Une nécessité économique pour certains, une passion pour d’autres, la fripe est devenue un élément incontournable du secteur de textile en
Tunisie. Selon des données officielles ce secteur emploie directement entre 8 et 10 mille personnes en Tunisie, mais au total entre 300 et 400 mille Tunisiens travaillent dans ce secteur.
La friperie, ce sont ces vêtements, chaussures, sacs ou encore linge de maison de seconde main qui sont vendus dans d’énormes marchés dédiés à travers tout le pays, à prix censés être bas, voire raisonnables.
Avec la crise économique et la baisse de plus en plus importante du pouvoir d’achat des Tunisiens, les boutiques conventionnelles de vêtements neufs ont été désertées par les clients au profit des friperies.
Cependant, le secteur de la friperie traverse une mauvaise passe. Les commerçants cherchent, par tous les moyens, à trouver un équilibre entre la rentabilité de leurs projets et la fidélisation de leur clientèle.
Les ventes du secteur accusent une baisse de 15%
Le président de la chambre nationale syndicale des commerçants grossistes de friperie, Sahbi Maâlaoui , est intervenu, ce jeudi 12 septembre 2024 sur les ondes d’Express FM au sujet de l’importance du secteur de la friperie et les obstacles qui l’entravent.
Il a révélé que plus que 94% des Tunisiens achètent des vêtements issus des friperies qui proposent des habits de diverses qualités avec des prix abordables.
Et de relever que le secteur de la friperie a connu, durant cette période, une baisse des ventes estimée à 15%. « Cette baisse est dû à la conjoncture actuelle, caractérisée par la rentrée scolaire qui pèse lourdement sur les familles tunisiennes, la dégringolade du pouvoir d’achat ainsi que la succession d’évènements festifs qui ont épuisé la situation financière des familles tunisiennes », affirme-t-il.
Sur un autre volet, il a déclaré que les prix de la friperie, soumis à la règle de l’offre et de la demande, n’ont pas augmenté cette année en dépit de l’augmentation des taxes de 20% instaurée par la loi de finances de 2023.
« La friperie est un secteur économique de grande importance, exportateur vers le marché africain et employant directement et indirectement 200 mille personnes dont 8000 titulaires de diplômes supérieurs », selon ses dires.
Par ailleurs, il a tenu à saluer les efforts du ministère de l’Environnement qui a permis la transformation des déchets de la friperie en énergie renouvelable exploités par les usines de ciment.
A ce propos, il a réclamé un changement urgent de la législation régissant ce secteur, celle-ci étant devenue dépassée par le temps, selon lui, en citant l’exemple de l’interdiction des ventes entre les gouvernorats pour les grossistes qu’il estime « insensée ».
Plus de 90% des Tunisiens achètent leurs vêtements à la friperie
La friperie est devenue, depuis 2011, une composante essentielle du quotidien du tunisien, et pour preuve, selon Maaloui.
Les Tunisiens dépensent, selon lui, 8% de leur budget dans ces marchés. Le secteur constitue une véritable bouffée d’oxygène particulièrement pour la classe moyenne qui a du mal à joindre les deux bouts à la fin de chaque mois en raison des hausses répétitives des prix.
Certains vêtements, chez certaines marques (qu’elles soient tunisiennes ou étrangères), sont, cependant, hors de prix. La fripe constitue, de ce fait, une échappatoire pour de nombreux Tunisiens qui y trouvent ce dont ils ont besoin à des prix cassés. D’autre part, le secteur nourrit 10 000 familles. Et d’assurer que le principal fournisseur des usines de fripe en Tunisie, à savoir l’Europe, n’offre plus les quantités suffisantes.