En 2023, la BH Bank avait réalisé un total de 1,391.858 Milliard DT en produits d’exploitation. Après déduction des 726,812 MDT en charges, l’exercice 23 s’était terminé avec un PNB de 665,046 MDT, en petite hausse, mais le trend haussier y était. L’Etat aura empoché 88,577 MDT en impôts, en attendant sa part des bénéfices qui dépassaient légèrement les 140 MDT.
Les capitaux propres de la BH sont passés de 867 MD, à fin 2018, à 1238MD, à fin 22, soit une évolution de l’ordre de 370 MD, à un taux de 9.5% (TMM + 1.5).Ces fonds supplémentaires aux conditions égales que 2019 auraient généré aux alentours de 35 MDT de produits supplémentaires.
- 750 litres d’essence, bien dépensés en prospection de nouveaux clients
« Malgré les difficultés du 1er trimestre où la banque était presqu’à l’arrêt, et l’image de la banque quelque peu ternie par la sortie précipitée de grands actionnaires, qui se sont par ailleurs désengagés et remboursé tous leurs crédits, ainsi que par un dossier de 50 MDT concernant l’huile d’olive qui est en cours d’enquête, la BH Bank a repris du poil de la bête. » C’est ce que déclarait le DG de la BH Bank, Wajdi Koubaa à Africanmanager.
Même s’il n’était pas encore revenu au niveau des résultats de l’exercice 2019, le bénéfice de la banque a en effet augmenté de 18 % pour atteindre 140 MDT, ce qu’il considère lui-même comme « un exploit » pour un premier mandat de seulement 8 mois. Mais le DG a une explication à cela. « Il faut faire attention avec cette analyse. A bien étudier le portefeuille crédits de la banque, moi j’estime qu’il y avait des dossiers qui auraient être provisionnés dès 2019, 20 et 21. Certains des dossiers que je découvre maintenant, et dont nous faisons aujourd’hui Cleaning, n’auraient pas dû générer autant de PNB à l’époque. Et de fait, le résultat de l’exercice 2022 était surfait, pour manque de rigueur et de provisionnement, ce qui n’est plus le cas pour 2023. Tous ces dossiers, dont on ne peut pas dire qu’ils sont des crédits sains, n’étant pas remboursés pendant plus de 5 ans, sont en effet désormais, soit provisionnés, soit recouvrés ». Selon les chiffres de BH Bank, les provisions pour 2023 ont atteint 180 MDT, en baisse par rapport à 2022 grâce à l’effort de recouvrement des équipes de la banque et les reprises de provisions qui s’en suivent.
Il n’en demeure pas moins permis de penser que l’amélioration des résultats de la BH Bank est aussi à expliquer par la hausse du TMM, donc des commissions plus importantes, et aussi par l’augmentation de l’exposition de la banque aux BTA de l’Etat. Wajdi Koubaa ne le nie pas, en précisant que les produits générés par ce portefeuille ont été de 20 MDT en 2023, et sa progression a été plus consistante que par le passé ».
- « Je suis là pour réussir » et demain sera meilleur
Pour 2024, Wajdi Koubaa estime que la BH Bank pourra cueillir les fruits du travail de son équipe, et de ses déplacements (Il aura ainsi bien dépensé les 750 litres de carburant, et les 2 voitures de fonction auront roulé pour la bonne cause Ndlr), chez de nouveaux prospects et dans toutes les régions, pour réactiver la banque et relancer tous ses projets en Digital afin d’améliorer la qualité de service, et proposer tous les produits qui étaient dans les starting-block, et rattraper le temps perdu par rapport aux autres banques de la place, comme il le dit, avant d’ajouter que « 2023 aura été l’année du redécollage, mais en 2024, on fera beaucoup, beaucoup mieux pour les 850 mille clients, ou deux fois la Biat. Et je vois la BH Bank au podium parmi les trois 1ères de la place, en 2025, 2026 juste derrière la Biat ».
Et il sourit lorsque nous lui faisons remarquer, en guise d’anecdote, que son objectif semble plus haut que l’immeuble de la nation, l’ancien siège de l’ancien RCD qui est en face de la BH Bank, il commente avec un « Pourquoi pas, car nous fêterons bientôt notre 50ème anniversaire, ce qui est une notoriété appréciable, et devrait nous permettre d’être la meilleure banque publique ».
- « Il y a une bulle immobilière »
Banque de l’Habitat, son nom original troqué contre l’anagramme BH Bank, cette banque publique ne consacre pourtant que 25 % de total bilan. Un chiffre, comme nous le lui faisons remarquer, est jugé insuffisant pour répondre à la volonté de son Etat actionnaire de faire plus en matière de financement du logement pour les Tunisiens. « Le logement est toujours notre priorité, et l’ADN de la banque. Mais on ne peut faire plus, car je ne dois pas financer n’importe qui n’importe comment. Il y a des promoteurs qui sont en difficulté et je ne peux pas les financer. Aujourd’hui, il y a une dichotomie entre le pouvoir d’achat, le coût de l’immobilier et le prix du logement ».Et d’ajouter en spécialiste du financement de l’immobilier que « moi, j’estime qu’il y a aujourd’hui une bulle immobilière. Et elle pourrait exploser. Il y a beaucoup d’invendus, beaucoup de promoteurs qui sont en difficulté dans un secteur presque sinistré ».
Et le DG de la BH Banque de conclure, optimiste et ambitieux, que « moi, je crois en la capacité de ce pays de se redresser, et en la capacité de cette banque d’être parmi les premiers acteurs du secteur bancaire. C’est pourquoi je suis là. Je ne suis pas revenu de l’étranger et laisser une situation personnelle meilleure, pour ne pas réussir ». Il a tout de même reçu 326.583 DT en rémunération brute l’année dernière, et aura mérité les 96 mille DT en prime annuelle, même s’il reste loin de certains banquiers millionnaires.
