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Tunisie : Tunisair sur les pas de Rayanair ? Le ministre Ayara dit ce qu’il veut faire

Radhouane Ayara n’a que quelques semaines à la tête du ministère du Transport, mais beaucoup de pain sur la planche. Il sait cependant que «bien qu’étant bien structuré, le secteur du transport nécessite beaucoup de réformes, car composé de beaucoup d’importantes entreprises pour l’économie tunisienne, mais qui souffrent de beaucoup de difficultés». Prenant déjà le taureau par les cornes et sachant dans quel environnement social il agit, le ministre pointe du doigt les entreprises qui vont mal et où tout ou presque va mal. «Il s’agit de Tunisair, la Stam et la SNCFT ; ce sont de grandes entreprises. Et si on les regardait autrement, on pourrait en faire des locomotives de développement, même dans les régions» dit-il, peut-être encore optimiste et on le comprend, puisqu’il n’a que quelques semaines d’âge en tant que ministre.

  • Sur les pas de Rayanair ?

Pour le moment, «l’urgence c’est Tunisair et il nous faut un regard objectif sur sa restructuration, action sur laquelle tout le monde est d’accord». Le ministre sait qu’il marche là sur des œufs, l’entreprise étant un véritable sac de noueux de tous genres. Doucement, il s’avance pourtant pour préciser : «nous avons quelques solutions, mais il nous faut aussi l’audace d’aller directement vers les bonnes solutions, même si elles seront parfois douloureuses». Et comme on s’y attendait, l’urgence, pour Tunisair, selon lui, est de résoudre le problème des retards des vols qui devient endémique, pour amener la compagnie à reprendre un rythme régulier de ses vols.

Soucieuse d’éclairer ses lecteurs, Africanmanager va de l’avant, au risque pourtant de mettre le ministre dans ses derniers retranchements. Et le ministre de se laisser aller aux premières vraies nouvelles. «On ne peut pas parler de retards en oubliant que nombre de ses appareils restent cloués sur le tarmac et que la compagnie incapable d’assurer tous les vols. Il n’est pas alors nécessaire, même pour un certain temps, de garder tous les vols et toutes les destinations, même les plus traditionnelles et nous devons avoir le courage de le faire s’il le faut». Le ministre nous confirme d’ailleurs que le nombre des appareils cloués au sol est de cinq et que ce n’est pas seulement un problème d’argent pour acheter de nouveaux moteurs, mais aussi de disponibilité de ces moteurs sur le marché. On comprendrait presque là que Tunisair marcherait sur les pas de l’Irlandaise Rayanair [Ndlr : Se débattant dans un problème d’organisation interne, la compagnie a annoncé fin septembre dernier la suppression d’un vol par jour pendant 5 mois et le retrait de 25 avions de la flotte], mais que cela pourrait aussi lui être salutaire ! En attendant, Tunisair s’oriente déjà vers la location pour assurer le minimum vital de son activité.

  • Revoir la structure du capital, sans la privatiser

Mais Tunisair, c’est aussi une capacité financière diminuée, face à un Etat qui ne peut désormais mettre la main dans la poche, plus qu’il ne le fait. Et Radhouane Ayara d’affirmer à Africanmanager que «le capital de l’entreprise n’est plus capable de faire face à son endettement, ce qui fait qu’elle devient incapable de continuer de l’avant alors qu’elle n’a plus les moyens de sa politique». Et lorsqu’on lui demande s’il faut s’attendre à une augmentation du capital de Tunisair, le ministre du Transport ne dément pas et va plus loin. «Oui et même une révision de la composition de ce capital», dit le ministre, tout en prenant soin de préciser que «cela ne signifie pas la privatisation, ni l’entrée d’autres partenaires. C’est une question délicate et qui doit encore faire l’objet de discussions».

La compagnie tunisienne de transport aérien souffre aussi d’un surplus d’employés, dont le nombre total dépasse les 7.500 et la place en dehors des ratios internationaux pour le nombre d’employés par avion. L’idée du plan social n’est pas nouvelle, mais traîne depuis 7 ans. Une somme de quelque 52 MDT a même été provisionnée par Tunisair pour les départs volontaires à la retraite. Il s’avère cependant que le calcul de la provision ne tenait pas compte de l’incapacité des caisses sociales, qui refusent de payer et ne permettrait même pas le départ de 400 employés.

  • Plan social et retards : Des solutions, internes et après discussion avec l’UGTT

Là encore Radhouane Ayara nous renvoie vers la nécessité d’un dialogue avec l’UGTT à propos de ce plan. «Nous avons un partenaire social et on doit en discuter avec lui, probablement la semaine prochaine», nous dit-il, avant de glisser l’idée de ce qu’on a cru comprendre comme une possible reconversion professionnelle, que «à la fin des discussions, si tout le monde s’entend sur le fait que certains employés quittent volontairement Tunisair pour d’autres secteurs, dans le respect de la loi, cela pourrait être une solution parmi tant d’autres». Et le nouveau ministre de préciser encore, comme pour dire que rien n’est encore décidé : «je crois que ne doivent quitter la compagnie que ceux qui n’ont plus de force pour continuer, pour des considérations qui ne sont pas forcément personnelles», avant d’évoquer les expériences «d’autres compagnies où les choix adoptés ont été douloureux, mais qui tiennent compte de l’intérêt de leurs compagnies et du pays».

Avec le ministre du Transport, dans cet entretien exclusif, nous revenons sur la question des retards, à répétition et toujours en hausse de délais. Il n’en dira pas plus que ce qu’il a indiqué plus haut, invoquant la question des ressources, humaines et matérielles. Nous insistons, il s’en tient à ses premières explications et appelle toutes les parties à contribuer à la recherche d’une «solution, qui ne peut être qu’interne».

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