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Vote de confiance : Les partis politiques gagnés par la « Realpolitik »…pour l’heure !

Sans devoir être un point de bascule, la séance plénière qui,  le 1er septembre,  votera ou non la confiance au gouvernement censément formé par Hichem Mechichi, n’en balisera pas moins, dans un sens comme dans l’autre,  la voie qui sera celle de la Tunisie dans la foulée d’une crise ministérielle qui intervient au pire moment de la pire conjoncture économique et sociale que le pays ait eu à endurer depuis des années.

 En faisant peu de cas des partis politiques, traités par-dessus l’épaule tout au long du processus de formation du gouvernement, le binôme exécutif- président de la République et chef du gouvernement désigné- a livré un attelage ministériel qui a tout pour exaspérer un parlement jaloux de ses privilèges, si discutables soient-ils, et dont il n’est pas disposé à céder un iota. Lui infliger un « gouvernement de compétences nationales indépendantes »  revient à le pousser dans ses derniers retranchements. Mais, paradoxalement, une Représentation nationale qui se retrouve pieds et poings liés, redoutant la perspective d’élections anticipées au cas où elle ne voterait pas la     confiance au gouvernement, et pire, avoir affaire encore et pour longtemps à un gouvernement d’expédition des affaires courantes dont elle veut plus entendre parler.

Mechichi fera tout pour obtenir la confiance

En tout cas, et autant qu’il le dise sur toutes les fréquences, le chef du gouvernement désigné Hichem Mechichi est résolu à obtenir la confiance du parlement et il s’y investira au travers de  rencontres qu’il a décidé de tenir avec les partis politiques  jusqu’à la date de la plénière de vote de confiance du 1er septembre. C’est, a-t-il dit, « mon engagement personnel de travailler avec toutes les parties, tous  les groupes parlementaires, les élus les différentes composantes du paysage politique », assurant que son gouvernement sera « un trait d’union entre tous les acteurs politiques, et mettra en place un mécanisme pour l’exécution des programmes des partis qui servent l’intérêt du pays ». Plus concrètement, il a annoncé qu’un pacte d’objectifs sera élaboré entre les membres du gouvernement consistant en un engagement moral entre eux et envers les Tunisiens , outre un  programme du gouvernement dont les  grands axes dévoilés précédemment seront enrichis et finalisés avant de les soumettre au parlement sous forme d’un document de travail.

Des assurances qui n’auraient pas, en principe, l’heur de venir à bout des fortes réserves du premier en nombre des partis représentés à l’hémicycle, le mouvement Ennahdha (54 députés) qui s’était s’était ouvertement opposé à l’option de Hichem Mechichi pour un gouvernement de compétences indépendantes et manifesté son attachement à un gouvernement d’unité nationale. Le président de son  groupe parlementaire, a averti disposer d’une coalition regroupant  120 élus unis dans cette opposition. Il s’agit, selon lui,  naturellement du mouvement Ennahdha, d’Al Karama (19 députés), de Qalb tounes (27 députés) et d’Al Mostaqbal (9 députés) en plus de nombre de députés hors groupes.

Le chef du mouvement Rached Ghannouchi avait, à son échelle,  souligné que  » dans l’absolu « , Ennahdha est contre la formation d’un gouvernement de compétences étant donné que cela altère la démocratie, les résultats des élections et la volonté des électeurs. Il a ajouté que  » la démocratie, c’est la gouvernance des partis et la traduction des équilibres des forces politiques et non pas la gouvernance des compétences « .

Ceux qui font dans la nuance, et les autres

A vrai dire, les partis et groupes parlementaires, bien qu’ils conviennent que la situation économique et sociale dans le pays est critique et que la formation du futur gouvernement est urgente, ne sont pas unanimes quant au choix de Mechichi de former un gouvernement de compétences indépendantes. Certaines parties considèrent que cette démarche consacre la marginalisation du rôle pivot des partis dans une démocratie et un désaveu des résultats des élections.

Qalb Tounes (27 députés au parlement), par exemple,  a émis des réserves sur certains noms figurant sur la liste du gouvernement Mechichi, mais dit vouloir « mettre un terme à l’étape d’un gouvernement visé par un conflit d’intérêts et aller vers un nouveau gouvernement ».

En revanche, le conseil national du parti Courant démocrate (Attayar) a d’ores et déjà décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi. Un avis qui n’est pas partagé par le mouvement Echaab qui forme avec Attayar le groupe démocratique (38 députés). Echaab nuance sa position en proposant que  Hichem Mechichi s’engage à présenter une vision claire fixant les mesures à prendre pour stopper l’hémorragie économique, financière et sociale dans le pays.

Ila lancé mercredi soir une initiative accordant une durée maximale d’un an et demi au gouvernement au cours de laquelle il doit parvenir à un consensus entre les groupes parlementaires pour installer la Cour constitutionnelle et amender le système électoral. Il  appelle toutes les parties à une trêve politique et sociale jusqu’à ce que les parties politiques décident, au terme de la durée fixée, d’opter pour l’un des choix suivants. Maintenir le gouvernement Mechichi jusqu’à la fin du mandat parlementaire et organiser les élections législatives et la présidentielle dans le délai constitutionnel prévu durant l’automne 2024 ou constituer une majorité parlementaire qui se charge de former un gouvernement politique ou encore aller directement vers des élections législatives anticipées ».

Quant aux autres partis politiques, ils cultivent des positions diverses et même maximalistes telle que la Coalition Al-Karama (19 députés) qui refuse le choix d’un gouvernement de technocrates et s’oriente vers la perspective de ne pas voter la confiance au gouvernement de Mechichi.

Le Parti destourien libre (PDL- 16 sièges au parlement) refuse, lui,  la nomination de Taoufik Charfeddine à la tête de l’Intérieur et celle de Mohamed Boussetta à la tête de la Justice et demande au chef du gouvernement de les changer. Il avait conditionné son soutien au gouvernement Mechichi par l’éloignement de l' »Islam politique ».

Enfin, le mouvement Tahya Tounes (10 députés)  dit soutenir le gouvernement tant qu’il s’engage à mettre en œuvre un programme urgent pour atténuer les retombées économiques et sociales de la Covid-19, préserver les emplois et entamer les grandes réformes.

L.M

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