AccueilLa UNEUn paysage politique dominé par la guerre froide Saied-Ghannouchi et les populistes...

Un paysage politique dominé par la guerre froide Saied-Ghannouchi et les populistes !

Aujourd’hui, la Tunisie est confrontée à la pire crise économique de son histoire, causée par la pandémie de coronavirus, avec plus de cent mille cas d’infections et près de quatre mille décès dans le pays. Cette crise survient après des années de faible croissance économique. Toutefois, si l’impact économique a été dévastateur, la pandémie n’a pas modifié de manière significative la dynamique politique, estime le think tank américain Atlantic Council, spécialisé dans les relations internationales. Malgré tous ces problèmes, le président tunisien, Kais Saied, jouit d’une grande popularité, notamment par rapport à d’autres concurrents potentiels. Pourtant, sa cote  auprès du peuple est en baisse depuis quelques mois.

Un paradoxe qui a fait que « la première année de Saied au pouvoir n’a pas été aussi « révolutionnaire » que le laissait entendre sa rhétorique préélectorale. Il a dû faire face à plusieurs limites : l’impact de la pandémie, qui, comme dans beaucoup d’autres pays, a dévoré une large part de sa marge politique et limité ses prises de décision.  En outre, il a dû faire face à d’autres contraintes. Bien que le président soit élu démocratiquement, ses choix sont limités. La centralité du président dans le système dépend principalement de la dynamique politique et des actions personnelles plutôt que des dispositions légales. Par exemple, l’ancien président Caid Essebsi est devenu une figure centrale pendant son mandat. Il a néanmoins bénéficié d’une expérience de chevronné et du soutien de Nidaâ Tounès, un parti politique composé de laïques et de modernistes qui, bien que divisé en son sein, l’a formellement soutenu.

Saied n’a aucun parti ni aucun bloc parlementaire sui lui soient liés  et est un outsider, étant donné son parcours universitaire. En outre, son efficacité politique est également minée par des divisions internes au sein de son entourage. Plusieurs des principaux conseillers de Saied ont démissionné au cours des derniers mois en raison de désaccords sur la dynamique au sein du cercle du président.

Il y a également un autre aspect à prendre en considération. Saied n’a peut-être pas un intérêt immédiat à être impliqué dans les batailles politiques quotidiennes ou à être vu trop proche du gouvernement. Cela pourrait servir  pour lui éviter d’être partie prenante dans les  échecs de ce dernier ou pour ne pas être grillé. Et c’est ce qui s’est passé avec l’ex chef du gouvernement Elyas Fakhfakh (février-juillet 2020) et maintenant avec Hichem Mechichi.

La guerre froide Saied-Ghannouchi

Le risque d’être politiquement épuisé existe étant donné la rivalité croissante entre Saied et Rached Ghannouchi, co-fondateur du parti Ennahdha et président du parlement. Pour Ennahda, le parti islamiste, souligne Atlantic Council, Saied représente un défi politique direct. Cette dynamique met également en évidence un aspect souvent négligé du paysage politique tunisien. Saied est un conservateur, mais  pas un islamiste. Si la division entre laïques et islamistes en Tunisie existe effectivement, elle n’est que l’une des nombreuses divisions qui caractérisent la société tunisienne dans toute sa diversité. Saied a réussi à séduire les partisans d’Ennahdha, comme le montrent ses résultats électoraux dans le Centre, le Sud et les zones rurales de la Tunisie lors des élections présidentielles, même s’il n’est pas un « acteur islamiste » classique.

Au cours de la dernière décennie, Ennahdha a été l’un des piliers de la logique de consensus qui avait dominé la politique tunisienne. Cela inclut la coalition instrumentale post-2014 entre Nidda Tounes et Ennahda et les accords de Carthage de 2016, qui ont stabilisé le rôle de l’Essebsi comme centre de gravité du paysage politique tunisien. Plus récemment, cela inclut la convergence avec le magnat des médias et ancien candidat à la présidence Nabil Karoui, étant donné le rôle essentiel que son parti moderniste-populiste, Qalb Tounes, a joué en soutenant la nomination de Ghannouchi comme président du parlement. Cependant, cette logique a nourri le ressentiment d’une partie de l’électorat, qui s’est tourné vers des outsiders comme Saied ou vers des politiciens dont la rhétorique se concentre sur le rejet de cette logique de consensus.

Une marge plus grande pour les populistes !

À l’approche du dixième anniversaire de sa révolution, la Tunisie est confrontée à une pandémie qui a provoqué une crise économique historique avec des ramifications sociales et politiques importantes dans les années à venir. La détresse économique alimentera inévitablement le mécontentement, ajoutant à la frustration que beaucoup éprouvent à l’égard des partis politiques et des dirigeants. Néanmoins, la plupart des dynamiques qui caractérisent actuellement le paysage politique tunisien ont peu à voir avec l’impact du coronavirus, car leurs racines sont fermement ancrées dans des dynamiques qui ont commencé bien avant le début de la pandémie.

La logique de consensus qui a dominé la politique tunisienne ces dernières années a commencé à montrer ses limites, à partir des élections présidentielles de 2019. Une partie de l’électorat est de plus en plus frustrée, ce qui alimente la montée de versions opposées mais fonctionnellement similaires du populisme. Au cours des prochains mois,  l’impact économique de la pandémie sera plus important. Cela ne fera qu’ajouter à la frustration face à l’incapacité de l’establishment politique de l’après-2011 à apporter des réponses concrètes aux problèmes quotidiens urgents, laissant plus de place aux acteurs populistes pour donner un coup de fouet à leur ascension dans la politique tunisienne.

- Publicité-

1 COMMENTAIRE

  1. Doit on toujours mettre les tords sur la pandémie du covid19 ???????
    NON BIEN SUR le naufrage économique existait bien avant la pandémie ; et les politiques ne font rien pour arranger la situation du pays !! C’EST TRISTE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -