Les projections et prévisions – ou plutôt prédictions, à ce stade – qui ont permis au chef du gouvernement, Youssef Chahed, d’élaborer le projet de la Loi de finances (PLF) 2018, le président de l’AJECT (Association des Jeunes Experts Comptables de Tunisie), Anis Ben Abdallah, n’y croit absolument pas. Il était ce matin du vendredi 27 octobre 2017 sur Express Fm pour expliquer pourquoi.
«Le gouvernement estime qu’à la fin de l’année 2018, 1 dollar équivaudra à 2,65 dinars. L’euro, lui, sera échangé à 3,05 dinars. Ces évaluations ont été faites sachant que durant l’année 2017, le dinar s’est érodé de 20%. Alors question : est-ce qu’on sera en mesure de garantir ce schéma de taux de change ou est-ce qu’on va sortir de ce cadre ? Dans le deuxième cas, on sera contraint de filer vers un PLF complémentaire».
Ben Abdallah a indiqué ceci, sur le même sujet : En 2016, «nous avions prévenu que les hypothèses de la Loi de finances 2017 n’étaient pas réalistes. On est dans la même situation aujourd’hui. Si on démarre mal, on part avec un handicap».
Par ailleurs le président de l’AJECT a abordé le prix du baril de pétrole, une donnée centrale dans le calcul du Budget. «Le prix du baril de pétrole a été évalué à 54 dollars à la fin de l’année 2018, alors qu’actuellement il est à 53 dollars. La Banque Mondiale est même d’avis que le prix du baril de brut peut monter à 60 dollars à la fin 2018».
Enfin il a rappelé que le Budget a été bâti sur la base d’un taux de croissance de 3% à la fin 2018, alors qu’au premier trimestre 2017 le pays affichait 1,9% de taux de croissance. «Ainsi, si nous intégrons dans l’équation la pression fiscale qui va être exercée et le glissement du dinar, nous pensons que l’hypothèse de 3% de taux de croissance n’est pas réaliste, surtout au regard des incitations à l’investissement qui ont été réduites».