Une nouvelle polémique vient d’éclater au sujet du projet de loi régissant les banques actuellement examiné à la commission des finances de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).
Ce projet de loi vise la restructuration du secteur bancaire en Tunisie à travers la mise en place d’une série des mesures et des réformes.
En effet, le texte en question propose la liquidation des banques en cas de faillite. Or, cette disposition pose maints problèmes notamment celui ayant trait à l’indemnisation des clients. Une mesure qui a provoqué l’ire de plusieurs membres de la commission des finances qui après des échanges de points de vue, ont demandé l’amendement de certains articles.
Un projet dangereux …
Mongi Rahoui, député du Front Populaire s’est signalé par la réaction la plus remarquée sur ce registre qualifiant ce projet de loi actuel « de dangereux et de délicat » puisqu’il ne garantit pas le remboursement des clients en cas de faillite des banques.
Mais pour quoi ? C’est simple. Car, l’indemnisation des clients des institutions bancaires en cas de faillite ne pourrait se faire qu’une fois commis un liquidateur judiciaire, a répondu Rahoui à Africanmanager. Et d’ajouter : « il faut bien préciser qu’une partie de l’indemnisation payée par la Caisse de Dépôts et Consignations alors que la seconde partie le serait assurée par le liquidateur désigné. Or, nos établissements bancaires ne sont pas actuellement dotés d’assez de liquidités et de solidité financière pour y faire faire ».
Pour ce faire, le député du Front Populaire a exigé la mise à niveau des banques tunisiennes pour qu’elles aient la solidité financière nécessaire afin de pouvoir surmonter ce genre des difficultés. « C’est important surtout qu’on veut promulguer cette loi », a-t-il remarqué.
Vers la mise en place d’un système libéral capitaliste sauvage
Cet avis est partagé par l’élue du Courant démocratique Samia Abbou qui a mis en garde contre ce projet de loi lequel, selon ses dires, va instaurer un système libéral capitaliste sauvage.
« Une fois ce projet de loi promulgué, on pourrait se trouver dans une situation où trois ou quatre banques seraient liquidées. Or, c’est très grave puisque pareille situation pourrait provoquer une crise économique », a-t-elle martelé.
La députée du Courant démocratique n’a pas manqué d’accuser le FMI et la Banque Mondiale d’imposer un « diktat » qui peut mettre à genoux l’économie tunisienne.
D’après elle, ces institutions financières internationales veulent dominer à distance la Tunisie et même provoquer une crise avec la promulgation du projet de la loi relatif aux banques et aux institutions financières.
Les accusations de certains représentants du peuple viennent à un moment délicat où le gouvernement tunisien a reconnu qu’ « on a besoin d’un coup de pouce de ses partenaires internationaux pour réussir dans la mise en œuvre des réformes économiques ».
Le ministre des Finances Slim Chaker, dans une récente interview à Africanmanager, avait repris à son compte cette nécessité, estimant que la communauté internationale doit etre plus en plus sensible aux grands défis de la Tunisie pour que la probabilité de réussite soit plus grande.