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Chahed, face à la réticence des bailleurs, prend le virage que beaucoup attendaient

On a vu le chef du gouvernement, Youssef Chahed, se démener au Forum de Davos pour tenter d’expliquer à ses bailleurs ses problèmes structurels et conjoncturels, les raisons de la panne économique du pays, les causes du retard pris par les réformes… Bref, les difficultés, et elles ne sont pas peu. Mais c’est un fait : il sera de plus en plus difficile de convaincre les investisseurs de desserrer les cordons de la bourse en l’absence de démonstrations sur la capacité de la Tunisie à se relever, et vite. C’est ce qui explique le demi-échec de la dernière sortie sur le marché international, quoi qu’en disent les autorités. Alors il semble que l’heure soit au changement de braquet, pour laisser place à une nouvelle philosophie dictée par les réalités du moment et théorisée par Chahed.

Le chef du gouvernement a affirmé ce jeudi 24 janvier 2019 qu’il faut à présent mettre en branle les réformes sans attendre l’aide étrangère. Il a ajouté, sur Express FM, que la Tunisie a suffisamment de compétences et est suffisamment armée, en dépit des problèmes dont elle souffre, pour gagner la bataille des réformes. Il a illustré son propos par le « Startup Act« , qui a été concocté pour doper l’entrepreneuriat privé chez les jeunes, notamment ceux de l’intérieur du pays, avec pour objectif de générer beaucoup d’emplois. 50 millions de dinars ont été décaissés dans cette optique.

Cap sur l’Afrique

Chahed a admis que la Tunisie a des problèmes, mais qu’ils ne sont pas différents de ceux des autres pays africains, surtout pour ce qui est de l’endettement. Il a invité le secteur privé à explorer davantage les possibilités offertes par ces pays, indiquant que la Tunisie avait depuis Habib Bourguiba mis sur les rails une politique consolidant les relations avec l’Afrique à travers la suppression du visa, l’accueil des étudiants africains ainsi que des liaisons aériennes avec les pays du continent

«La Tunisie demeure le meilleur pays du monde car elle a un grand vivier de compétences. Il faut juste que nous sachions résoudre nos problèmes tout seuls. La volonté et la détermination sont bien là et c’est cela qui fera de la Tunisie un pays avancé. Il faut semer et renforcer la culture du travail car rien n’est servi sur un plateau et le travail est l’unique voie pour réaliser nos ambitions», a conclu Chahed.

Mais il y a un os

On n’attendait par le chef du gouvernement à ce niveau, du moins pas avec cette tonalité. Son voyage à Davos a dû l’inspirer, notamment le fait d’avoir côtoyé l’homme fort du Rwanda et président en exercice de l’Union africaine, Paul Kagamé. En effet ce dernier est à la tête d’un pays qui va bien, socialement et économiquement, un des champions continentaux de la croissance et dont la capitale, Kigali, qui a aussi tapé dans l’oeil de la maire de Tunis, est l’une des villes les plus propres d’Afrique. Ça en fait des choses à envier aux Rwandais ! Et c’est sacrément motivant pour un chef de gouvernement qui a tout à faire dans ces domaines là. D’où, sans doute, ce discours tonique et tonifiant. Le seul hic c’est que cette Afrique dont il parle il n’y va pas assez, ne la fréquente pas assez, ne la travaille pas assez. En novembre 2016 déjà, nous lui suggérions d’aller chercher les marchés là où ils sont, en abondance, en Afrique, comme le fait le roi du Maroc. Plus de 2 ans après rien n’a bougé, ou si peu…

2 voyages (une visite au Soudan en mars 2017 plus une tournée au Niger, au Burkina Faso et au Mali, en avril de la même année) en Afrique subsaharienne en deux ans et demi, c’est vraiment maigrichon, quand d’autres dirigeants étrangers de premier plan défilent sur le continent. Ce discours qu’il a fait aurait fait mouche s’il l’avait prononcé dans un de ces pays dont il parle. Il évoquait l’Afrique de Bourguiba, où le leader historique avait tissé des liens très solides avec les présidents de l’époque, tels que le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny; Chahed aurait été très inspiré de se rendre dans ces pays, des ténors de la croissance, une dynamique durable saluée régulièrement par le FMI.

La Tunisie a, tout de même, posé des jalons très costauds sur le continent en intégrant le COMESA (le Marché commun de l’Afrique orientale et austral) et en nourrissant les mêmes ambitions pour la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). A ajouter au fait qu’elle a déjà paraphé le document de la ZLECA (Zone de libre-échange continentale africaine). Tout ça c’est très bien, c’est même salutaire pour la Tunisie du fait de l’essoufflement chez le premier partenaire économique, l’Europe. On verra ce qui sera fait pour creuser davantage le sillon du pays du jasmin dans son propre continent, dans quelques mois et après les élections de cette année…

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