La TSB (Tunisian Saudi Bank), anciennement Stusid, lorsqu’elle était banque de développement tuniso-saoudienne et avant qu’elle ne se transforme en banque universelle sans vraiment y réussir, ne parvient pas, depuis, à se mettre sur les rails (Ndlr : ceux du métro sont pourtant juste devant son siège) de ses semblables du secteur bancaire en Tunisie.
A la fin de l’exercice 2022, dernier bilan publié et rien encore sur le résultat du 1er semestre 2024, elle ne parvenait à réaliser que 103 MDT en total des produits d’exploitation. Sur cette centaine de millions, presque 65,5 MDT partaient en charges d’exploitation d’une banque obligée de faire provisions diverses de presque 92,4 MDT.
La sanction tombe, et c’est un déficit de plus de 100 MDT à l’exploitation déjà. Le résultat net sera plus lourd avec un déficit de 102 MDT malgré un PNB de 37,6 MDT (par ailleurs en baisse de presque 10 MDT en glissement annuel), c’est-à-dire un peu plus que les 100 MDT constituant son capital social.
La TSB terminait donc l’exercice 2022 en très mauvaise posture, et les différents changements de direction n’y ont rien fait, et dont l’un a même bénéficié d’une prime de départ de plus de 97 mille DT, élément d’un traitement 1238.466 DT pour moins de 10 mois de travail, 77.624 mille DT pour son remplaçant et 12 mille DT pour l’intérimaire de 4 mois !
– Une banque où rien ne va plus, au vu, au su, et sous le silence de la BCT
A la fin de l’exercice, les commissaires aux comptes sont obligés de reconnaître, et avertir aussi, que cette banque ne respectait, ni le ratio de solvabilité qui devrait être de 10 % alors qu’il n’était que de 0,96 % pour la TSB, ni le Teir1 qui devait être de 7 % et non de 0,66 % comme chez la TSB, et encore moins les ratios minima propres à la concentration des risques, et qui sont en lien avec le niveau des fonds propres. « Il résulte du non-respect de ces ratios, les infractions et les amendes prévus » par la BCT. La direction générale de la supervision bancaire (DGSB) de la même BCT prendra-t-elle de telles mesures contre la TSB ? Mais quand bien même le ferait-elle, personne n’en saura rien et le prochain rapport de la DGSB n’en dira rien comme il n’a jamais rien dit à ce propos en citant nommément les contrevenants.
On passera sur les dépassements en matière de participation aux capitaux de quelques filiales, ce qui fait que ces participations bouffent 60 % des fonds propres de la banque, pour s’arrêter sur cette double assertion des commissaires aux comptes. « En application de l’article 96 de la loi bancaire, nous avons informé la BCT de situations susceptibles de constituer un danger pour les intérêts, et de la banque et de ses clients, et de tout ce qui devrait obliger la banque à subir un programme de réformes ou un programme de sauvetage (…). Et il est à noter que nous avons envoyé ce rapport, à deux reprises pour la BCT, le 5 juin 2023 et le 18 octobre de la même année ». Qu’a fait la BCT ? Jusque-là, rien qui n’aurait été rendu public !
Mieux, les commissaires aux comptes affirment, dans le même rapport sur le bilan 2022, avoir informé le Parquet et le procureur de la République, en date du 14 août 2023, de faits qui pourraient s’élever au niveau d’actes criminels. Et comme pour la BCT, on ne sait rien de la réaction du Parquet au dit rapport des CC de la TSB !
– Des impayés, 22 % de crédits en classe 5, et bien d’autres bricoles !
A cela, s’ajoute notamment la mauvaise gestion des crédits, comme le laisse transparaître le détail des crédits non remboursés. Ces derniers étaient de 267,630 MDT en 2021, pour monter à 331,935 une année plus tard, haussant de 24 % en glissement annuel, et représentant 31,1 % de l’ensemble des crédits octroyés.
Mais c’est le classement par niveau de risque de ces impayés, qui pose question. En 2022 et sur les 331,935 MDT impayés, 182,736 MDT, représentant 55 %, étaient déjà classés en classe 5, ce qui correspond à des crédits carbonisés et très hautement irrécouvrables. Où, comment et pour qui ont été donnés ces millions de Dinars tunisiens, et comment et pourquoi ils ont été laissés péricliter jusqu’à devenir des crédits carbonisés ?
– Et maintenant … que va-t-il faire ?
Le 8 août 2024, le nouveau DG de la TSB, Yassine Turki, a été enfin installé en remplacement de Nabil Chahdoura, qui avait un temps refusé de quitter le bureau. Sur la page fb de la banque, Turki dit « se consacrer à l’assainissement de la TSB et à son développement ».
Il lui faudra, d’abord, faire le suivi des deux rapports envoyés par les Commissaires aux Comptes de la banque, à la BCT et au procureur de la République, avant d’engager la TSB sur la voie de la restructuration financière, et après avoir entamé les premières mesures de respect des différents ratios détériorés par ses prédécesseurs, et dans le silence du ministère de tutelle !