AccueilLa UNETunisie-France : Fini la diplomatie feutrée, on taille dans le vif!

Tunisie-France : Fini la diplomatie feutrée, on taille dans le vif!

La campagne Créative France, c’est le nouveau visage que la France, « un vieux pays » dont la culture rayonne dans le monde, veut présenter. Une image qui exhale le dynamisme d’une nation attractive économiquement, qui regorge de talents, dans tous les secteurs et qui a beaucoup à apporter à la Tunisie et au reste de la planète. C’est ce tournant diplomatique majeur, du reste, que le nouvel ambassadeur de la France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor, a « vendu » à l’assistance lors de la cérémonie de lancement de Créative France, hier mercredi 26 octobre 2016 dans la soirée dans sa résidence à la Marsa. Business France, l’agence nationale en charge de l’internationalisation de l’économie française et initiatrice de la campagne, a d’ailleurs installé ses quartiers aux environs de l’Ambassade de France à Tunis. L’affichage est on ne peut plus clair : l’Hexagone a décidé de changer de braquet et d’apporter des correctifs à son rapport au monde, et tient à le faire savoir…

L’ambassadeur de France, devant un parterre d’entrepreneurs tunisiens et français, a arboré hier le costume de VRP (voyageur, représentant et placier) de cette nouvelle France qui veut tout bousculer sur son passage, ou du moins le prétend, qui veut se départir de l’image d’une vieille puissance qui ronronne, se repose sur ses lauriers, pendant que les Anglo-Saxons et les Asiatiques étonnent le monde chaque jour. Le symbole est fort, les mots pour le dire aussi. Olivier Poivre d’Arvor a déclaré qu’il est temps de mettre en veilleuse la France « tour Eiffelesque », la France « Louvresque », la sempiternelle culture quoi, pour faire la promotion de la France qui cause économie, emploi, business. Chiche lui dit la Tunisie, qui justement attend de la France, à quelques semaines de la Conférence internationale sur l’investissement, attend des signaux clairs dans ce sens, lesquels, il faut le dire, tardent à venir. Le Premier ministre tunisien, Youssef Chahed, ne manquera certainement pas de le signifier aux autorités françaises lors de sa visite officielle à Paris les 09 et 10 novembre 2016.

Le tournant de la diplomatie à la hache

Mais, à en croire l’ambassadeur de France à Tunis, la Tunisie, comme du reste la France, n’a pas un problème de savoir-faire mais de faire savoir. Ou plus précisément de communication. Olivier Poivre d’Arvor est d’avis que la Tunisie, qui peut se targuer d’avoir réussi là où beaucoup de ses voisins ont trébuché – la transition démocratique -, est encore plombée par les images, encore dans les têtes, des carnages du Bardo et Sousse, comme la France l’est depuis les tragédies de Paris et Nice. Il propose de clore ces chapitres en frappant les esprits par un habillage résolument moderne et dynamique, comme l’Espagne avait fait sensation avec le musée Guggenheim de Bilbao, point de départ d’une virginité retrouvée et d’un afflux massif de touristes, investisseurs et partenaires pour le pays.

Cette sortie d’Olivier Poivre d’Arvor, qui là a indéniablement un côté professoral, et même donneur de leçon, ne manquera pas de faire parler dans les chaumières. Cette posture tranche avec la diplomatie feutrée, dans la droite ligne de la tradition française, incarnée par l’ancien ambassadeur François Gouyette. Ce dernier avait su, avec doigté, effacer des esprits les turpitudes de son prédécesseur, Boris Bollion. De cette diplomatie classique, qui ne fait pas de vagues, de Gouyette, on est donc passé à l’ère Poivre d’Arvor où les angles sont moins arrondis et les propos plus vifs, plus tranchants, pas du tout dans l’esprit des canons habituels en la matière. D’ailleurs les propos du nouvel ambassadeur sur RTL le 30 août 2016, sur sa mission en Tunisie, raisonnent encore dans toutes les têtes. L’homme de lettres avait fait un choix de mots désastreux, oubliant que les mots ont un poids. A moins qu’il l’ait fait à dessein, inaugurant un nouveau diplomatique qu’on n’a pas vu venir. Ce qui est sûr c’est que le portrait au vitriol de Mediapart, le 12 octobre 2016, donne un autre relief à cette intervention mémorable à bien des égards.

On ne sait pas pour le moment si le Quai d’Orsay assume ce virage diplomatique musclé, sans concession, ou très peu, mais ce qui est sûr c’est qu’on n’a pas eu vent d’un recadrage d’Olivier Poivre d’Arvor par son patron, Jean-Marc Ayrault. Et comme on dit, qui ne dit mot consent. On dira donc, jusqu’à la preuve du contraire, que la diplomatie française en Tunisie a décidé de changer de ton, que ça plaise ou non aux autorités locales. Pour ce qui est des retombées de la campagne Créative France pour la Tunisie, laquelle a indéniablement des aspects très séduisants avec ses « égéries », toutes des personnalités qui brillent dans le monde, on jugera sur pièces…

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