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Tunisie : Certains vite embauchés par le privé et d’autres font le conseil. Que deviennent les anciens ministres ?

La Tunisie de l’après Ben Ali a vécu sous 3 présidents de la République, connu 7 Premiers ministres ou chefs de gouvernement qui ont composé 10 équipes ayant employé pas moins de 286 ministres, 195 secrétaires d’État et fait appel à 218 conseillers. Que sont devenus tous ces anciens responsables qui ont noirci les pages des journaux de leurs activités et des informations sur leurs réussites, leurs échecs, leurs bourdes ou leurs anecdotes que tout le monde épiait ? Où se cachent-ils après avoir envahi les plateaux de télévision et accaparé les micros des radios, publiques et privées ? Que font désormais ces anciens qui ont parfois défrayé la chronique ?

Petit nombre d’entre eux, comme ceux qui sont issus d’Ennahdha, font désormais de la politique un métier à temps plein. D’autres ont choisi de fructifier leurs expériences gouvernementales dans le domaine du consulting et ont même monté pour cela des cabinets. D’autres encore ont été vite aspirés par le secteur privé, attiré par leurs compétences et leur expérience.

  • Marzouk retourne à Orange, Mekki et Brahim en politique

Ancienne ministre du Tourisme, figurant à ce titre au classement des six premières femmes les plus influentes dans le monde arabe par Sayidati, Amel Karboul gère le think-tank du banquier d’affaires Kamel Lazaar (Swicorp), le «Maghreb Economic Forum (MEF)».

Ancien ministre, au titre de son appartenance politique au parti islamiste Ennahdha, aux postes de ministre des TIC puis de l’Energie et des Mines, Mongi Marzouk a repris en France sa carrière au sein d’Orange. Sur son profil LinkedIn, on lit qu’il est depuis octobre 2016 le vice-président VP du groupe Orange pour la gouvernance de l’énergie durable.

Issu lui aussi du parti islamique Ennahdha, où on lui prête l’image d’un faucon, Abdellatif Mekki, qui était ministre de la Santé de la Troïka, fait face à un mouvement de contestation appelé «révolution du bistouri». Réélu à l’ARP après avoir démissionné de l’ANC en 2012, il affirme se consacrer désormais à la politique et n’avoir d’autres ressources que sa prime ou son salaire de député.

Yassin Brahim préfère, lui aussi quoique d’un autre bord, se consacrer à la politique. Il s’occupe, depuis qu’il a décidé de ne pas rallier le GUN, d’Afek Tounes. Son bâton de pèlerin à la main, il fait du terrain pour élargir l’assise électorale de son parti en préparation des prochaines échéances électorales. Il a fait, de 2013 à 2014, du conseil pour son ancien employeur, mais s’investit désormais dans la création et le soutien des Start-up. «Une s’est déjà plantée et deux tiennent désormais la route, dont une s’oriente vers l’export», confie-t-il à Africanmanager. Ayant accumulé un petit patrimoine, dont une maison en location et le travail de sa femme ingénieur en soutien, il se donne jusqu’à 2019 pour voir venir.

  • Fehri à la Biat et Zakaria à la Sotugat

Noomane Fehri qui avait racheté en 2011 le cabinet de conseil en technologies MKC à son propriétaire, Mondher Khanfir, qui en a d’ailleurs créé un autre (Colombus Consulting) à côté du fond d’amorçage «Capitalis» qu’il gère, a intégré le groupe Biat pour se fondre dans sa Fondation où il s’occupe de l’incubateur de cette banque du groupe Mabrouk.

Après avoir été pendant un temps au conseil d’administration de son groupe de capital-investissement, Tunisie Leasing et ministre de l’Industrie et de la Technologie, en 2011, dans le gouvernement de Béji Caïd Essebssi, Abdelaziz Rassaa est depuis quelque temps ambassadeur à Paris. Un bon petit parachute doré que lui offre son premier patron de l’après Ben Ali. Son ancien chef de cabinet, dans le gouvernement Habib Essid avant d’être lui-même ministre de l’industrie du même gouvernement Essid, Zakaria Hamad est actuellement DGA de la société qui gère le gazoduc algérien qui traverse la Tunisie pour l’Italie, la Sotugat.

  • Retour aux sources, de Cheikhrouhou, d’Abdelkefi et de Zribi

Ancienne ministre des Finances du gouvernement de Youssef Chahed, Lamia Zribi a atterri à la tête du Conseil national de la statistique. Un poste avec rang de Secrétaire d’Etat au sein d’une institution sous tutelle du ministère du Développement économique que chapote Zied Laadhari.

L’ex-ministre du Développement et ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, réintègre le groupe familial «Integra Partners» et retrouve ses bureaux de Tunisie valeur, qui n’ont même pas été occupés lorsqu’il était ministre, après avoir démissionné et gagné l’affaire qui a été derrière sa démission du gouvernement de Youssef Chahed.

Ancienne ministre de l’Energie dans le gouvernement Chahed, Héla Cheikhrouhou préfère ne pas rempiler dans le GUN 2 et le fait savoir au chef du gouvernement tunisien. Nous rapportions au début de septembre qu’elle avait reçu des propositions à l’international. Cela se confirme. Celle qui a été la 1ère directrice exécutive du Green Climat Found, après avoir été Directrice du Département de l’Energie, Environnement et Changement Climatique à la Banque Africaine de Développement (BAD), où elle avait mis en place une série d’investissements de la BAD dans les énergies renouvelables et assuré des montages financiers et des partenariats publics privés dans ce domaine rejoint les USA pour un nouveau poste dans une grande institution internationale.

