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Le dernier avertissement pour Samir Saïed, et le 2ème départ de feu pour Nabil Ammar

Deux ministres et hommes politiques tunisiens sont sur la sellette, ce weekend en Tunisie. Le premier a été Samir Saïed, ministre de Kais Saïed en charge de l’économie et de la planification. Un ministre, qui s’astreint peu aux directives présidentielles du peu parler, qui dit ce qu’il pense, contrairement à beaucoup de ses collègues, et travaillerait seul, à la manière il est vrai, de son chef.

–    Saïed siffle la fin de la récréation à son homonyme de ministre

Des directives de Kais Saïed, qui rappelleraient presque le « Etre ministre, ce n’est pas parler dans le poste » d’Emanuel Macron  devant ses ministres en juin dernier, pour leur rappeler aussi que « il est attendu des membres du gouvernement d’être à la tâche, au service d’un projet collectif ».

Recevant Samir Saïed jeudi en audience individuelle à Carthage, ce qui est une première depuis le 25 juillet 2021, Kais Saïed recadre son ministre, sèchement par la rédaction du communiqué, et sans états d’âme dans la photo, en lui rappelant d’abord, que « la planification doit être une planification nationale », comme pour répondre à toute le campagne régionale menée par le ministre,  concernant tant  l’amélioration du climat des affaires que  la préparation du prochain plan, économique national. Façon présidentielle aussi de rappeler au ministre que les consultations sont une spécialité de « Kais » et non de « Samir », fut-il ministre sous un homonyme !

A Samir Saïed, le chef de tout l’Etat rappelait jeudi aussi que « la Tunisie ne sera soumise à aucun diktat extérieur ». Une sorte de rappel à l’ordre, selon nous, à un ministre qui n’avait cessé de parler de l’inéluctabilité du passage par la case FMI. Et de le recadrer à nouveau, en lui rappelant que « l’État n’est pas une institution bancaire et ne peut être géré selon la logique des banques et des sociétés commerciales [Ndlr : suivez son regard !], tout comme l’être humain n’est pas une action dans une entreprise ou en bourse ».

Samir Saïed avait en effet marqué son retour à Tunis en 2016, en prenant les commandes de la STB, une banque publique cotée en bourse. Les références du chef de tout l’Etat à l’institution financière et à la bourse, ne pouvaient donc pas être fortuites, comme n’était pas fortuite le rappel de Saïed à Saïed que « l’État est un et unique et qu’il a une politique fixée par le président de la République, ajoutant que chaque ministère ne peut pas fonctionner indépendamment des autres ministères et que les déclarations et positions doivent être placées dans le cadre de la politique générale de l’État ». Kais Saïed signifiait ainsi jeudi à son ministre la fin de la récréation. Serait-ce le dernier avertissement ?

–    Y a-t-il un lien entre les deux audiences ?

L’audience de Kais Saïed à Samir Saïed , le jeudi 5 octobre 2023, intervenait après une autre audience présidentielle avec le MAE Nabil Ammar. Et surtout en plein déclenchement d’une crise diplomatique larvée, entre la Tunisie et l’Union Européenne, et un jour après le fuitage, par l’UE, d’une lettre signée par le ministre tunisien de l’Economie demandant le déboursement d’une aide de 60 M€.

Un document signé, manifestement mal interprété et sorti de son contexte par les Européens, dans le cadre de cette crise diplomatique, encore larvée, entre Tunis et Bruxelles, après que le chef de tout l’Etat tunisien a refusé de passer à l’application du MoU sur la migration clandestine, et dit non aux 60 AUTRES millions d’euros déboursés par l’UE.
Une lettre, qui a obligé le ministère tunisien des Affaires étrangères  de se fendre de  deux communiqués. Le premier faisait suite « à ce qui a été annoncé au sujet du décaissement de la somme de 60 M€ par l’UE sous forme d’appui budgétaire ». Le ministère des Affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l’étranger « tient à préciser que les autorités tunisiennes n’ont donné aucun accord au sujet de ce décaissement ».

–    Deux fusibles et une porte de sortie

Le 2ème communiqué, une journée plus tard, suite à la publication par la partie européenne pour « la deuxième fois et contrairement aux usages », de documents officiels tunisiens relatifs au versement de 60 M€, oblige le MAE de préciser que « les 60 millions dont il s’agit, concernent le programme d’appui aux mesures d’atténuation du Covid-19 et de relance économique au titre de 2021, et n’ont pas de lien avec le Mémorandum d’entente (MoU) sur le partenariat stratégique et global signé à Carthage le 16 juillet 2023 ».
Le même 2ème communiqué n’omet cependant pas de rappeler, comme pour nuancer ce qui ressemble de plus en plus à une crise diplomatique, que « la Tunisie demeure liée à ses engagements au titre du partenariat stratégique avec l’UE, ainsi qu’à l’esprit de partenariat gagnant-gagnant et d’égal à égal, dans le respect mutuel qui a présidé à la conclusion du MoU du 16 juillet 2023 ». Le MAE se ménagerait ainsi une porte de sortie de la crise, dont l’UE devrait pourtant tirer la conclusion que, au moins pour une fois,  le chef de tout l’Etat tunisien n’est pas seul dans ses positions sur la question des liens Tunisie-UE qui ont toujours été, équivoques, déséquilibrées et pas justes !
Pour le ministre Nabil Ammar, le 5ème ministre des AE de Saïed depuis le renvoi de Jhinaoui, cette crise larvée Tunisie/UE qu’il gère, est le 2ème départ de feu diplomatique qu’il affronte et gère au four et au moulin, après celui des migrants subsahariens. L’ambassadeur et le Consul tunisiens en France ont peut-être sauté en fusibles. Ammar tiendra-t-il le coup ?

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1 COMMENTAIRE

  1. Les points faibles dans la gouvernance du pays est le manque de clarté des orientations de la politique du gouvernement, ce que fait actuellement le Président c’est de jouer le rôle du chef du gouvernement, pourquoi ces orientations ne sont pas établies dans des fiches actions que la Présidence mettra en oeuvre et que chaque ministre doit les engager avec un tableau de bord et un suivi régulier. Rien ne vaut l’écrit et la clarté. Cette situation ne fait qu’accentuer la dégradation de l’image de la Tunisie, 2 Ministres compétents pourraient être limogés, remplacés par qui ? Par des opportunistes, peut-être. On est entrain de mettre en échec les compétences tunisiennes. S’ils quittent le pays, ils trouveront mieux ailleurs.

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