AccueilLa UNETunisie : Essid redirige la pression sur Nidaa Tounes... Et c'est Facebook...

Tunisie : Essid redirige la pression sur Nidaa Tounes… Et c’est Facebook qui régale!

A défaut d’avoir pu ameuter l’opinion publique, en sa faveur, pour le protéger de ses détracteurs, plus nombreux de jour en jour, le chef du gouvernement, Habib Essid, est au moins parvenu à rediriger les pressions dont il se dit victime vers le parti Nidaa Tounes. En effet dès le lendemain de son discours-confession sur Attessia, tous les regards se sont tournés vers Nidaa Tounes, essayant d’identifier celui ou ceux qui ont exercé des pressions, et même menacé, l’occupant du palais de la Kasbah. On ne sait pas si Habib Essid, très maladroit du reste quand il s’agit d’emballer et de passionner son auditoire, avait calculé son coup, mais le fait est que l’exposé sur ses malheurs à la tête du pays a fait mouche.

Après le passage de l’interview d’Essid, que Borhane Bsaies, en bon pro de la com qu’il est, avait pris soin d’installer dans toutes les têtes avec son post sur sa page Facebook, c’est l’agitation dans le microcosme des leaders politiques. Les accusations ont commencé fusé, par médias interposés. Les dirigeants de Nidaa Tounes sont tout de suite montés au créneau pour se jeter à la figure des choses pas très jolies. L’ancien directeur exécutif du parti, Boujemaâ Rmili, est le premier à être sorti du bois, avec un statut sur Facebook. Il a déclaré avoir eu vent d’informations, non vérifiées, précise-t-il, indiquant que la menace dont tout le monde parle avait été balancée par le premier conseiller auprès du président de la République, Noureddine Ben Ticha. Bon, la posture de Rmili – ‘informations non vérifiées’ – est un peu légère pour le coup, notamment pour un politicien de sa trempe, mais l’essentiel est ailleurs pour lui. Ce qui compte c’est de se laver, publiquement, de cette opprobre… et de diriger les soupçons vers le copain d’à côté. Pas très élégant, mais il y a longtemps que la classe politique ne nous avait pas éblouis par cette qualité. Et l’enterrement d’Essid, qu’il s’apprêtent à fêter – ils auront l’outrecuidance de le célébrer, n’en doutez pas, après l’avoir encensé il y a peu – confirme tout le bien qu’on pense des politiciens.

Rmili s’est mouillé un peu plus, à peine un peu plus, en ajoutant que Ben Ticha aurait pris contact avec un certain Mohamed Ben Rejeb, un proche de Habib Essid, pour lui faire savoir que si ce dernier ne rendait pas son tablier, il allait être « traîné dans la boue ». Avec quels dossiers explosifs sur le chef du gouvernement ?? Mystère… Tout cela pour dire qu’on est, encore une fois, au summum de la légèreté… et du manque de respect pour les citoyens.

L’ancien directeur exécutif de Nidaa Tounes ne s’arrête pas là, il a écrit que le député à l’ARP Mehdi Ben Gharbia aurait approché Habib Essid pour lui passer un message rédigé par le directeur du cabinet présidentiel, Selim Azzebi, où il était clairement demandé à Essid de partir. Une requête qui aurait été faite par le chef de l’Etat en personne, Béji Caid Essebsi, mais qu’il aurait peur, pour Dieu sait quelle raison, d’assumer publiquement.

A la fin de son post, Rmili a quand même endossé le costume du preux chevalier en demandant que ses affirmations soient vérifiées et qu’elles soient la base d’investigations.

Verset coranique, la fin des temps… on se défend comme on peut

Quant à Noureddine Ben Ticha, il s’est fendu d’un verset coranique, truffé d’allusions, sur sa page officielle Facebook (heureusement que Mark Zuckerberg l’a créé celui-là !) : « ô vous qui avez cru ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait ». Sans commentaire…

Fayçal Hafian, qui souffle aussi à l’oreille du président de la République, a opté pour une méthode pour le moins énigmatique : Il a posté, encore sur Facebook, décidément, que les propos de Boujemaâ Rmili sont un signe de la fin des temps. Là encore… sans commentaire.

Hafian a quand même gratifié Rmili de quelques noms d’oiseau, ou de « bélier » plus précisément, téléguidé par d’autres individus, dont Ridha Belhadj et Khemaeis Kssila, que le conseiller d’Essebsi a invités à « élever le débat ». Je ne suis pas sûr que lui-même ait donné le bon exemple…

Pour le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, c’était dénégations au menu, sur toute la ligne. Il est intervenu sur la radio Shems FM pour affirmer que le chef du gouvernement n’a fait l’objet d’aucune menace ou pression. Le croit qui voudra…

Le député Abdelaziz Kotti a lui aussi préféré s’en prendre au discours de Habib Essid, qu’il a qualifié de « tout bonnement creux ». Et quand on insiste pour avoir son sentiment sur les flèches décochées en direction de Nourredine Ben Ticha, Selim Azzebi et Mehdi Ben Gharbia, Kotti botte en touche en déclarant que ces mots – menaces sur Essid – n’auraient jamais pu sortir de la bouche des leaders de Nidaa Tounes ou de responsables de l’État.
Il a conclu en déclarant que si ces menaces ont vraiment été proférées, c’est le fait de personnalités « non-officielles ».

Voilà, vous savez un bout de ce qui se passe dans l’officine du parti sorti majoritaire des dernières législatives. Rassurez-vous, ce n’est guère plus brillant dans les autres partis, ils sont juste un peu plus doués pour la dissimulation. Le bon sens n’est pas, hélas, la chose la mieux partagée dans cette élite politique auto-proclamée. Le penseur français René Descartes, défenseur du bon sens devant l’Eternel, doit se retourner dans sa tombe…

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