La Tunisie est le 93ème plus petit pays au monde. Mais, plus grande que la Grèce, la Bulgarie, le Portugal, ou la Suisse, selon Wikipédia. Elle occupe la 97ème position dans le classement des pays les plus riches en PIB selon les chiffres en USD du FMI (98ème selon la Banque Mondiale et 91ème selon les Nations Unies), la 14ème au niveau de l’Afrique.
Elle est aussi le 129ème pays en PIB par habitant selon le CIA World Factbook avec 12.000 USD par tête d’habitant, bien avant la Libye 141ème, le Maroc (147ème avec 600 USD), les Philippines, l’Inde et beaucoup d’autres pays africains. Mais 79ème mondiale, en PIB en parité de pouvoir d’achat, selon la même source (135,9 Mds Internationaux), mieux que le Bahreïn (99ème avec 69,77 Mds internationaux), selon les chiffres de la CIA.
Elle est au 78ème rang sur 109 économies dans le Doing Business qui ne la calcule plus depuis 2020. La Tunisie a été classée 88ème sur 193 pays, en matière de gouvernance électronique, enregistrant ainsi une amélioration de 11 places par rapport aux résultats de 2019, selon la 12ème édition d’E-Government Survey 2022 de l’Organisation des Nations unies. 80e dans l’indice de développement des voyages et du tourisme. « The Heritage Foundation » classait en 2021 la Tunisie à la 119ème place de l’indice de liberté économique. La Tunisie, nation exportatrice de compétences Tic en France et ailleurs, est désormais classée 83ème dans le Startup Ecosystem Index 2022 publié par Startup Blink. Elle perd ainsi une place par rapport au classement de l’année 2021. Tous ces classements sont pourtant améliorables pour une Tunisie au Top 50, ce qui est réalisable comme le dit en 2021 un rapport de l’Itceq (Pdf).
– 537 mille entreprises pour plus de 4 millions d’actifs
En Tunisie où l’Etat-providence a disparu en 1969 refusé parle peuple, pays qui vit désormais par l’entreprise privée et qui fabrique périodiquement des stratégies d’investissement pour améliorer ses 2,8 % de croissance et ses 15,3 de de taux de chômage, 73,7 % des entreprises, 61023 sont des SARL. Cette dernière est généralement composée de 2 à 50 employés.
La Tunisie compte, selon les chiffres du RNE quelque 537.500 entreprises. Comptant 12 millions d’habitants, y sont donc recensées 44,7 13 entreprises pour 100 actifs, dont la population était de 4,080 millions selon chiffres de l’INS.
Selon les chiffres du RNE, 19,9 % des entreprises en Tunisie sont des Suarl, forme d’entreprise constituée d’une seule personne qui y détient tous les pouvoirs, et généralement donc de petit commerce, insaisissables pour le Fisc, incapables d’accéder au crédit bancaire et presqu’incapables de créer de la valeur ajoutée.
Cette petitesse qui caractérise l’entreprise en Tunisie, est confortée par d’autres chiffres du RNE. Ce dernier indique 41,7 % des entreprises ont un capital variant entre 1DT et 10 DT. Le capital de 22,8 % des entreprises inscrite au RNE, dépasse à peine le 1DT.
Le nombre des entreprises, capables de créer de la valeur ajoutée et qui ont les moyens d’accéder aux crédits, ne dépasse pas 1,4 %, ce qui reviendrait à 7.525 entreprises réellement capables de créer des emplois pour les autres, ou 0,0009 entreprise pour chaque habitant, ou encore 0,184 entreprises pour 100 Actifs.
Des comparaisons intéressantes
Pour la comparaison, en 2020, le Portugal comptait 924.469 entreprises employant entre 1 et 249 personnes, et 986 occupant plus de 250 personnes, selon les chiffres de l’OCDE. Et cela donne 89,9 entreprises pour 100 actifs, et aussi un taux de chômage de 6,6 % pour un PIB de 228,5 Mds USD (42,5 Mds USD pour la Tunisie en 2020).
La Suisse, plus petite que la Tunisie (4, 9 millions d’habitants pour une population totale de 8,7 millions), comptait en 2020 un peu plus de 140,5 mille entreprises (dont 1.230 grandes entreprises). La Bulgarie, (population de 6,9 millions, dont 3,275 millions d’actifs), comptait 345.119 entreprises, dont 696 grandes. Et sans aucune comparaison, en France, c’est 101 entreprises pour 100 actifs.
Par ailleurs, le RNE ne dispose pas encore du logiciel qui lui permettrait de mettre à la disposition du public des informations, telles que le nombre des entreprises commerciales, industrielles ou de services, et encore moins de déterminer le nombre de grandes entreprises en Tunisie, ou encore d’afficher le nombre d’entreprises selon le nombre d’employés ou selon le chiffre d’affaires réalisé.
– Les solutions, par de vrais experts
Faciliter la création de plus d’entreprises, c’est créer plus de richesses à distribuer. Pour cela, une étude l’institut tunisien d’économie quantitative propose la « facilitation de la création d’une entreprise en fusionnant davantage les services dans l’interlocuteur unique et en réduisant les frais. Consolidation de la transparence de l’administration foncière en publiant des statistiques de suivi des transactions immobilières au cadastre pour l’année civile précédente. La mise en place d’un système de contrôle fiscal basé sur les risques ».
Mais aussi, « l’instauration des bureaux privés de crédit, l’encouragement des entreprises au recours à l’arbitrage lors de la résolution des litiges, le raccourcissement des délais de raccordement à l’électricité,l’amélioration de la procédure de redressement judiciaire et la participation des créanciers à la prise de décision dans le processus de règlement de l’insolvabilité, l’amélioration des pratiques commerciales internationales et la facilitation des opérations d’import et d’export dans le port de Radés en améliorant l’efficience de la Société Tunisienne d’Acconage et de Manutention (STAM) et en investissant dans l’infrastructure portuaire ».
– Les industriels deviennent « Haragas » !
« La liste est longue des entreprises qui ont opté pour la Harga . C’est à un point tel que la Tunisie est en passe de devenir un désert industriel. En attendant, elle est devenue aujourd’hui le pays le moins industrialisé d’Afrique du Nord ». C’est ce qu’indique l’économiste indépendant Hachemi Alaya dans son « EcoWeek » du lundi 31 octobre 2021.
Observateur averti des changements économiques dans son pays, il ajoute que « malgré l’ampleur du rétrécissement du tissu industriel et la profondeur du déficit d’investissement, l’État tunisien refuse de prendre la mesure du fléau. La politique de l’autruche qu’il conduit depuis au moins deux décennies, a fait rater au pays le train des délocalisations et est en passe de lui faire perdre le deuxième train : celui des relocalisations ». Tout cela, sans oublier la cabale présidentielle contre les entrepreneurs, dont certains refusent désormais qu’on les appelle hommes d’affaires, et qui devrait cesser !
Manifestement désemparé, comme beaucoup de Tunisiens, H. Alaya estime que « la Tunisie ne peut espérer s’en sortir simplement en renouant avec l’autoritarisme politique et le dirigisme économique d’un autre âge. Elle doit inventer un nouveau modèle économique, aussi audacieux que celui initié par feu H. Bourguiba en 1956, ce qui ne peut se faire ni avec K. Saïed ni en quelques mois ».