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Tunisie : Quand le jus est tiré, il faut le boire…

A trois semaines des élections municipales, les esprits se chauffent, pas du côté des citoyens, que hélas très peu de choses emballent en ce moment, mais du côté des partis politiques. Ces derniers ne sont certes pas des lumières dans leur capacité à prendre les Tunisiens par la main pour les embarquer dans le train d’une démocratie apaisée, mais ils ont au moins compris les gros enjeux – économiques et politiques – d’un scrutin qui va influer dans la direction des affaires du pays, décentralisation oblige. Mais la classe politique n’est pas la seule à s’intéresser à ce rendez-vous, il y a les amis et partenaires de la Tunisie aussi, pour les raisons qu’on a évoquées. L’Union européenne, la première partenaire, est celle qu’on voit et entend le plus, mais il y a aussi les Etats-Unis. Leur ambassadeur à Tunis, Daniel Rubinstein, a indiqué samedi 14 avril 2018 à Hammamet sud que les élections locales en Tunisie constituent « un point historique dans le processus de transition démocratique et un pas décisif sur la voie de la réalisation de la démocratie participative« .

« Le choix courageux fait par le peuple tunisien est une source d’inspiration pour beaucoup. Ce qui s’est passé en Tunisie est cent pour cent tunisien et ceux qui croient toujours que l’artisan de cette révolution et de cette transition démocratique est américain ou européen se trompent« . Il a bien raison de préciser cela, la théorie du complot a la vie dure par ici !

Prenant part à la conférence des partenaires de l’organisation I Watch à Hammamet, l’ambassadeur des USA a affirmé : « c’est le peuple tunisien qui a choisi la voie de la démocratie et non les Etats Unis ou autres pays« . Les changements historiques et positifs amorcés par le peuple tunisien confirment le rôle crucial de la société civile dans la préservation de ces acquis et la réussite du processus démocratique, a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Tout changement, progrès ou réforme n’est pas uniquement du ressort des gouvernements mais constitue le fruit d’une véritable coopération avec la société civile« .
Pour sa part, la conseillère politique de l’Union européenne en Tunisie a indiqué que l’UE a déployé une équipe d’observation électorale qui devra assurer à partir de lundi l’observation du processus électoral municipal en Tunisie.

Elle a souligné l’importance du rôle de la société civile dans la réussite du processus démocratique et un des principaux chantiers engagés en Tunisie, celui de la concrétisation de la décentralisation. Cette hauteur de vue n’a rien à voir avec l’agitation dans le microcosme politique local.

Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, s’est exprimé dans la même journée, à l’ouverture de la campagne du ‎mouvement dans la délégation de Hraïria ‎‎(gouvernorat de Tunis). Bon, il a tenté de prendre une sorte de distance républicaine avec l’effervescence dans les états-majors des partis : « Les municipales de 2018 doivent asseoir une véritable démocratie« , a-t-il déclaré. Mais personne n’est dupe, ce que veulent surtout les islamistes, c’est s’ancrer définitivement dans toutes les localités du pays, après avoir raflé la mise à l’ARP, sans se fouler (68 députés, alors que le parti vainqueur des législatives de 2014, Nidaa Tounes, n’en a plus que 55). Cette ambition est légitime somme toute pour une formation politique, mais il faut l’assumer ouvertement, et ne pas verser dans l’escroquerie intellectuelle en affirmant que « 54% des lites candidates d’Ennahdha sont ‎indépendantes« . Et c’est encore plus suspect quand Ghannouchi dit que Ennahdha a beaucoup oeuvré pour que ces municipales aient lieu, en dépit des forces occultes qui se sont activées pour faire capoter la gouvernance locale.‎ Quelles forces ? Soutenues par qui ? Pour quel dessein ? Le chef de file des islamistes en a trop dit ou pas assez….

Le secrétaire général du mouvement Achaab, Zouheir Maghzaoui, a été aussi énigmatique. Il a invité, samedi 14 avril 2018, l’Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE) à assumer sa responsabilité dans le contrôle des « crimes électoraux« , notamment l’argent politique sale, outre son rôle technique de premier plan. Comme si l’ISIE, dont on se rappelle les dérives financières du temps de Chafik Sarsar, des écarts consignés par un rapport de la Cour des Comptes et impunis à ce jour, avait les moyens, le pouvoir et la légitimité morale pour s’occuper de l’argent sale qui pourrait tourner. Le gouvernement a promis qu’il mettra les partis politiques au pas. On l’attend…

Maghzaoui a par ailleurs affirmé qu’il y a des tentatives délibérées d’empêcher l’adoption du Code des collectivités locales avant le déroulement des élections municipales. « Ces sont des tentatives très dangereuses car elles occultent devant les candidats et les électeurs les prérogatives du conseil municipal et ses relations avec l’autorité régionale et centrale et cachent une volonté d’altérer ses articles afin qu’ils servent les intérêts étroits des partis« , a-t-il indiqué. Al Bawsala a dit la même chose. De toute façon rien ne nous surprend de la part de ce qui nous sert d’élite politique. Le drame c’est qu’on ne voit pas à court et même à moyen terme ce qui pourrait inverser la tendance…

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