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Ces petits maux de la CNAM qui font souffrir les affiliés

Rencontré vendredi 9 juin, par African Manager, au centre régional de la CNAM de Kheireddine, banlieue nord de Tunis, dans le cadre d’un reportage sur les prestations de la « prestigieuse » Caisse nationale d’assurance maladie,  un affilié répondant au nom de Jamel Mayoufi a semblé content. Il était venu remettre des factures dans le cadre de la prise en charge des maladies lourdes et chroniques (APCI, affections prises en charge intégralement) en vue d’être, ultérieurement, remboursé. Il est diabétique et hypertendu, mais il est affilié sous le régime de la filière publique qui permet de bénéficier des soins dans les hôpitaux publics. Cependant, prestation dont il avait pris connaissance par hasard, la CNAM rembourse, dans tous les cas de figure, les dépenses de soins liés aux maladies lourdes et chroniques. C’est que face aux pénuries des médicaments notamment ceux destinés au traitement des maladies lourdes et chroniques dans les hôpitaux publics, il s’était vu  obligé de s’adresser à un médecin de libre pratique pour se faire examiner et avoir les ordonnances nécessaires à l’achat de ses médicaments dont un paquet d’injections d’insuline d’une durée d’un mois coûtant 90 dinars. Il a continué un certain temps à compter sur ses propres moyens jusqu’au jour où son médecin lui apprend qu’il peut être pris en charge par la CNAM à titre d’APCI.

Le cas de cet affilié résume une bonne partie de ces petits maux dont souffre encore la CNAM, 20 ans après sa création et qui rejaillissent, à travers  elle,  sur ses affiliés, essentiellement l’ignorance du vaste champ des prestations fournies par cette Caisse bien qu’elle dispose d’un service de communication actif et qui organise une émission hebdomadaire à ce sujet avec une radio locale privée (express fm). Il y a en outre la somme importante de données dont regorgent le site web de la CNAM , sa page fb, mais aussi et surtout la nouvelle plateforme électronique e-cnam à l’adresse (centre.e-cnam.tn).

Le 1er juin 2023, African Manager a publié une information intitulée « la CNAM affiche un excédent de 1300 millions dinars » qui, en l’espace de deux jours, a battu tous les records concernant le nombre des lecteurs et des consultants qui a atteint des dizaines de milliers.

La source, le directeur général de la sécurité sociale, Nader Ajabi, en personne, a signalé par contre que les deux grandes nourrices de la CNAM étaient déficitaires, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) déficitaire de 1200 millions de dinars, et la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) déficitaire de 158 millions de dinars.

Centre e-cnam

Quelques jours auparavant, le 27 mai, un affilié, Lyès Annabi habitant de Tunis, a indiqué que son épouse avait reçu 2 messages de la CNAM. Le 1er dit : la demande d’implant  oculaire de votre mari est accordée. Le second, un peu plus tard, est plus édifiant : la prise en charge de l’hospitalisation de votre mari dans un établissement privé, est accordée.

Or, ledit mari n’avait fait aucune démarche dans ce sens, n’ayant aucun pépin oculaire, ni besoin d’aucune hospitalisation, comme il l’a dit.

Aussi, la CNAM mise beaucoup sur sa plateforme électronique e-cnam pour améliorer ses prestations et répondre aux attentes de ses partenaires parmi les assurés sociaux et les prestataires en matière de soins de santé (médecins et pharmaciens).

Après l’entrée en exploitation de la plateforme, en mars 2022, la CNAM a multiplié les communiqués appelant ses affiliés et les prestataires de services à s’inscrire dans la plateforme électronique e-cnam, et y accéder pour bénéficier des différentes prestations, et éviter le grand encombrement au niveau de ses sièges, dans les différentes régions de la république.

Lancée fin octobre 2021, ladite plateforme permet aux assurés sociaux de poursuivre les étapes de leur dossier sanitaire, de retirer les extraits de remboursement, de déposer les papiers complémentaires du dossier, et de changer le mode de soins, dans les délais réglementaires.

