AccueilLa UNETunisie : Le gouvernement à qui mieux mieux !

Tunisie : Le gouvernement à qui mieux mieux !

Au fil des consultations sur la formation du prochain gouvernement et des préconisations des partenaires politiques, il s’avère que le chef du gouvernement désigné est encore à la recherche  d’un difficile voire improbable consensus envers les signataires du « Document de Carthage » et  sa propre famille politique, Nidaâ Tounès. Les personnalités de tous bords continuent de défiler à Dar Dhiafa où le chef du gouvernement désigné a pris ses quartiers, et chacun y va de ses propositions et « avis gracieux », à un point tel que Youssef Chahed, qui croyait et croit toujours bien faire, s’est retrouvé sous un déluge de demandes dont on voit mal comment pourrait sortir un gouvernement d’union nationale qui tienne véritablement son rang.

Au terme du second round prévu par l’initiative présidentielle, il émerge cependant  comme une entente sur les ministères régaliens qui ne devraient pas changer de titulaires, singulièrement ceux de la défense et de l’intérieur, étant estimé qu’il n’y a pas lieu de le faire, la lutte contre le terrorisme étant menée sans accrocs , avec même des réussites inédites comme en témoignent l’absence d’attentats et d’attaques depuis le mois de novembre dernier, surtout pendant le mois de Ramadan. Il y a aussi un accord sur la nécessité de rajeunir l’équipe ministérielle et y accroître la présence de la femme, deux engagements fortement soulignés par Youssef Chahed sitôt chargé de former son gouvernement.

Ailleurs, la marge de manœuvre du prochain chef du gouvernement est réduite à la portion congrue. Au demeurant,  il ne semble pas avoir réussi à rapprocher les positions des deux principaux acteurs de l’échiquier politique, notamment les états-majors de Nidaâ Tounès et d’Ennahdha, dont il a cruellement besoin pour obtenir le vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple. Etant lui-même membre dirigeant de Nidaâ et le demeurant encore, Youssef  Chahed, au contraire de son prédécesseur, Habib Essid, qui était à l’aise pour « vendre » son indépendance à l’égard des partis politiques, se trouve pieds et poings liés vis-à-vis de ces derniers et de leurs groupes parlementaires. D’autant que Nidaâ s’est assuré son allégeance partisane et politique et de sérieuses options sur certains portefeuilles de souveraineté, ce qui place le chef du gouvernement désigné dans la posture où il sera obligé de faire des concessions aux autres blocs parlementaires dont les voix sont nécessaires pour conférer une légitimité à son attelage ministériel, et d’abord les élus du parti islamiste, qui forment une force cohérente de 69 députés, et accessoirement ceux de l’UPL et d’Afek, qui totalisent à eux deux 25 sièges au Parlement. Résultat des courses, ces trois formations politiques seraient « dans leur droit », de placer la barre haut dès lors qu’il s’agira de distribuer les portefeuilles ministérielles, surtout ceux des ministères régaliens.

Déjà, pas plus tard que ce dimanche, le chef du  mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a rappelé à ceux qui feignent de pas l’avoir entendu que son parti « œuvrera à ce que sa représentation dans le gouvernement reflète son vrai poids politique, loin de la logique des quotas », sans omettre de souligner , de surcroît, que sa formation politique qui a proposé des noms, aura un « rôle agissant » dans le nouveau gouvernement. Et tout en mettant l’accent sur le souci de se rapprocher des partis et autres acteurs au service de la  » coalition démocratique réussie  » en Tunisie, il a tenu à cultiver une marquante différence par rapport aux  autres partis, mettant en avant son « attachement au dialogue et  rapprochement entre les différentes parties ».

De toute évidence, en cela, Ghannouchi ne fait que reprendre ce que les dirigeants en vue de son mouvement répétaient à l’envi pour signifier que tout devrait impérativement passer par eux et qu’ils n’entendant pas avoir les deux pieds dans la même bottine.

Nidaâ, la soupe à la grimace !

Tout en obtenant enfin que le chef du gouvernement soit issu de ses rangs, Nidaâ Tounès voit franchement d’un mauvais œil qu’Ennahdha s’arroge la part du lion dans le gouvernement d’union nationale. A cet égard,  son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi , aurait fixé deux lignes rouges. D’abord que le nombre de portefeuille à attribuer à son parti ne dépasse pas les quatre contre trois uniquement trois à Ennahdha. Ensuite, que la responsabilité du choix des représentants de Nidaâ Tounès au gouvernement soit du ressort exclusif de son fondateur, Béji Caid Essebsi. Deux conditions qui ont été vivement critiquées par  des dirigeants et élus de Nidaâ à l’ARP, ce qui devrait approfondir encore les divisions au sein de cette formation politique, déjà alvéolée par les scissions  que l’on sait.

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