La BCT n’a toujours pas publié le rapport annuel de l’activité bancaire en Tunisie. Elle a cependant daigné mettre en ligne le bimestriel de conjoncture (Pdf), retraçant les dernières évolutions, notamment monétaires, de l’économie. On y découvre, notamment, que « les besoins moyens des banques en liquidité2 se sont contractés de 702 MDT au cours du trimestre sous revue, par rapport au T1-2024 pour s’établir à 14.523 MDT ».
- Les banques vendent, la BCT éponge ….
La BCT explique cela, dans son propre jargon, en disant que la raison en est« l’atténuation de l’effet restrictif exercé par des facteurs autonomes sur la liquidité bancaire de 708 MDT contre une légère hausse de 6 MDT des réserves requises ».
Toujours selon les explications de la BCT, ce serait « en effet, deux facteurs sous-jacents ont engendré la baisse susmentionnée. Il s’agit, en premier lieu, des opérations de ventes nettes de devises contre dinars par les banques auprès de la Banque centrale qui ont permis d’apporter au secteur bancaire de la liquidité de l’ordre de 1.733 MDT.
« Au cours du premier semestre 2024, le volume des transactions devises-dinar effectuées sur le marché des changes au comptant ont atteint 12.201 MDT contre 6.860 MDT au cours de la même période une année auparavant. Cette hausse s’explique principalement par l’augmentation des transactions effectuées avec la BCT qui ont passé de 1.373 MDT à fin juin 2023 à 6.221 MDT à fin juin 2024. La BCT est intervenue, au cours de cette période, pour absorber l’excèdent de liquidité en devises sur le marché des changes. Les transactions entre banques ont augmenté de 9% passant de 5.487 MDT à fin juin 2023 à 5.980 MDT à fin juin 2024 », détaille le bulletin de conjoncture de la BCT pour les 6 premiers mois 2024.
- … et le client remet l’argent dans le circuit
En deuxième lieu, le retour de près de 1.520 MDT du cash (Billets et Monnaies en Circulation) aux guichets des banques (dont 56% en mois de mai 2024) a contribué à l’atténuation de la demande des banques en liquidité tout au long du deuxième trimestre de l’année 2024. Après des mois de cigale, à tel point que les experts s’inquiétaient de la hausse des BMC, le Tunisien redeviendrait fourmi, et remet son argent dans les circuits officiels.
« L’évolution de l’encours des BMC a été marquée, pendant le premier semestre de 2024, par des hausses importantes au cours des mois de janvier (+394 MDT), de mars (+156 MDT) et de juin (+732 MDT) occasionnées par les dépenses exceptionnelles des ménages lors des fêtes religieuses et de la saison estivale. Toutefois, un retour du cash aux banques a caractérisé le trend des BMC durant le mois de mai 2024 (-79 MDT) bien qu’ils demeurent sur un sentier élevé », confirment d’ailleurs les analystes de la BCT.
- Le Trésor a pompé 2.605 MDT dans les coffres des banques
En revanche, l’endettement intérieur en dinar du Trésor a constitué un facteur important de sortie de liquidité des banques au cours du second trimestre de 2024 pour un montant de 2.605 MDT. Ces sorties de liquidité s’expliquent, d’un côté, par les souscriptions des banques aux Bons de Trésor pour une enveloppe totale de 2.721 MDT (2.431 MDT sous forme de BTCT et 290 MDT sous forme de BTA) et, d’un autre côté, par l’encaissement de la deuxième tranche de l’emprunt national de 2024 pendant le mois de mai pour 1.450 MDT. Les financements mobilisés au profit du Trésor ont été compensés par les remboursements d’échéances de la dette intérieure d’un montant de 1.566 MDT tout au long du trimestre sous revue.
- La BCTachète un peu moins de BT
Le volume moyen des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire est revenu de 15.038 MDT au T1-2024 à 14.226 MDT au T2-2024, soit une baisse de 812 MDT. Cette évolution a revêtu un caractère quasi-généralisée, affectant pratiquement tous les instruments à la disposition de la Banque centrale, à savoir les opérations principales de refinancement (-523 MDT), les opérations d’achat ferme de bons du Trésor (BT -257) et les opérations de refinancement à plus long terme d’une durée d’un mois (-32 MDT). Les encours respectifs de ces instruments se sont établis, en moyenne, à 5.274 MDT (OPR), 8.313 MDT (OF) et 602 MDT (ORLT à un mois).