Elle donne la possibilité, également, de télécharger les décisions de prise en charge des médicaments spécifiques, outre la répartition géographique des prestataires de services, les spécialités des médecins et leurs adresses.

Elle permet aux médecins d’effectuer le transfert électronique des factures, de télécharger l’attestation de retenue à la source, de suivre les tableaux de remboursement, instantanément, et d’assurer le suivi des registres des malades dans les cadres prédéterminés.

Mais, 13 mois après son lancement, les points négatifs persistent. En effet, l’autre petit mal dont souffrent autant la CNAM que ses affiliés est la grande affluence physique des affiliés aux centres de la Caisse.

Selon le porte-parole officiel de la Caisse, Abdelaziz Sebei, les locaux de la CNAM accueillent annuellement plus de 6 millions personnes, ce qui constitue, a-t-il noté, une source d’encombrement ayant un impact négatif sur la bonne marche du travail et le confort des affiliés.

13 mois après la mise en service de la plateforme électronique e-cnam, rien n’a changé, ou comme le dit l’adage arabe « la maison de Loqman est restée en l’état ».

Un employé du centre de Kheireddine a qualifié de « torrent continu », l’affluence des affiliés au centre, notamment en début de semaine, le lundi et le mardi.

L’insuffisance, voire le manque de la culture numérique, à tous les niveaux, est l’un des maux majeurs de la Tunisie, en ce qui concerne tant l’utilisation des services digitalisés que l’actualisation périodique et systématique des sites et plateformes qui les fournissent de la part des fournisseurs publics et privés, à de très rares exceptions près.

Ainsi, plusieurs textes de communiqués et affiches de renseignements affichés  dans les centres de la CNAM visités sont anciens et complètement dépassés, comme les montants des honoraires des médecins et par voie de conséquence le montant du remboursement. Toutefois, les taux restent inchangés et ils ne contentent pas beaucoup d’affiliés rencontrés à cette occasion. Certains se sont plaints, en outre, du retard dans le versement des remboursements, vielle doléance récurrente, quoique ces retards n’excédent pas trois mois.

La plateforme électronique permet de suivre le cheminement des dossiers, mais encore faut-il s’y inscrire pour pouvoir la consulter.

La densification du réseau des centres régionaux et locaux de la CNAM constitue aussi une doléance qui bénéficie de l’attention des pouvoirs publics dans le cadre de la volonté de rapprocher les prestations des citoyens. Ainsi, un habitant de la délégation d’Agim à Djerba a réclamé l’ouverture d’un centre dans cette région qui, a-t-il dit, compte plus de 30 mille habitants.

Outre le régime de l’assurance maladie, la CNAM assure aussi la gestion du régime de réparation des dommages résultants des accidents du travail et des maladies professionnelles dans les secteurs publics et privés ainsi que les indemnités de maladie et de couche.

A cet égard, une convention a été dernièrement signée entre la CNAM et l’Institut de santé et de sécurité professionnelle, en vue d’œuvrer à l’amélioration des conditions du travail et la prévention des accidents du travail dont le nombre atteint 25 mille accidents par an, selon les chiffres officiels.

Repenser l’Esprit

Reste que plusieurs commentateurs ont souligné que la bonne gestion de tous ces régimes dont se prévaut la CNAM, illustrée, entre autres, par son équilibre financier, les initiatives de numérisation et le souci de rapprocher ses prestations de ses affiliés, ne saurait cacher la nécessité de méditer  l’esprit qui a présidé à sa création et qui, depuis, est un sujet de polémique.

Mise en place pour alléger la charge des hôpitaux publics, en ouvrant le système de l’assurance maladie aux prestataires libres de soins de santé, la CNAM , selon certains analystes, a contribué à l’enrichissement du secteur privé de la santé, au détriment du secteur public de santé qui, au lieu de s’envoler,  croule aujourd’hui sous les difficultés de financement, l’affluence de plus en plus grande des patients, et l’exode des médecins.

Justement, le grand public des affiliés a tendance, encore,  à confondre  gestion des prestations et des régimes qui est du ressort de la CNAM et fonds ou  contenu du système de soins de santé dans son ensemble qui relèvent de la sphère politique.

S.B.H

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