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Syrie: Des négociations morts-nées, un président au destin tragique malgré ses succès militaires

Ce qu’on pressentait est arrivé. Les négociations de Genève ont été gelées, rendez-vous a été donné aux deux parties le 25 février pour tenter d’avancer sur ce qu’on n’a pas pu obtenir présentement. Mais l’affaire est très mal engagée car l’opposition a dit qu’elle ne reviendra sur le sol suisse que quand elle aura obtenu du régime qu’il lève le blocus des villes assiégées pour des urgences humanitaires et que les Russes cessent de déverser des pluies de missiles sur les civils. Elle a très peu de chances d’être entendue car quand on enchaine les succès militaires, ce qui est le cas des forces de Bachar Al Assad en ce moment, on est très peu enclin à faire des concessions…

En fait le sort des Genève a été scellé sur le terrain ces derniers jours. Ce que le régime n’a pas réalisé en trois ans il a réussi à le faire en quelques jours. La route qui ravitaille les rebelles a été coupée. Ce sont pas moins de 320 bombes qui ont été larguées par les Russes sur Alep en trois jours, d’après l’OSDH, des attaques infernales qui massacrent autant de civils que de rebelles. D’ailleurs les Russes se refusent à faire le distingo et à stopper leurs frappes tant que ceux qu’ils considèrent comme des terroristes n’auront pas tous été neutralisés. C’est d’ailleurs le paradoxe de cette situation, où les Russes tirent plus sur les rebelles que sur Daesh. Mais si on y regarde de plus près ce n’est pas si étrange que ça, en fait l’ennemi pour les Russes c’est plus les rebelles que l’Etat islamique puisqu’il s’agit avant tout de rééquilibrer les rapports de force entre leur allié, Al Assad et la rébellion qui menait la vie dure à Damas. Daesch reste secondaire dans cette équation…

La France pousse des cris et accuse Moscou et Damas de tenter d’étrangler l’opposition pour impose son diktat ; même son de cloche du côté de Washington, qui accuse Poutine et Al Assad de privilégier l’option militaire au lieu d’une solution politique. Mais tout cela ne trouble pas outre mesure le régime syrien et les Russes, convaincus que ni les Français ni les Américains n’ont envie de se mouiller plus dans le conflit syrien après le désastre irakien et le chaos libyen, qui commence sérieusement à inquiéter les Occidentaux…

Al Assad n’est pas tiré d’affaire pour autant

Etrangement, malgré ses succès militaires fulgurants, le ciel du président syrien est plus sombre que jamais. La voie qu’il a choisie est sans issue. Il ne gouvernera plus jamais toute la Syrie. Son âge d’or est derrière lui. Au meilleur des cas, une victoire militaire lui permettra de se barricader à Damas et tout au plus de gérer quelques villes. Il a trop de sang dans les mains pour que ses ennemis le laissent gouverner en toute sérénité. Il sera toujours harcelé de l’intérieur par ses adversaires et aura en permanence une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. De toute façon les Russes ne pourront pas indéfiniment déverser des bombes sur les rebelles pour permettre à leur allié d’avoir le dessus.

Si Al Assad accepté de négocier avec l’opposition, c’est à peu près le même scénario. Au meilleur des cas il obtiendra qu’on le laisse régner sur un morceau du territoire, au pire des cas il sera poussé vers la sortie, progressivement. Mais pour aller où après ? A part la Russie il ne pourra finir ses jours nulle part. Les portes de l’Occident lui sont définitivement fermées. Ce serait un hôte beaucoup trop encombrant avec tous ces centaines de milliers de morts et d’atrocités dont il est cause. C’est fini le temps où les chancelleries occidentales lui déroulaient le tapis rouge, lui et sa femme, voyant en eux un couple chic, cultivé et ouvert d’esprit qui allait semer les graines du progrès et de l’émancipation dans une partie du monde réfractaire aux changements. Al Assad a raté le coche, il aurait pu partir quand il était encore temps, quand on lui proposait de lâcher son fauteuil pour éviter à la Syrie un bain de sang. C’est trop tard pour lui. Dans tous les cas, c’est un funeste destin qui l’attend…

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