffres et ce qui pourrait permettre d’éviter que ne se répète la mascarade du million de voix qui n’ont rapporté aucun siège comme lors des élections d’octobre 2012 dont le mode de vote est déjà remis en cause par Ennahdha. Il leur faudra aussi attendre, que la Constituante se mette d’accord sur une nouvelle Commission, indépendante qui sera chargée des prochaines élections. Tout cela pourrait, bien sûr, être mis en place avant le projet de Constitution. Nous comptons cependant sur les actuels gouvernants, pour trouver les moyens de ne pas faire cela avant février prochain et de trouver les excuses logiquement obligatoires pour faire avaler la pilule à tout un peuple que la troïka noie chaque fois dans les méandres politique d’une diversion, comme elle en a le secret et comme elle l’a maintes fois démontré. On n’est pas sortis de l’auberge. Pour l’instant, la Tunisie ressemble fort à une auberge espagnole !

Khaled Boumiza.

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