14 janvier 2014, est le 3ème anniversaire de la chute de Ben Ali, qui a gouverné le pays d’une main de fer et l’annonce par la suite d’une nouvelle ère de démocratie et de dignité. Malgré son inquiétude et son pessimisme quant à l’achèvement du processus transitionnel dans les délais fixés, le peuple tunisien a voulu fêter et rappeler les revendications principales de la révolution. « Emploi, liberté et dignité nationale ».
Des slogans sont certes simples, mais ils ont réussi, comme l’a indiqué Houcine Abassi, secrétaire général de l’UGTT, à cette occasion, à mettre fin au spectre d’esclavagisme et de dictature.
Plusieurs manifestations simultanées
L’avenue Habib Bourguiba, dans la capitale Tunis, a abrité plusieurs manifestations organisées simultanément, à l’initiative des différents partis politiques.
Plusieurs partisans appartenant aux partis de l’opposition tels que le Front Populaire, Al Joumhouri, Al Watad se sont regroupés, scandant, à cette occasion, plusieurs slogans hostiles au gouvernement : « Emploi, liberté, où est le budget ? », « le départ pour ce gouvernement du terrorisme », « pain, liberté, et dignité nationale ».
Les nahdhaouis soutiennent la cause égyptienne
Du côté du centre commercial et du théâtre municipal, des centaines des nahdhaouis se sont rassemblés pour prendre part à la manifestation organisée à cet effet. Une estrade a été installé pour les discours des dirigeants du parti au pouvoir à l’instar d’Ajmi Lourimi, Mohamed Ben Salem et Ameur Laarayedh, affirmant que la Tunisie œuvre à achever son processus transitionnel et tenir les prochaines élections législatives et électorales dans la transparence.
Brandissant plusieurs slogans favorables à la cause égyptienne, les partisans d’Ennhdha ont aussi fait le signe de « Rabaa », symbole des partisans de l’ex- président Mohamed Morsi.
Pas loin du théâtre municipal, les membres de la Ligue de la protection de la Révolution (LPR) étaient aussi au rendez-vous. Ils ont appelé à l’ouverture des dossiers de corruption dans l’administration tunisienne et à demander des comptes aux symboles de l’ancien régime.
Pour sa part, le Front populaire (FP) a appelé à une constitution consacrant les objectifs de la révolution, dont en premier lieu l’édification d’un Etat démocratique qui garantit l’égalité entre tous, défend les libertés publiques et individuelles et préserve la dignité du peuple.
Les sympathisants du FP ont préconisé l’adoption d’un nouveau budget de l’Etat et d’une nouvelle loi de finances qui prennent en considération les catégories aux ressources limitées en accordant la priorité au développement et à l’emploi et en consacrant la légalité fiscale et l’équilibre entre les régions.
Les membres et sympathisants du parti Al Massar qui défilaient sur la même avenue ont souligné l’importance de former un cabinet restreint de compétences indépendantes.
Ils ont appelé le prochain gouvernement à œuvrer en vue d’asseoir les fondements d’une police républicaine, insistant sur la neutralité des mosquées et des établissements éducatifs et la dissolution des LPR.
Les manifestants d’El Massar ont affirmé leur soutien aux récents mouvements populaires qui ont réclamé la révision des dispositions de la loi de finances 2014.
La célébration était marquée par une présence massive des agents de l’ordre qui ont dressé des barrières.
Sur le plan officiel, une cérémonie solennelle s’est tenue, mardi matin, Place de la Kasbah, à l’occasion de la célébration officielle du 3e anniversaire de la Révolution de la liberté et de la dignité, en présence du président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, du chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, et du président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar.
Ont assisté à la cérémonie, le Mufti de la République, le chef du gouvernement désigné, plusieurs membres du gouvernement et représentants de partis, le chef d’Etat major des armées, ainsi que le gouverneur de Tunis.
Ras-le-bol des familles des martyrs et des blessés de la Révolution
Lors d’une tournée dans les rues de la capitale, Africanmanager a rencontré des parents de blessés et de martyrs de la révolution qui ont dénoncé, lors d’une marche de protestation pacifique, la lenteur des procédures de jugement des responsables, exigeant que justice leur soit faite de même que la vérité sur les assassins de leurs enfants. « Nous sommes réunis aujourd’hui, pas pour fêter la Révolution, mais plutôt dans l’objectif de chercher toute la vérité concernant les assassins de nos enfants, nous allons battre sans répit afin de poursuivre les criminels en justice. Et d’ajouter que « Le gouvernement actuel n’a pas l’intention de répondre aux nos attentes. Nous sommes exaspérés par les fausses promesses ! Nous avons organisés à maintes reprises des sit in pour réclamer nos droits, mais nous sommes toujours ignorés et marginalisés, ce gouvernement n’a pas cessé de faire l’oreille sourde.»
Il convient de rappeler à ce propos, que le chef du gouvernement démissionnaire, Ali Laarayedh, a annoncé, ce mardi, que des salaires mensuels seront versés aux blessés de la Révolution qui sont incapables de travailler. Des logements seront mis à la disposition des blessés de la Révolution dont l’état de santé est critique…
W.T/N.B.T
