Les procédures d’adoption du projet de loi « autorisant » la BCT à financer le budget de l’Etat s’emballent. Sur demande du gouvernement d’accorder la propriété absolue à cette question, une audience est ainsi déjà prévue, cette semaine à l’ARP selon nos sources, pour que la commission des finances entende le Gouverneur de la BCT à propos du projet de loi du gouvernement et accélérer son adoption , ainsi que la mise en place des modalités du financement du budget par la BCT.
Et nous croyons savoir que le gouvernement du chef de tout l’Etat tunisien Kais Saïed demanderait une facilité de trésorerie de pas moins de 7 milliards DT, remboursables sur 10 ans, sans frais, c’est-à-dire sans taux d’intérêt, et avec même 3 années en délai de grâce. Cela, uniquement pour l’exercice 2024 selon nos informations.
– Les députés feront-ils entendre raison au gouvernement sur les risques de ce crédit ?
On ne sait pas si la commission des finances de l’ARP va faire entendre raison au gouvernement sur les risques d’une telle avance et d’un tel montant, ou si le gouvernement va finir par rallier les députés à l’urgence d’un tel financement, dont les risques sont réels, comme on en avait déjà parlé dans notre précédent article. On ne sait pas, non plus, ce que va dire Marouane El Abassi !
On rappelle à ce propos que le conseil d’administration avait attiré l’attention sur ces dangers. « Le Conseil a pris acte de la teneur des conclusions des discussions menées lors de la 9ème réunion du Comité de Surveillance Macro-prudentielle (CSM) du 30 janvier 2023 qui a passé en revue l’évolution des risques macroéconomiques et financiers et qui a souligné les risques liés à l’intensification du recours du Trésor au financement intérieur. Il a relevé, notamment, qu’en l’absence de capacité de mobilisation de ressources extérieures, le financement du budget par un recours accru à l’endettement sur le marché intérieur, au cours du premier trimestre 2023, risque d’exacerber les pressions sur la liquidité et de favoriser les arbitrages entre les différents placements pouvant désarticuler l’activité des marchés bancaire, financier et des assurances ».
Le CA tenait alors encore au FMI, et soulignait « la nécessité d’urger la concrétisation des conditions préalables à la conclusion du nouveau programme avec le Fonds Monétaire International et d’accélérer la mise en œuvre des réformes nécessaires, permettant de corriger les déséquilibres budgétaire et extérieur ».
Presqu’une année plus tard, et suite notamment à la visite de Kais Saïed à la BCT, le conseil d’administration de l’Institut d’émission avait arrêté d’évoquer le recours au FMI, et tacitement entériné la décision du chef de tout l’Etat d’oublier le recours à un crédit du FMI, et de faire financer le budget de l’Etat par la BCT. Et il est attendu que l’endettement de la Tunisie atteigne les 127,1 Milliards DT, auxquels s’ajouteront les 7 Mds de la BCT.
– Et l’endettement augmente toujours
On rappelle aussi que les besoins du gouvernement tunisien, en prêts extérieurs, devraient augmenter dans le budget 2024 pour atteindre environ 5 milliards USD, dont 3,2 milliards USD dont la provenance est encore inconnue.
Rappelons encore que l’Etat devra rembourser une dizaine de crédits, locaux et étrangers, dont 850 M€ en février prochain pour le crédit européen, et un autre Obligataire avec garantie japonaise de 50 Milliards de Yen. Entretemps, l’Etat tunisien continue à lever de l’argent intramuros par le biais des emprunts obligataires. Pour 2024, le montant de la première tranche de l’Obligataire national a été fixé à 750 millions de dinars (MD), il est susceptible d’être porté à un montant supérieur.