AccueilLa UNETunisie : Une nouvelle Mafia essaie de reprendre l’économie du pays

Tunisie : Une nouvelle Mafia essaie de reprendre l’économie du pays

Borhane Bsaïess disait un jour que «les Trabelsi n’étaient pas une famille, mais une culture en Tunisie».  Rien de plus vrai que cela, à la lumière de certaines informations dont nous avons été saisis. La grande belle-famille de l’ancien chef de l’Etat tunisien, en prison ou en fuite, une famille nettement plus large, se préparerait à reprendre en main les affaires qui étaient gérées, à travers eux en véritables épouvantails, par les Trabelsi dans l’étendue de leurs familles parentes et alliées. Les exemples ne manquent malheureusement pas.

          Dans le domaine du transport.

Il est désormais de notoriété publique  que la famille de la femme de l’ancien Président tunisien, avait pu constituer plusieurs sociétés de transport de marchandises, notamment dans le secteur des carburants. Ces entreprises fonctionnaient par les appels d’offres que les propriétaires «gagnaient» honorablement, parfois par les pressions et l’usage de leurs pouvoirs et la plupart du temps en «graissant la patte» à certaines personnes dans les administrations et les entreprises publiques qui avaient la charge de lancer ces appels d’offres. Devenus nationalistes, depuis la Révolution, ces personnes qui facilitaient les affaires des entreprises des familles Trabelsi, refusent désormais d’accorder les mêmes marchés aux mêmes entreprises. Il est, en effet, difficile que les administrateurs judiciaires puissent être autorisés par les juges de «graisser la patte» aux mêmes facilitateurs d’affaires. Depuis la confiscation, leurs affaires marchent mieux, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Par un effet collatéral,  prémédité aussi, l’ancienne entreprise des Trabelsi, n’ayant plus de marché, s’en appauvrit et devient facile à racheter à très bon prix.

Cet exemple est malheureusement valable pour  d’autres secteurs où de nouvelles familles commencent déjà à s’imposer avec les mêmes anciennes pratiques. Dans ce cas, comme dans d’autres, une partie du voile commence à être levée grâce au travail de la Commission de Confiscation.

          Dans le domaine des voitures.

Nous avions déjà évoqué le cas de cet homme d’affaires, anciennement fâché avec le régime de Ben Ali, qui avait essayé de vider une entreprise confisquée de la carte qu’elle distribuait et avait même contacté certains des ministres du second gouvernement de transition pour reprendre la carte. Cela lui aurait certainement permis, en cas de réussite, de racheter l’entreprise, une fois la situation commerciale de cette dernière devenue désastreuse.

La famille de l’ancien président ne travaillait pas que dans la concession auto. Elle faisait ou couvrait aussi des trafics en tous genre, dans la ferraille qui s’avèrera par la suite être des moteurs de voitures et autres pièces de rechange et même du trafic transfrontalier de voitures. Intervenant, mardi dernier, sur Nessma TV, le vice-président du syndicat des agents de la douane, expliquait la cause de la «grève» de certains agents dans le poste frontalier de Ras Jdir entre la Tunisie et la Libye. Ainsi, selon Mohamed Ghodhbane, certains «commerçants» exigeaient que la douane leur certifie sur les papiers des voitures, que celles-ci avaient franchi la douane en direction de la Libye où elles auraient été vendues. En réalité, ces mêmes voitures restaient en Tunisie où elles étaient vendues. Le responsable syndical n’a pas indiqué, mais on l’imagine, que ces voitures pouvaient être de la contrebande. N’ayant pas pu obtenir ce qu’ils voulaient, ils avaient attaqué le poste frontalier et détruit ses locaux.

          Dans le domaine du commerce.

Les familles Trabelsi et Ben Ali étaient connues pour avoir couvert tous genres d’importation de l’étranger. Avec l’arrestation des membres de ces familles, la Douane s’était retrouvée avec des dizaines de containers regorgeant  de marchandises  en provenance des pays d’Asie sur les bras et a dû trouver la solution pour rendre la marchandise à ceux qui en faisaient contrebande, via les entreprises de la famille, pourtant eux aussi passibles de blanchiment d’argent. On croyait alors que ces trafics allaient s’arrêter avec la mise sous les verrous des propriétaires des sociétés des deux familles. Il n’en sera rien. Un homme d’affaires travaillant avec l’Algérie et la Libye cite  ainsi de très grandes quantités de marchandises, évoquant le cas des bananes, des écrans de TV de marques prestigieuses et d’autres marchandises prohibées, qui continuaient de transiter par différentes postes frontaliers de la Tunisie, en transit temporaire. Après avoir été soumises, «normalement», à l’apurement et après restitution de  la caution, ces marchandises s’en retournaient en Tunisie pour y être revendues.
Les pratiques mafieuses commerciales ne s’arrêtent ainsi toujours pas en Tunisie, malgré l’incarcération des membres des familles de l’ancien Président tunisien. Ces derniers disparaissant corps et âme (financièrement, cela  s’entend), d’autres familles prennent déjà la relève et tant qu’il y a des corrompus, il y aura toujours corruption. Bien qu’organisé dans différentes aires spécialisées, à Tunis, à Sfax, à El Jem, à Ben Guerdane au Sud tunisien et bien d’autres régions, le commerce parallèle existe toujours en Tunisie. Politiquement, tout le monde ne veut y voir que l’aspect social, oubliant volontairement qu’il s’agit en grande partie de contrebande et de blanchiment d’argent.

Ces pratiques concernent cependant d’autres secteurs encore plus sensibles. On y reviendra.

K.B
 

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