AccueilLa UNEIrak : Une révolution copernicienne se dessine au Moyen-Orient !

Irak : Une révolution copernicienne se dessine au Moyen-Orient !

La surprise était tellement grande qu’elle a littéralement paralysé toute capacité d’analyse. L’analyse à chaud des derniers développements en Irak et aussi en Syrie est devenue impossible, et il ya davantage de questions que de réponses. Comment expliquer la déroute d’une armée régulière face à des centaines de combattants qui s’apparentent plutôt à une milice ? Comment comprendre le comportement de tant d’habitants de Mossoul qui ont prêté main forte aux assaillants, marquant irréversiblement leur désengagement vis-à-vis de l’Etat-Nation auquel ils ont adhéré depuis 1920 , date de l’Indépendance de l’Irak .Quelle réponse donner à d’autres qui disent avoir averti les Généraux de la ville lorsque les djihadistes étaient à 500 mètres, puis à 200 mètres de leur commandement militaire. Ils semblent ne rien comprendre à ce qui leur est arrivé, pas plus que les habitants de la capitale irakienne, dans leurs réponses aux questions de Georges Malbrunot , envoyé spécial du Figaro à Bagdad. Le ton des habitants de la capitale est tranché : les volontaires chiites se mobilisent pour défendre Bagdad, et ici, ce ne sera pas le cas comme à Mossoul ou à Tikrit, jurent-ils. L’un d’eux va jusqu’à affirmer qu’il est désormais convaincu que l’Irak unifié a vécu. Tôt ou tard, souligne-t-il , Bagdad et ses trois quarts de chiites ainsi que le Sud seront rattachés au voisin et protecteur iranien .Un habitant de Bagdad souligne au journaliste français que Nouri el-Maliki, le premier ministre, pour lequel il n’a pas voté aux législatives du 30 avril, est désormais le président de tous les chiites ,et lui seul peut défendre les siens contre les radicaux sunnites de l’Etat islamique en Irak et au Levant(EIIL-Daech) ,ajoute un autre qui songe à apprendre le farsi, la langue parlée en Iran.

Les citoyens irakiens, à leur niveau, ne comprennent pas ce qui se passe, et n’arrivent pas à saisir ce qui va se passer. Mais à l’étage supérieur, il doit y avoir une explication, et des plans qui auraient guidé les acteurs politiques, devraient se trouver quelque part à ce niveau. Déjà, les combattants de Daech (EIIL), connus pour leur brutalité à tel point qu’Aymen Zawahiri a été contraint de se désolidariser d’eux, en janvier dernier, sont présentés comme des pacifistes. Ils n’ont pas malmené les militaires irakiens, ils leur ont simplement demandé de porter des habits civils et de rentrer chez eux sans être inquiétés, avancent des analystes qui disent se référer à des témoignages recueillis à Mossoul. Ce n’est que samedi 14, et dimanche 15 juin, que l’image classique de Daech revient lorsque des vidéos illustrant le carnage contre les « civils mécréants », sont mises en ligne. Ensuite, ce sont les Baâthistes qui affirment que Daech n’avait rien à voir avec ces développements, et c’est aux hommes de Saddam Hussein, sous le commandement de Izzet Ibrahim Douri, que revient cet exploit dont l’objectif est de libérer le pays.

D’autres analyses prédisent la fin du découpage de Sykes-Picot, imposé à la région par le colonialisme européen à la fin de la première Guerre Mondiale et voient que l’Arabie Saoudite, agissant par le truchement de Daech, est derrière tout ce chambardement géostratégique. Le chantre de cette thèse n’est autre que le Journaliste Robert Fisk, qui défend sa théorie, depuis quelques jours, dans le journal britannique de gauche « The independent « .

Evidemment, cette analyse qui n’explique pas tout, a l’avantage d’ouvrir l’horizon à la recherche d’une explication aux étages supérieurs de la hiérarchie de la décision mondiale. Cette analyse intègre plusieurs éléments. D’abord, l’état d’esprit des Irakiens de tout bord, relaté dans les témoignages en provenance de Mossoul et de Bagdad, et aussi de Kirkouk et Irbil où on peut déceler que les Irakiens ne veulent plus de cet état de choses. Elle y associe également les manœuvres à caractère politique et stratégique des élites sunnistes qui n’en peuvent plus face à la discrimination confessionnelle des chiites et de Nouri el -Maliki , qui se préparait à un nouveau mandat après les élections d’avril dernier, des élites kurdes qui ne devraient pas voir d’un mauvais œil ce chambardement leur permetant, le moment venu , de mettre la main sur Kirkouk , et des Américains qui ne cherchaient qu’un alibi pour se rapprocher des Iraniens aux fins d’un modus vivendi garantissant la sécurité d’Israël et un semblant de stabilité dans la région pour que les Etats-Unis opèrent leur redéploiement stratégique du siècle vers l’Asie dont les enjeux sont plus importants économiquement et géo-stratégiquement et où le jeu des puissances est par nature plus clair et prévisible.

Tout semble indiquer que cette région en ébullition est en train de s’acheminer vers des changements de grande portée, justement parce que les postulats qui unissaient les Irakiens autant que les autres, ont l’air de voler en éclats, les lignes rouges qui ponctuaient les manœuvres des uns et des autres ne tiennent plus et le couvercle qui retenait la vapeur de la marmite a définitivement éclaté. Mais la question fondamentale est la suivante :où va s’arrêter ce grand bouleversement , et à quelle cadence va-t-il se propager ?

Aboussaoud Hmidi

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