Le rapport de la commission du développement régional relevant de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) a dévoilé, ce jeudi 24 mai 2018, son rapport sur le développement régional dans le Sud-Est (Tataouine, Gabès et Médenine). Il en ressort que ces régions souffrent de taux de pauvreté très élevés, de l’absence de vision stratégique et d’un modèle de développement clair et répondant au mieux aux besoins de ces gouvernorats. Ledit rapport a été fait suite à des visites effectuées par les membres de la commission du développement régional dans cette région.
Le rapporteur de ladite commission a dans ce sens appelé à changer le modèle de développement du Sud-Est, sachant que ce dernier ne cadre pas avec les capacités et le potentiel de développement dans ces gouvernorats. « Le Sud-est est doté de plusieurs atouts lui permettant de se classer dans les premiers rangs des régions développées, mais ils ne sont pas exploités« , a-t-il soutenu.
Il a déploré la dégradation de l’infrastructure, notamment les gouvernorats de Tataouine et Gabès, ce qui empêche les investisseurs de se rendre dans cette région pour faire des affaires.
Outre la mauvaise infrastructure, le député a critiqué le blocage au niveau de la mise en oeuvre des projets, expliquant cela par des problèmes fonciers, la lourdeur des procédures administratives et les mauvaises prestations dans ces gouvernorats.
Il a d’autre part indiqué que l’indice de développement pour l’année 2015 classe respectivement Gabes 13ème, Tataouine 18ème, Medeinie 15ème, qualifiant ces rangs de très en-deça des attentes eu égard au bon classement de ces régions en matière d’attractivité.
Quant à lui, Fadhel ben Omrane a mis en garde contre les statistiques de l’Institut National des Statistiques (INS) sur la pauvreté. « Il faut vérifier les chiffres (…), à l’ARP on s’est mis d’accord pour ne pas prendre en compte les chiffres et les indices publiés par l’INS (…). Ils sont en train de nous enduire en erreur« , a indiqué l’élu, avant d’ajouter qu’il avait envoyé une correspondance au chef du gouvernement sur cette question, mais aucune réponse ne leur est parvenue jusqu’ici. « Ma correspondance a été jetée à la poubelle« , a-t-il dit.
Il a démenti l’étude de l’INS selon laquelle Sousse se classe troisième gouvernorat le plus pauvre après Kasserine et Kairouan, qualifiant cela de faux et illogique.
Ce n’est pas la première fois que Ben Omrane s’en prend aux données publiées par l’INS, en janvier 2017 il avait porté une attaque contre l’institution, pour les mêmes griefs contre les statistiques sur la pauvreté.Le ministre du Développement de l’époque, Fadhel Abdelkefi, avait été obligé de monter au front, au Parlement, pour défendre le travail de l’organisme.
Ben Omrane a d’autre part évoqué le taux de croissance de 2,5% annoncé par le gouvernement durant le premier trimestre de cette année. « Cette croissance a été faite grâce à Dieu et n’est pas du aux efforts du gouvernement« , a-t-il précisé.
Il a dans un autre contexte exprimé son opposition à la nouvelle taxe imposée aux promoteurs immobiliers. « Pourquoi cette taxe ? L’immobilier ne va plus et c’est pour cela que rien ne va dans le pays (…). Aujourd’hui c’est un autre secteur sinistré qui s’ajoute à la liste : c’est le bâtiment« , a-t-il indiqué…
Un autre député a appelé à mettre en place des avantages et des lois spéciales pour les régions frontalières et opter pour le principe de la discrimination positive en faveur de ces régions marginalisées depuis longtemps, selon ses dires.
Nous rappelons à ce propos que l’ARP a tenu, ce jeudi 24 mai 2018, au Bardo, une séance plénière pour examiner le rapport de la commission du développement régional sur les visites qu’elle a effectuées dans le Sud-Est du pays. Cette plénière s’est déroulée en la présence des ministres du Commerce, de l’Agriculture, des PME, de l’Environnement, de la Culture, du Tourisme, de la Santé et de l’Équipement.
Ont pris également part à cette plénière le secrétaire d’État auprès du ministre du Transport, des représentants du ministère de l’Investissement et de la Coopération internationale ainsi que les gouverneurs de Gabès, Tataouine et Médenine et des responsables des administrations régionales.