AccueilLa UNELe baroud d’honneur de la diplomatie tunisienne à Berlin !

Le baroud d’honneur de la diplomatie tunisienne à Berlin !

Que la Tunisie en ait été écartée, cela ne semble pas avoir changé quoi que ce soit à la conférence de Berlin sur La Libye. Le conclave est en train se tenir sur le mode arrêté par ses organisateurs et d’abord, l’Allemagne. Et puis, y participent tous les pays et organisations choisis et invités aux côtés des représentants des belligérants libyens. Les travaux se termineront à l’heure fixée avec à la clé un communiqué final déjà prêt, dont on sait qu’il appelle à un engagement à respecter l’embargo sur les livraisons d’armes, et à un arrêt « total » et durable des hostilités sur le terrain, assorti peut-être d’un envoi sur place d’une force internationale pour en vérifier la réalité sur le terrain.

Du côté des mécontents, on ne recense au final que deux pays : la Tunisie, victime toute désignée de la crise libyenne autant que des efforts de paix chez son voisin, et depuis peu, le Maroc qui s’étonne d’avoir été exclu de la conférence de Berlin et dit ne pas comprendre les critères de sélection des pays participants. Il ne s’en garde pas moins de rappeler qu’il « a toujours été à l’avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne», ce qui renvoie à l’organisation sur ses terres de la conférence de Skhirat et de l’accord éponyme, première tentative institutionnelle de ramener la paix en Libye.

Une absence déplorable

Mais l’absent le plus remarquable de ces assises demeure la Tunisie bien qu’elle ait décliné l’invitation qui lui avait été adressée à la toute dernière minute de se faire représenter à Berlin. Un pays qui, avec sa frontière commune de 450 kilomètres avec la Libye, l’expose directement et en tout premier lieu à la guerre entre les gouvernements rivaux alors qu’il se prépare à accueillir des milliers de réfugiés si le conflit s’intensifiait.

 » C’est vraiment dommage que la Tunisie n’ait pas été invitée. Elle est presque pénalisée pour ne pas avoir joué un rôle majeur », a commenté Anas El Gomati, directeur de l’Institut Sadeq, un groupe de réflexion indépendant spécialisé dans les affaires libyennes.  » Je pense que la santé du dialogue libyen en souffrira « , a-t-il dit cité par « The New Arab », rappelant que la Tunisie a accueilli la majorité des missions diplomatiques en Libye au cours des dernières années.

C’est d’autant plus ingrat que la Tunisie est le voisin le plus proche de la Libye, et au regard des intérêts communs et des relations étroites entre les deux pays, son absence à Berlin lui est sans doute préjudiciable ainsi qu’à sa politique étrangère. Si bien que la Tunisie qui occupe désormais le siège de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a longtemps maintenu une position de neutralité diplomatique sur la crise libyenne. Son président, Kais Saied, a réitéré, pas plus tard que cette semaine, sa position en faveur d’un règlement pacifique et rapide du conflit par l’engagement d’un dialogue inter-libyen sous les auspices des Nations Unies. Au demeurant, il a assuré que Tunis continuera de jouer un rôle positif dans le rapprochement des différents protagonistes libyens.

En fait, il ne pourrait s’agir de simples professions de foi qui ne peuvent pas déteindre sur l’ordonnance de la crise et les approches et mécanisme de sa solution. Nombre d’observateurs notent que la Tunisie a perdu une grande partie du poids dont elle était auréolée dans les affaires internationales, ce qui expliquerait la réticence de l’Allemagne à inviter le pays nord-africain.

Une diplomatie peu claire

Selon Rafaa Tabib, expert en géopolitique et spécialiste des affaires libyennes, une raison importante de cette exclusion pourrait bien être que l’absence d’une politique diplomatique claire se traduit par un  » manque total de visibilité  » des stratégies et des objectifs du pays dans la région.

 » Avec un tel manque de visibilité, que pourrait apporter la Tunisie à la conférence ? Presque rien », a-t-il soutenu.

Une analyse qui recoupe par endroits celle soutenue par l’ancien directeur de l’Institut tunisien d’études stratégiques, Tarek Kahlaoui, qui estime, citée par la, même source, que la diplomatie tunisienne s’est avérée  » inactive  » et  » dépourvue de position claire  » sur le dossier libyen, avec une présence très limitée dans le pays. Cela a peut-être conduit les organisateurs de la conférence de Berlin à considérer sa participation comme  » non pertinente « . Le consulat tunisien en Libye est resté fermé depuis juin 2015.

Mais l’explication la plus plausible serait, selon lui, le fait que la Tunisie pourrait être réticente à participer à l’événement car, sans la mise en place d’un nouveau gouvernement,  » le président n’est peut-être pas encore prêt à s’engager dans les grands dossiers stratégiques comme celui de la Libye « . Il n’en a pas moins critiqué l’ambiguïté qui entache les raisons pour lesquelles la Tunisie a été tenue à l’écart de l’événement de paix prévu.

LM

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