6 Tunisiens sondés sur 10 (59%) environ sont «d’accord» ou «tout à fait d’accord» pour dire que les citoyens ordinaires peuvent contribuer efficacement à la lutte contre la corruption. Une proportion à peu près égale (61%), cependant, affirment que les gens risquent des représailles lorsqu’ils signalent des actes de corruption. C’est ce qui ressort de l’Afro-baromètre politique révélé ce lundi 1er octobre 2018 à Tunis par la société « One to One« .
Quatre répondants sur 10 (41%) seulement affirment qu’il est «quelque peu probable» ou «très probable» que les autorités réagissent lorsque des actes de corruption leur sont signalés. Une proportion égale (42%) affirme que c’est «pas très probable» ou «pas du tout probable».
Deux tiers (67%) des Tunisiens affirment que le niveau de corruption a augmenté durant l’année précédente. La proportion des citoyens qui affirment que le niveau de corruption a «beaucoup augmenté» s’est accrue de 42% en 2015 à 55%. La corruption est le troisième problème le plus important auquel les citoyens voudraient que le gouvernement s’attaque, après le chômage et la gestion de l’économie.
De plus, 64% des personnes interrogées estiment que le rendement du gouvernement en matière de lutte contre la corruption est « très mauvais » ou « plus ou moins mauvais« . Les appréciations des citoyens quant aux efforts du gouvernement dans la lutte contre la corruption sont demeurées critiques depuis 2013 (67%).
Le même sondage a conclu que les fonctionnaires de l’Etat (secteur public et administration) et les membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) sont les plus corrompus. En effet, 3 sur 10 estiment que la « plupart » ou « tous » les fonctionnaires de l’État (31%) ainsi que les parlementaires (30%) sont les plus impliqués dans la corruption.
En revanche, la perception de la corruption en relation avec les hommes d’affaires a baissé de 19 points par rapport à 2015, passant ainsi de 45% à seulement 28% en 2018. Les juges et magistrats sont considérés comme les moins corrompus.
Parmi les répondants qui ont eu affaire à des services publics durant l’année précédente, presque 2 sur 10 affirment avoir versé des pots-de-vin au moins une fois afin d’éviter des problèmes avec la police (17%) ou obtenir l’assistance de la police (15%) (Figure 6). Un sur 10 affirme avoir versé des pots-de-vin au moins une fois afin d’obtenir des pièces d’identité (12%), des soins médicaux (11%), des services ménagers (10%), ou des services dans les écoles publiques (8%).
Une grande majorité de Tunisiens affirment qu’aussi bien les riches que les personnes ordinaires pourraient verser des pots-de-vin ou faire usage de leurs connaissances personnelles pour éviter de payer des taxes, éviter d’aller devant les tribunaux ou pour enregistrer des terrains qui ne sont pas leurs. Les riches sont considérés comme les plus susceptibles de verser des pots-de-vin.
One to One for Research and Polling est un institut de sondage indépendant basé à Tunis et opérant dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ; il est le partenaire
dans la région de plusieurs réseaux de recherche tels que l’Afrobaromètre, le Baromètre Arabe, l’Indicateur arabe et d’universités de renom telle que l’université de Princeton, l’université
du Michigan ou l’université de Harvard.
L’Afrobaromètre est un projet de recherche panafricain indépendant et non partisan qui mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l’économie, la société civile et d’autres sujets.