AccueilLa UNELe Pacte à la tunisienne, dénoncé le lendemain de sa signature !

Le Pacte à la tunisienne, dénoncé le lendemain de sa signature !

Cela pourrait-être la photo de l’été 2022, et signe de mérite pour la cheffe du gouvernement Nejla Bouden à la veille du 13 août qui célèbre les femmes. Simples remarques de pure style, ou tentative de sémiologie de l’image : le patron du syndicat qui ne tend qu’une seule main au patron des patrons qui l’enserre des deux mains, et celle de la cheffe du gouvernement qui chapeaute le tout, comme pour une marraine, brave et bienveillante. Tous, heureux d’avoir signé ce qui s’apparente à un pacte qui sera dès le lendemain remis en cause. C’est le pacte à la tunisienne ! 

–          « ميمونة تعرف ربي و ربي يعرف ميمونة »

Image d’anthologie d’un ménage socioéconomique à trois, dans un pays au bord du gouffre financier, où les seuls deux à sourire sont le syndicat et le gouvernement qui connaissent l’un le vrai fond de la pensée de l’autre. En plus du patron d’un patronat qui, contrairement à Conect de Tarak Cherif, ne fait jamais grève, acquiesce d’un léger sourire du patronat toujours aux ordres de l’intérêt national, et qui ne fait que dans le politiquement correct.

Les trois savent que ce n’est qu’une photo pour épater la galerie, à l’occasion d’un pacte, que le gouvernement voudrait et l’appelle social, pour que chacun défende ses propres intérêts avant ceux des autres. Tabboubi pour ceux qui ont déjà un salaire et qui se soucient peu de ceux qui n’en ont pas, Majoul pour ceux qui arrivent pour l’instant juste à joindre les deux bouts du bilan pour ne pas déclarer faillite, et Bouden pour la caisse d’un Etat où tout le monde veut puiser toujours plus sans trop en donner. Un Etat qui voudrait faire l’Etat-providence, mais qui ne le peut pas. Qui devrait restaurer son autorité, mais ne le voudrait pas. Qui devrait remettre tout le monde au travail, mais ne le fait pas. Et c’est en définitive une photo à la « Souriez, vous êtes dans le pays de la révolution du jasmin » pourri, où « ميمونة تعرف ربي و ربي يعرف ميمونة », une sorte de « tu me tiens, je te tiens par la barbichette » à la tunisienne. Une photo d’un mariage, plusieurs fois consommé, qui s’est toujours vite consumé, et toujours terminé en disputes conjugales (grèves, générales et sectorielles, sit-in et autres discours enflammés contre le gouvernement)  au sein d’un couple toujours en différends politiques.

–          Le pacte des bergers avec les loups

Pour ceux qui ne le soupçonnent pas encore,  ce pacte fait partie des demandes du FMI, comme nous l’écrivions le 20 juillet dernier.  Le gouvernement Bouden l’a fait, mais à sa manière, Tabboubi n’acceptant jamais de signer quoi que ce soit expressément sur la question des salaires (sauf pour les augmenter), portant nœud gordien de toute la crise financière tunisienne et son endettement, et Bouden ne pouvant faire la sourde oreille à ses bailleurs de fonds.

Et c’est pourquoi tout ce beau monde avait pactisé, jeudi dernier, pour « tenir des réunions de dialogue pour arriver à des accords, soit bilatéraux, soit tripartites, pour ce qui concerne certains dossiers en relation avec les droits sociaux et les réformes économiques attendues, à partir du 15 août 2022 ». Nietzsche disait, depuis le XIXe siècle, que « le diable se cache dans les détails ».

Ledit « pacte social », scellé en la présence d’une représentante de l’IOT en guise de témoin de confiance, est un texte de 182 mots, semblables à des attendus d’un texte de loi qui ne fera foi que le temps de la signature. Une profession de foi, avec des mots pompeux, exprimant de bonnes intentions sans plus, du genre « convaincus que le dialogue bâti sur la confiance, la transparence et le sens de la responsabilité, est la seule issue », ou encore « cela n’est pas difficile, l’expérience démontrant qu’à chaque crise la Tunisie a su trouver l’issue par la conjugaison des efforts de toutes les parties, et en mettant l’intérêt national au-dessus de tout » … « Des mots, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots », disait Dalida à Alain Delon qui lui répondait « tu es comme le vent qui fait chanter les violons (…) ».

–          Sitôt signé, il est dénoncé

UGTT, UTICA et gouvernement, vont donc dès ce lundi discuter. Le premier a déjà dit que ce n’est pas un pacte du tout (ar), confirmant ainsi notre analyse. Dès lundi 15 août, la centrale syndicale ouvrière brandira les accords et autres avenants, déjà signés avec d’autres gouvernements, les chiffres de l’inflation et autres documents d’une accablante vérité.

L’actuel gouvernement présentera les comptes de son bilan déficitaire et ses caisses asséchées, d’une vérité sur ses moyens plus que limités pour honorer les promesses de ses prédécesseurs, tout aussi accablantes. L’UTICA fera comme toujours le mou, et finira par s’aligner sur tout accord qui ne saura pas être appliqué.

L’argent du FMI finira par venir. Il ne sera pas comme l’espère le gouvernement, mais sera suffisant pour ouvrir les portes d’autres bailleurs de fonds. L’endettement se poursuivra, et la population qui attend la manne de l’Etat-providence, continuera d’attendre, sans pour autant se résoudre à se remettre sérieusement au travail, avec plus d’ardeur, moins de confort et une inflation qui rongera encore plus ses revenus et impactera son mode de vie.

Une solution ? Le gouvernement n’en a pas trouvé depuis 10 ans. Il saigne  à blanc pourtant tout le monde, et continue de le faire. Celle de Saïed ? Seuls 2,5 millions y étaient d’accord. Le reste fera quoi ? Il courbera l’échine et se taira ? Jusqu’à quand ?

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