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Le dossier burlesque de la Siape se politise : Son parti le pousse et le syndicat le repousse !

Il y a deux ans, jour pour jour, le chef du gouvernement tunisien annonçait le démantèlement de l’usine polluante de la Siape à Sfax. La décision restera non exécutoire et compte, depuis le 20 avril 2017, parmi les promesses non tenues de Youssef Chahed. On comprend désormais pourquoi il ne l’a pas fait et pourquoi il ne le fera pas. L’UGTT s’y oppose et elle l’a dit, le 20 avril 2019, à sa manière des gros bras.

  • Marzouk en éclaireur sur le terrain des syndicats

Samedi dernier, un incident, politico-syndical, met à nu la délicatesse de ce dossier pour le gouvernement. Un dossier qui devient du jour au lendemain l’objet de surenchères politiques et syndicalistes. «Nous organisions une marche protestataire pacifique [Ndlr : En faveur de la fermeture de l’usine du groupe chimique, inaugurée depuis 1952]. Pourquoi est-ce que le syndicat qui décide, qui fait une campagne pré-électorale et qui ne le fait pas. Et lorsqu’il décide, est-ce avec des bâtons qu’il le dit ? Qui êtes-vous ? Un Etat au-dessus des lois ?», s’indignait Mohsen Marzouk président de Machroua Tounes, allié du parti de Youssef Chahed Tahia Tounes, à l’adresse de l’UGTT. On ne sait pas si Marzouk savait ou non que l’UGTT est depuis 2012 un Etat dans l’Etat et qu’en essayant de faire de la politique à Sfax, son fief, elle marchait sur les plates-bandes du puissant syndicat que son partenaire Youssef Chahed ménage depuis 2016 ?

On ne sait pas, non plus, si Marzouk n’avait pas coordonné avec Chahed, pour essayer de reprendre la main sur un dossier que l’UGTT considère sien. Cela, d’autant plus qu’elle compte avoir son mot à dire dans les prochaines législatives d’octobre 2019. Y perdre la main, c’est pour l’UGTT perdre un argument électoral et une preuve contre Youssef Chahed qu’elle pourrait brandir lors de sa propre campagne électorale.

  • Tahia se fait tirer les marrons par la patte du syndicat

Pansant ses blessures face aux protestations des brigades de la centrale syndicale, et corporelles aussi, quoique légères, Mohsen Marzouk évoque, sur les ondes d’une radio privée, de «dirigeants régionaux de l’UGTT, à la tête de milices armées, préparées aux fins de faire obstruction à la marche de son parti», précisant même que «c’est le SG de l’UR de l’UGTT de Sfax qui encourageait, lui-même l’attaque». Sous l’emprise de la colère, il promet sans trop y croire que «cela ne restera pas impuni».

De suite, c’est le parti Tahia Tounes qui se fend d’un communiqué de soutien à Machroua Tounes et son président et Tahia de «demander au chef du gouvernement, Youssef Chahed, de mettre en exécution sa décision de fermer le site de la Siape dans les plus brefs délais».

  • UGTT endosse, par mauvais calculs, le mauvais rôle d’anti-fermeture de la Siape

Du coup, c’est le propre parti politique du chef du gouvernement, ainsi que l’éventuel partenaire de Tahia Tounes, qui poussent [Enfin dirait-on après deux ans] Youssef Chahed à tenir sa promesse. Et c’est, du coup aussi, l’UGTT qui, par mauvais calculs politiciens et par réflexe de banditisme socio-politique, qui se retrouve dans les habits de l’anti-fermeture de l’usine qui pourrit la vie de tous les habitants de la région de Sfax et de l’ennemi de l’environnement dans la région.

Ce décryptage des évènements de samedi dernier à Sfax, qui est par ailleurs loin d’être surréaliste, révèle au moins quelques faits. D’abord que les campagnes électorales ont réellement démarré avant terme. Ensuite que ces campagnes sont prêtes à faire feu de tout bois, y compris de questions qui touchent à la santé de régions entières, quitte à s’opposer à la résolution de ces questions pour pouvoir se présenter en leur unique « résolveur ». Enfin, que l’UGTT commence à marquer ses fiefs et refuse désormais que d’autres partis empiètent sur ses platebandes ou tentent de faire campagne dans ses chasses gardées.

Force est de noter avec tout cela, que les politiciens font mieux la politique que les syndicats qui font ainsi montre d’un manque flagrant d’expérience. A Sfax, en effet, Machroua Tounes et Tahia Tounes auront finalement joué un tour à l’UGTT, l’obligeant à montrer, dès maintenant, ses griffes de prochain concurrent électoral. Au passage aussi, ils lui auront fait endosser le mauvais rôle, celui de l’ennemi des habitants de Sfax. La politique ne se fait pas qu’avec les gros bras et l’UGTT l’avait appris, de manière, bouffonne, burlesque et avec beaucoup de ridicule, samedi, à ses dépens !

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