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Eurobond-Tunisie : Un échec pour les uns, une bonne performance pour les autres !

On le savait et la communauté financière s’était égosillée à y attirer l’attention, le dernier emprunt obligataire lancé par la Tunisie sur le marché financier international serait tout sauf une promenade de santé. C’est ce qui explique d’ailleurs les épisodes de procrastination qui ont jalonné cette sortie depuis bien des mois, dénotant des craintes de plus en plus vives qu’elle n’aboutît pas à la levée du 1 milliard de dollars, soit 850 millions d’euros, escomptée au départ. Déjà, le Fonds monétaire international, comme à son habitude, faisait la fine bouche pour convenir du décaissement de la 5ème tranche de sont prêt, y posant des conditions invariablement draconiennes. La notation de Moody’s a fait le reste avec une perspective négative et une note souveraine B2 maintenant la Tunisie dans la catégorie « non-investment grade » ou « high yield » où les titres émis le sont à des taux d’intérêt élevés et principalement souscrits à titre spéculatif.

D’ailleurs, le taux d’intérêt décrété n’a pas dérogé à cette règle avec un 6,75 pour une maturité de 5 ans, ce qui correspond à un risque de crédit vraisemblable. Pis encore, le montant recherché à été amputé de la moitié, la Tunisie, dos au mur, se contentant de 500 millions d’euros, destinés, plus est, au financement des besoins budgétaires de 2018.

La confiance n’a pas été rétablie !

C’est à se demander, eu égard à ce résultat, si la Tunisie s’était emmêlée les pinceaux en frappant à la porte des bailleurs internationaux en ce moment précis et dans les conditions économiques et financières qui sont les siennes, même si le ministère des finances dénombrait 120 candidats souscripteurs offrant 1,250 milliard d’euros. « Le nombre de souscripteurs pour un si petit montant indique que nous n’intéressons plus que les investisseurs de 4ème voire de 5ème position aux moyens limités et acceptant d’investir dans le speculative grade », a estimé le PDG Capital African Partners Bank, Habib Karaouli. Il constate même « cette opération est loin d’être un succès et n’augure rien de bon. Elle intervient à un moment où l’on se devait de rétablir la confiance ce qui n’est manifestement pas le cas ».

Dans ce concert réprobateur, l’expert économique, Ezzedine Saidane parle d’un « nouveau mauvais record », allusion au taux d’intérêt de 6,75% et à la maturité de 5 ans. Et de se poser la question de savoir ce l’on va faire en 2019 « sachant notamment que le projet de budget de l’État prévoit la mobilisation de crédits nouveaux s’élevant à plus de 10 milliards de Dinars et le remboursement de crédits anciens pour la somme de 9,3 milliards de Dinars ».

Une performance appréciable, quand même !

D’un avis opposé, l’économiste Gianni Pugliese, du Groupe Mirabaud, basé à Genève, voit dans l’obtention par la Tunisie de 500 millions d’euros « une bonne performance appréciable sous divers points de vue au vu de la hausse de l’aversion au risque et des nombreux remous politiques ». Il explique, cité par Agefi, que « le degré d’aversion au risque a pris des proportions importantes tout au long du mois d’octobre. Les taux américains plus élevés, les tensions sur les tarifs douaniers, le Brexit, la fin attendue du programme d’achat de la BCE, le bras de fer budgétaire entre l’Italie et l’Europe et la crainte d’un ralentissement économique global ont malmené le sentiment du marché » Et c’est pourquoi, les indices boursiers étant fortement corrigés, les investisseurs ont favorisé les obligations gouvernementales américaines et allemandes et les primes de risque sur le crédit et les emprunts émergents (spread) se sont écartées, surtout sur les émetteurs plus risqués, dont naturellement la Tunisie.

Outre cette composante «marché», souligne-t-il, le pays a dû offrir une prime de rendement supplémentaire sensée compenser les investisseurs pour un climat politique tendu qui freine les efforts d’assainissement des finances publiques.

Pour le reste, plus précisément l’évolution future de la performance de la dette tunisienne, il se borne à rappeler que, la semaine dernière encore, après avoir confirmé sa note de B2, Moody’s a abaissé ses perspectives de stables à négatives, citant l’intensification des pressions dues à un environnement extérieur de plus en plus défavorable, donc peu propice à la résilience.

Et ce conclure : « La tâche des autorités tunisiennes pour vaincre la réticence des investisseurs et gagner leur confiance sera d’autant plus ardue ».

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