Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Marouan El Abassi a assuré lors d’une conférence de presse tenue à distance ce jeudi 1er octobre 2020, que Les bureaux de change, mis en place récemment, ont réussi à collecter des devises d’une valeur de 1 milliard de dinars, dont une bonne partie provient du secteur informel.
Il a souligné que l’effort déployé par ces bureaux de change a permis de consolider le volume global des réserves en devises du pays qui s’élèvent actuellement à 21,2 milliards de dinars, soit l’équivalent de 141 jours d’importation.
Il a noté que le maintien de ce niveau respectable de réserves en devises, malgré la chute des recettes touristiques (un manque à gagner de 2,5 milliards de dinars), a été favorisé, en outre, par une importante baisse des importations, une diminution significative du prix du baril de pétrole, ce qui a réduit la facture énergétique, et une régression de la demande de devises, dans le cadre des voyages.
« A cela s’ajoutent les revenus du travail qui ont maintenu le même niveau d’avant crise sanitaire (actuellement au niveau de 4 milliards de dinars) », a-t-il ajouté.
La Tunisie a toujours souffert d’un déficit de prise de décision
« Aujourd’hui, c’est le moment ou jamais de lancer les réformes indispensables pour la bonne marche de notre économie », a souligné le gouverneur de l’Institut d’émission , affirmant que « la Tunisie a toujours souffert d’un déficit de prise de décision, même avant la Révolution ».
« Nous faisons face à une crise particulière et dont les répercussions seront significatives sur tous les secteurs d’activité, d’où l’impératif d’avoir un esprit de solidarité, de soutenir notre production nationale, de limiter nos importations, d’exploiter rationnellement nos ressources et de veiller à surmonter les problèmes entravant un nombre d’activités, tels que le phosphate…, a-t- il indiqué.
Pour El Abassi, » nous devons jeter les fondements d’une bonne croissance, qui repose sur l’impulsion des investissements productifs, de la production et des exportations », réitérant l’impératif de renforcer notre présence sur nos marchés classiques, notamment la Libye et l’Algérie.
Parallèlement, le gouverneur a appelé à lancer un programme de relance de l’économie afin d’aider les entreprises publiques à surmonter leurs difficultés financières, et à restructurer plusieurs activités dans le secteur privé, notamment, le tourisme, afin de tirer le meilleur parti de ces activités génératrices de richesse.
Il a recommandé, sur le moyen terme, d’accorder plus d’attention et d’appuyer un certain nombre de filières stratégiques, dont l’agroalimentaire, les BTE, le textile, les industries pharmaceutiques…, afin de réussir notre relance économique.
Regain de confiance dans le Dinar
Nous nous attendons à une baisse du taux d’inflation, d’ici 2020, au niveau de 5,3%. Le taux moyen pour toute l’année 2020, serait alors, de l’ordre de 5,6%, a indiqué le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, l’objectif étant, d’après lui, de ramener le taux d’inflation, dans une prochaine phase, à ses niveaux ordinaires (entre 3 et 4%).A noter que l’inflation a atteint, en août 2020, 5,4%, contre 5,7% en juillet 2020.
Sur la base de cette régression graduelle du taux d’inflation, enregistrée durant les derniers mois, la BCT a décidé de baisser son taux d’intérêt directeur de 50 points de base, pour le ramener à 6,25%, a précisé le gouverneur.
Et de rappeler que la BCT avait augmenté ce taux, à maintes reprises, depuis 2017, jusqu’à février 2019 (de 350 points), afin de faire face à l’inflation qui avoisinait les 7%, en 2018, et surtout à l’inflation sous-jacente qui avait dépassé les 10%.
« Les décisions d’augmentation des taux directeurs ont permis, aussi, de réduire les importations massives, dont les répercussions étaient claires sur la balance commerciale et la balance courante. En 2018, la Tunisie a enregistré un déficit record de la balance courante s’élevant à 11,2% ».
Sur un autre volet, El Abassi a fait état d’une stabilisation du taux de change du dinar, par rapport aux devises étrangères, depuis le mois d’avril 2019, « ce qui montre un regain de confiance, en notre monnaie locale, d’une part, et l’émergence d’un comportement d’importation rationnelle et non spéculative, d’autre part », a-t-il souligné.