AccueilLa UNELes CC de la BCT le font. Devrait-on s’inquiéter aussi ?

Les CC de la BCT le font. Devrait-on s’inquiéter aussi ?

En Tunisie, depuis quelques semaines, les BMC (Billets et monnaies en circulation) étaient de 22,042 Mds DT au 3 juillet 2024. Selon le Fonds Monétaire International, le PIB tunisien par habitant devrait atteindre 4.300 dollars en 2024, ou un total de plus de 51,6 Mds USD équivalents à 162.617.400.000 DT. Une simple opération à la calculette donnerait donc un volume de BMC équivalent à 13,5 % du PIB du pays, qui circuleraient en Tunisie, entre les mains des consommateurs, des opérateurs, ou simplement thésaurisé, notamment dans les coffres, un commerce florissant sur les bas-côtés des routes.

Par les chiffres, les BMC étaient déjà plus de 21,235 Milliards Dinars Tunisiens (Mds DT) en janvier 2024. En 6 mois de la même année, ils ont augmenté de 0,821 Md DT. Depuis 2011, les BMC ont toujours augmenté, au moins depuis l’année 2006, passant par exemple d’un peu plus de 6,439 Mds DT en janvier 2011, à 15,786 Mds DT en janvier 2021, et ensuite à  plus de 19,030 Mds DT en janvier 2023.

Les mêmes chiffres indiquent, cependant, que le volume des BMC a toujours, et depuis l’année 2006, augmenté de plus ou moins un milliard DT entre fin décembre et fin janvier de chaque année. Pour 2024, les BMC qui étaient à 20,842 Mds DT en décembre 2023, ont grimpé à 21,235 Mds DT, et se stabiliser à plus ou moins cette même somme-fourchette de billets et monnaies en circulation avec un pic en avril (21,402.856 Mds DT) et dépasser de peu les 22 MDS (22,056 Mds DT) au 28 juin dernier.

–    « إجبد ما ترد الجبال تتهد », ou ces dépenses courantes qui épuisent les portefeuilles …
Et généralement, on explique la hausse des BMC aux différents RdV dépensiers du Tunisien, comme le Ramadan, les deux fêtes de l’Aïd, la rentrée scolaire ou le départ en vacances estivale.
La courbe à tendance haussière des BMC tendrait à donner raison à cette explication. Mais plus que ça, nous le pensons comme d’autres analystes de la place, il y a l’inflation (7,2 % en mai 2024) et surtout la hausse jamais démentie des prix.

Ce mois-là, il y avait eu des prix du café en poudre de 35%, des viandes ovines de 27,8%, des huiles alimentaires de 21,9%, des condiments de 16,6%, et des prix des viandes bovines de 15,7%. Hausse aussi des prix des produits de l’habillement de 9,5%, des produits d’entretien courant du foyer de 8,8%, et hausse des prix des services du groupe restaurant, cafés et hôtels de 10,2%. Mais aussi des prix des volailles (+4,2%), des viandes ovines (+3,7%), des articles d’habillement augmentent de 0,8% et les prix des chaussures de 0,2%.

–    … Mais pas que

Mais la hausse des BMC est aussi explicable par l’existence d’un marché parallèle de tout, comme en témoigne les différentes déclarations officielles de Kais Saïed, qui fait de la lutte contre la corruption une priorité et la considère même comme une « guerre de libération ». Et les chiffres de la BCT elle-même confirment d’abord cette tendance à la hausse des BMC, ainsi de la dérive qu’elle pourrait avoir, dans un pays qui joue encore à la transparence et au Decashing, tout en dépensant 3,9 MDT en fabrication de billets et de monnaie.

 « Au cours de l’année 2023, la Tunisie a enregistré une augmentation continue du niveau des BMC de 10,7%, comparable aux données de l’année 2022, atteignant la valeur à 20,842 Milliards de dinars, dans un pays où les échanges en billets ont représenté 97,6% ». C’est ce que révèlent les chiffres publiés dans le bilan financier de la BCT pour l’exercice 2023.
Les commissaires aux comptes (CC), qui s’en inquiètent, affirment que « le taux d’augmentation des BMC, est passé d’année en année de 9,2% entre fin 2021 et 2022 à 10,7% pour la période entre fin 2022 et fin 2023. Et en tête de liste des billets en circulation, en termes de valeur, se trouvent les billets de 20 dinars, suivis des billets de 50 dinars, des billets de 10 dinars et enfin des billets de 5 dinars ». Thésaurisation, quand tu nous tiens !

–    Le Decashing, culturellement refusé

Le phénomène, qui inquiétait même les CC de la BCT, risque cependant de s’amplifier avec la prochaine loi qui va bientôt décriminaliser le chèque sans provision, et dévaloriser ainsi le chèque en tant que monnaie d’échange (ou de garantie, selon les usages), et pourrait pousser toute personne, physique ou morale à ne plus accepter le chèque et à n’accepter que le Cash.
La solution, qui a été à un certain moment temps avancée, est celle du Decashing et la numérisation ou digitalisation des échanges. Une solution, jusque-là culturellement refusée, à moins d’une décision politique irréversible. Il faut ici rappeler qu’évasion fiscale et la corruption adorent l’anonymat que garantit le Cash (حضر الكاش كل شيء ببلاش إذا), et ces sujets doivent immédiatement être érigés en priorités nationales !  

Le Maroc connaît un tel phénomène, et les BMC représentent depuis peu 30 % du PIB.
Et c’est le gouverneur de la Banque Centrale marocaine Abdellatif Jouhari qui s’insurge, dit qu’on ne peut continuer dans cette direction, et décide la formation d’un comité présidé par la BCM, des représentants des banques de la place, le ministère des finances et des chercheurs académiques. « Leur mandat est de produire un rapport complet qui non seulement analyse les causes sous-jacentes de l’excédent de trésorerie, mais recommande également des solutions concrètes pour atténuer le problème », dit-il au cours d’une conférence de presse.
Sinon, en Tunisie, l’on se demande sur le bilan des différentes initiatives lancées ici et là pour avoir des moyens de substitution au cash. Une réussite ? Que nenni ! Du moins pour l’instant. Ces initiatives « balancées » comme des ballons d’essai par les bailleurs de fonds arrivistes et des administrations bureaucratiques et sclérosées ont oublié l’essentiel,  à savoir les pratiques d’usages. Tant d’argent dépensé pour des projets inadaptés à la culture, us et coutumes du Tunisien lambda. La greffe n’a pas pris et ce n’est point la responsabilité du citoyen.  Mais, d’une offre de service copiée et non adaptée. Le résultat est bien là : l’argent sort mais ne revient pas ! Et c’est l’économie qui trinque.

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1 COMMENTAIRE

  1. Exigé le payement digitale uniquement pour l’énergie ( essence, gazoil,etc..) et la communication ( GSM, internet, et ..) divisera le problème par 2

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