La violence contre la femme est parmi les préoccupations majeures des défenseurs des droits de l’homme en Tunisie. Elle s’inscrit dans la droite ligne des revendications féminines et est dénoncée par tous les moyens appropriés. Les associations plaident pour l’arrêt des violations et l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes.
Une grande majorité des femmes agressées ou battues ne le déclarent pas, elles s´enferment dans un mutisme fataliste. Les femmes violentées par leurs conjoints risquent au mieux de perdre leur foyer et de se trouver à la rue avec leurs enfants.
En Tunisie 47,6% des femmes, âgées entre 18 et 64 ans, disent avoir été agressées, au moins une seule fois dans leur vie. Parmi elles, 31,7% ont été physiquement violentées, 28,9% ont subi un harcèlement moral et 7,1% des agressions économiques.
Quant aux agressions sexuelles, les dernières statistiques publiées par le ministère de la Femme révèlent un taux de 15,7%, sachant qu’une femme sur deux est victime de violence dans l’espace public, dont 90% dans les transports en commun!
Environ 28910 plaintes liées à la violence conjugale ont été déposées durant la période allant de 2008 à 2013, dont 904 cas de viol ont été traduits à la justice.
Un projet de loi contre la violence faite aux femmes
Le projet de loi sur la lutte contre la violence faite aux femmes s’articule autour de plusieurs principaux axes :
Il stipule le prolongement du délai de prescription des actions en justice en matière de viol d’une manière à permettre à la victime mineure au moment des faits de poursuivre son agresseur à partir du jour où elle est devenue majeure.
Il prévoit le renoncement à la peine de mort dans les crimes de viol puisque ce jugement reste inexécuté et non conforme au droit international.
Il énumère un certain nombre de relations sexuelles interdites tels que l’inceste, la violence conjugale, la violence verbale et psychologique.
Il criminalise, notamment, le harcèlement des femmes dans les lieux publics, la discrimination salariale fondée sur le genre, la violence économique, le travail domestique des enfants de moins de 16 ans et l’excision.
En plus des dispositions générales relatives à la terminologie juridique, le projet de loi garantit le principe de la non discrimination fondé sur le genre et assure une protection globale aux femmes victimes de violence.
Ce projet de loi prévoit la création d’un observatoire national de lutte contre la violence faite aux femmes chargé d’assurer la coordination entre les différentes structures pour collecter les données et d’élaborer un rapport annuel sur l’application de cette loi….