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Tunisie : Marre des échecs… mais les mêmes causes produisent les mêmes effets !

La Tunisie vit depuis 6 ans au rythme des échecs gouvernementaux successifs. De Hammadi Jbali à Habib Essid, la Tunisie de l’après Ben Ali a connu  six Premiers ministres et chefs de gouvernement (Ghannouchi, Essebssi, Jbali, Larayedh, Jomaa et Essid), avec une durée de vie moyenne d’une année. Tous ont, plus ou moins et selon le camp où l’on se trouve, globalement échoué sur le plan économique.

Avouons tout de même qu’en 6 ans de dite révolution, la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle Constitution qui ne laisse personne gouverner, s’est dotée du terrorisme et de la contrebande, s’est appauvrie, a arrêté de travailler, a drastiquement baissé sa croissance, plus que doublé les salaires de ses fonctionnaires et la dette extérieure. Elle a aussi perdu ses touristes et ses investisseurs étrangers.

Depuis six ans, la Tunisie vit un état de béatitude révolutionnaire, d’incertitude politique, de servitude financière (liée à la dette) et surtout dans l’inquiétude que finisse l’argent de la mansuétude des gouvernements successifs et de leurs créditeurs internationaux.

On a presqu’envie de dire que la Tunisie en a marre des échecs et qu’il faudrait, peut-être, laisser travailler ce que beaucoup d’observateurs appellent désormais le gouvernement de la dernière chance. Et pourtant !

  • Les choux blancs d’YC !

 Le samedi 20 août 2016, Youssef Chahed (YC) annonçait la naissance du 7ème gouvernement de la transition, qui est loin de faire l’unanimité et de susciter l’unité dont il devait être la consécration. A peine quelques heures après cette césarienne, le bébé est déjà sous les tirs croisés des deux principales composantes de l’échiquier politique, Ennahdha et Nidaa, qui devaient pourtant en être les principaux promoteurs et soutiens. Les mêmes causes du manque d’unité et qui ont conduit au départ d’Essid risquent de produire les mêmes effets. Question unité donc, YC a ainsi manifestement fait choux blanc !

On ne critiquera aucun ministre pour ne rien avoir encore vu de leurs compétences, priorité mise en veilleuse dans le choix des membres de ce 7ème gouvernement derrière l’appartenance partisane et le souci des équilibres politiciens, chose qu’avait pourtant affirmé vouloir éviter YC, alors qu’il annonçait le 3 août à Carthage. Question indépendance des ministres, YC a aussi fait choux blanc !

On remontera cependant aux origines du gouvernement YC, c’est-à-dire l’initiative de BCE d’un gouvernement d’union nationale, mais où il avait exigé, au risque de la voir capoter, la présence des deux principales organisations nationales et les a même nommées, l’Utica (Organisation patronale) et l’UGTT (Organisation syndicale ouvrière). YC présentait par contre un gouvernement socialement déséquilibré, avec deux ministres anciens UGTT et aucun de ou proche de l’Utica. Même un représentant de l’organisation patronale y est, mais aucun représentant de l’organisation syndicale patronale. Il y a bien Mehdi Ben Gharbia, un des patrons milliardaires, mais qui ne nous a été cité par aucun des membres de l’Utica que nous avions contactés pour sonder leur appréciation du nouveau gouvernement. C’est donc dire que l’Utica ne s’y reconnait pas, ni directement ni indirectement. Encore un choux blanc ! 

  • Un gouvernement marqué de la forte empreinte de l’UGTT

On passera sur la structuration du gouvernement en pôles qui a touché quelques ministères et pas d’autres. On passera aussi sur le nombre de secrétaires d’Etat pour des secteurs entiers tels que le transport, avec le risque d’une guerre des égos qui pourrait paralyser l’action du ministère.

On ne pourra cependant pas passer sur ce qui est une des caractéristiques du 7ème gouvernement de l’après Ben Ali qui devrait être celui qui arrêterait la série des six d’échecs consécutifs. Force est en effet de constater que le GUN de YC est fortement marqué de l’empreinte d’une centrale syndicale ouvrière qui a été, par les grèves et les sit-in, derrière le départ de dizaines d’investisseurs et le ralentissement de la production du phosphate. Mais aussi derrière le doublement et plus de la masse salariale d’une fonction publique pléthorique.

Chahed a d’abord cédé aux demandes de l’UGTT exigeant le départ des ministres des Affaires sociales, de la Santé, des Affaires religieuses et des Finances. C’est ce qui a été fait. On aurait pu penser que cela ferait partie de la stratégie de rupture avec l’ère Habib Essid que soutenait pour Africanmanager un des collaborateurs de Chahed. Il y a pourtant plus d’un ministre du gouvernement Essid qui ont été reconduits.  C’est donc une concession faite à l’UGTT.

Cette dernière a aussi été mise à la tête de deux ministères, stratégiques et décisifs pour l’avenir du budget de l’Etat. Au ministère des Affaires sociales, sous l’égide duquel se font toutes les négociations salariales pour le secteur public et le secteur privé et qui a sous sa main l’inspection générale du travail, c’est un ancien SG adjoint de l’UGTT. Au ministère des 650 mille fonctionnaires aux 15 milliards DT de salaires, c’est aussi un ancien SG adjoint de l’UGTT, au moment où les bailleurs de fonds demandent l’arrêt des recrutements et la baisse de la masse salariale.

D’Abid Briki, la fille de Moncef Marzouk disait dans un Tweet le 20 août que «Dans le genre grande gueule, Naji Jalloul va avoir de la concurrence avec Abid Briki». D’Abid Brik, nous retenons cette déclaration à la radio nationale, en janvier 2010, où il ne s’offusquait nullement du départ des investisseurs étrangers, disant «qu’ils partent et nous laissent les outils de production. On n’a pas besoin d’eux pour exporter» !

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