AccueilLa UNETunisie : L'art de bousiller ses chances avec des lois ringardes

Tunisie : L’art de bousiller ses chances avec des lois ringardes

Ibrahim Dabeche, le président de la Chambre Tuniso-Allemande d’Industrie et du Commerce (AHK Tunisie), a indiqué que les deux lois de finances 2017 et 2018 ont été lourdes de conséquences pour les entreprises, notamment exportatrices et que plusieurs entreprises allemandes installées en Tunisie sont choquées par certaines mesures et procédures inscrites au titre de la LF 2018. Il a cité la dernière circulaire de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et du ministère du Commerce qui exige le dépôt de documents d’exportation en anglais, en français ou en arabe : « Bien que l’Allemagne soit un partenaire stratégique, sa langue n’est pas reconnue par la douane tunisienne« , a indiqué le président de l’AHK Tunisie, avant de signaler que la Tunisie est en train de perdre ses chances par rapport à d’autres pays à causse de ces lois de finances .

Il en ressort, en effet, selon les résultats de l’enquête de l’AHK, révélés ce lundi 25 juin 2018, à Tunis, que la douane représente largement l’obstacle le plus contraignant pour les sociétés allemandes, même si le taux diffère selon le régime de la société (81% pour les sociétés non totalement exportatrices et 49% pour les exportateurs). En deuxième position, avec 26%, il y a les difficultés liées au transfert de devises et les opérations avec la BCT.

Pour résoudre ces problèmes, l’enquête a donné la parole aux entreprises allemandes afin de présenter au gouvernement tunisien des pistes pour améliorer les choses. En tête de ces suggestions, il y a la lutte contre la corruption, la stabilité sociale, l’implantation d’un port en eau profonde à Enfidha, l’amélioration des transports publics et l’infrastructure de base.

Outre ces difficultés qui sont pratiquement toutes liées à la façon dont le pays est administré, 56% des entreprises allemandes opérant en Tunisie pointent du doigt l’instabilité sociale, puis vient l’instabilité politique (54%). Par ailleurs, 48% des entreprises désignent la rigidité administrative comme étant un grand risque pour le développement de leurs affaires en 2018.

Brahim Dabeche a sous un autre angle indiqué que le nouveau code de l’investissement n’a pas été digéré et mis en place : « Il faut encore aller plus loin (…) il y a un manque de communication sur le code« , a-t-il précisé.

Interrogé sur l’Afrique, Dabeche a assuré que cela reste un peu compliqué, mais possible par le biais de la Tunisie qui a été retenue parmi les pays prioritaires et se présente, selon ses dires, comme une plate-forme de l’Allemagne vers l’Afrique Subsaharienne.

De son côté, Martin Henkelmann, le DG de l’AHK Tunisie, a tenu à préciser que le nouveau code de l’investissement contient de bons éléments mais le grand défi est de mettre cela en marche.

Questionnées par rapport aux conditions d’implantation sur le site tunisien, tant sur le plan des atouts que des risques, les entreprises allemandes sondées ont évoqué plusieurs avantages majeurs, à l’instar de la proximité géographique par rapport à l’Europe avec un taux de 81,6%, les coûts de production compétitifs (51%) ainsi que l’évolution du taux de change qui favorise l’Euro par rapport au Dinar, avec un taux de 51%.

 L’enquête a en outre établi qu’à cause des nouvelles mesures fiscales prévues par les lois de finances 2017 et 2018, occasionnant notamment l’annulation des avantages fiscaux en faveur des investisseurs étrangers totalement exportateurs, l’atout fiscal ne figure plus dans le top 3 des avantages du site Tunisie. Seules 27,8% des entreprises totalement exportatrices sont en effet encore motivées par les avantages fiscaux en Tunisie. On note d’ailleurs que les coûts de production compétitifs et un bon niveau d’éducation devancent l’atout fiscal. Par ailleurs on remarque que l’évolution du taux de change a clairement plus d’impact positif sur les entreprises totalement exportatrices (62,5%), que sur les entreprises non totalement exportatrices (19,2%). Cet atout est évidement bien plus ressenti quand il s’agit de convertir le Dinar en Euro que l’inverse.

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