  • La compétence, comme l’argent, n’a pas d’odeur

Nabil Chettaoui, ancien PDG de Tunisair et ancien DG de l’aviation civile au ministère du Transport, avait été engagé par le groupe Délice Danone de Hamdi Meddeb. L’ancien ministre du Tourisme Khélil Lajimi a été repris par le groupe des frères Bayahi qui lui ont confié la présidence du conseil d’administration de leur société «Procan» (emballage métallique) et l’administration déléguée de «Sicam », une société exerçant dans la conserverie alimentaire, sans oublier le comité exécutif du groupe Bayahi.

Grande compétence aussi et ancien Conseiller économique du même gouvernement Essid, après avoir occupé le poste de PDG de la Steg, Ridha Ben Mosbah a été vite récupéré par le groupe Ben Yedder où il dirige depuis peu la société «Parenin», qui est le concessionnaire de la marque «Caterpillar» en Tunisie. Bien avant lui, le groupe Ben Yedder avait déjà su récupérer une autre compétence en la personne de Slim Chaker, qui y avait occupé et dirigé le pôle santé après avoir quitté le 1er gouvernement de Béji Caïed Essebssi en juillet 2011. BCE le reprendra à ses côtés à sa sortie du ministère des Finances à la venue du GUN (Gouvernement d’Union nationale) et l’injecte de nouveau dans le GUN.

Chiheb Ben Ahmed, ex-ministre du Transport de Mehdi Jomaa, a été récupéré par le géant de l’agroalimentaire et de l’industrie Poulina Group Holding (PGH), à la direction générale en charge de plusieurs filières. Un groupe de plus de 100, dirigé par Abdelwaheb Ben Ayed.

Autre très grande compétence et «clubiste» dans les tripes, Nouri Jouini a longtemps refusé différentes responsabilités dans la Tunisie de l’après révolution, bien qu’il ait été un des conseillers, dans l’ombre, de BCE à La Kasbah ; il est actuellement vice-président de la Banque islamique de développement (BID) basée en Arabie Saoudite.

Autre ancien ministre, lui aussi, mais du 1er gouvernement de l’après Ben Ali, Béchir Zaafouri a réintégré le groupe Monoprix. Il y était directeur technique, il s’y retrouve Secrétaire Général. De la même période, Jamel Gamra, qui avait occupé le poste de PDG de la CTN et celui de ministre du Tourisme, est installé à l’université de Sherbrooke au Québec pour y suivre des cours de doctorat.

  • Ceux qui vendent leur expertise

Pionnier du Bureau de la Mise à Niveau du ministère de l’Industrie d’un autre temps, Slim Tlatli qui a aussi été ministre du Tourisme, après un passage au ministère de l’Emploi en 2008, reste actif dans la consultance. Patente en main, cet ancien haut fonctionnaire qui se remet à la politique avec «Machroua Tounes», travaille en Freelance avec de hautes institutions internationales comme le PNUD, l’ONUDI ou le GIZ, qui est l’organisme de coopération allemande.

Bien avant elle au département des Finances, Hakim Hammouda a reçu plusieurs offres d’institutions multilatérales, comme la BAD. Il a cependant préféré rester indépendant, pour commencer une activité de conseil auprès d’institutions, financières et bancaires internationales, à travers son cabinet «Stratégia». L’ancien ministre reste tout de même dans le débat public, avec des analyses et un positionnement qui font de lui la coqueluche des médias de la place. Ancien cinéaste amateur, Hammouda n’en oublie pas ses préférences culturelles et s’y implique.

Moins connu car toujours plongé dans son travail, cet ancien ministre des TIC de 2007 à 2010, Haj Glï. Né à El Guettar à Gafsa, il est passé par l’institut international d’administration publique de Paris avant de faire les beaux jours de La Poste. La Tunisie lui doit notamment la préparation et la conduite de la restructuration du secteur des communications. On lui doit aussi la supervision des programmes d’investissement pour la modernisation de son infrastructure. Bosseur et intègre, Haj travaille actuellement dans la consultation dans plus d’un pays africain.

Cela confirme, si besoin est, que ceux qui ont travaillé pour l’ancienne Tunisie étaient des compétences avérées. Ils étaient courus pour leurs compétences et le restent toujours, puisqu’ils sont toujours dans le circuit, mais dans le privé et non dans le public qui n’a pas su les attirer et encore moins leur prouver qu’ils étaient d’abord au service d’un Etat et non d’une personne.

Né dans une famille de l’ancienne bourgeoisie tunisoise composée de propriétaires terriens et fondée par Ahmed Chelbi qui était fonctionnaire à la cour beylicale, il est arrière-petit-fils du grand savant religieux Salem Bouhageb du côté maternel. Afif Chelbi est aussi une grande compétence, mais qui a enfin été récupéré par la Nouvelle Tunisie, tout comme l’actuel ministre des Finances, Ridha Chalghoum. Issue de l’École centrale Paris, Chelbi travaille d’abord à l’API avant d’être directeur de la maîtrise de la technologie et des mutations industrielles au ministère de l’Économie nationale, DG du Cetex avant de prendre la tête en 2001 de la banque d’affaires International Maghreb Merchant Bank (IM Bank). Ministre de l’Energie en 2004 et ministre de l’Industrie en 2010, il est reconduit dans le 1er gouvernement de Mohamed Ghannouchi dont il démissionnera par la suite. Il vient tout récemment de prendre la tête du conseil des analyses économiques, qui est une sorte de Think-Tank du chef du gouvernement.

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