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Mechichi met le pays en paraplégie, tard, au pied levé et sans autres soucis

Dans une allocution enregistrée de jour et diffusée de nuit pour on ne sait quelle raison, le chef du gouvernement a enfin parlé de la seconde vague, dévastatrice du Covid-19 dans son pays. Il y a surtout annoncé quatre mesurettes, de manière à contenter les pro-confinement et les anti-reconfinement. Des mesures qui dureront deux semaines, sauf erreur de jugement de sa part, ou complication de la pandémie.

Des mesurettes, toujours en manque de surveillance, par ceux qui ne les appliquent que très peu

Le chef du gouvernement a ainsi repris l’annonce de l’obligation de porter le masque de protection, partout. Une décision, déjà prise à la légère par tous, et qui souffre de surveillance rigoureuse d’application, notamment en ce qui concerne les amendes. Une mesure, qui aurait aussi nécessité la fourniture, à très bas prix, sinon à titre gratuit dans les zones rurales et pour les familles démunies de ressources, de ce dispositif  indispensable qu’est le masque, première barrière contre la propagation  de la maladie et dont la consommation et grande en nombre et coûteuse en prix. Même chose, en matière de surveillance rigoureuse d’application et de sanction, pour l’interdiction des manifestations, dont les mariages dans les petites villes, pourtant organisés sur autorisation municipale, mais  jamais soumis à aucun des protocoles sanitaires requis. Quant aux cafés, point de distanciation, ni masques, et même le narguilé y a toujours cours. Mechichi disait pourtant, hier soir et un peu trop sûr de lui-même, qu’il « n’est point question de relâchement, et nous nous dresserons contre tous ceux qui n’appliqueraient pas ces mesures ». Pourtant ancien ministre de l’intérieur, Mechichi ne semblait rien connaître des pratiques sur terrain. Et d’ailleurs, ce n’est que rarement que l’on rencontre des agents de l’ordre obéissant eux-mêmes à ses instructions. Charité bien ordonnée  commence par soi-même,  dit le proverbe qu’il devrait connaitre.

Il n’y a pas que les fonctionnaires en Tunisie !

En 4ème mesure, le chef du gouvernement tunisien annonce la modification du temps et de l’horaire du travail, pour la fonction publique. Ils ne sont pourtant que 680 mille sur une population d’au moins 11 millions. Quid donc de l’horaire des employés  de tout le secteur privé, en usines, administrations, commerce et autres. Quels horaires appliqueront-ils ? Personne ne l’a précisé.

Qui parmi les banques de la place, par exemple, aurait assez d’employés pour une double équipe ? Qui parmi les usines textiles, par exemple, pourrait financièrement se permettre de doubler ses équipes. Et si cette mesure n’est pas appliquée, pourtant dans des endroits clos et sans souci de distanciation, à quoi bon l’imposer, au risque d’en faire des clusters de dispersion dans le reste du pays ?

La responsabilité implique une prise en charge, qui n’existe plus

« J’ai pris cette mesure, en toute responsabilité et tout en étant conscient de son coût pour la communauté nationale, pour diminuer l’encombrement dans les transports publics, et permettre au reste des forces de production dans le reste des entreprises économique, de continuer à un rythme quasi-normal », a dit, manifestement sans trop y penser, Hichem Mechichi. En effet, les deux équipes devront immanquablement se rencontrer entre les deux horaires, et c’est pourtant ce qu’il fallait éviter. Diminuer les cadences de production, même pour deux semaines, impactera inévitablement le chiffre d’affaires des entreprises, et partant, de leur rentabilité par équipes doubles, et sur les impôts et taxes pour l’Etat. « Conscient » de tout cela, comme il le disait, le chef du gouvernement n’a pourtant annoncé aucune mesure financière pour le tissu entrepreneurial. Qui supportera tout ce poids d’une série de mesures, qui ont été annoncées avec beaucoup de retard par rapport à la date de montée, visible sur les chiffres quotidiennement annoncés et qui ne donnent qu’une image atrophiée de la pandémie en Tunisie, des contaminations et des décès.

 Quid des capacités de la CNAM pour le Covid maladie professionnelle !

Le chef du gouvernement, qui est à la tête d’un pays qui manque gravement de ressources financières, n’a pas non plus précisé la source de financement pour le triplement annoncé des lits médicalisés, de 400 à 1200, et les lits Covid de 95 à 220 d’ici fin du mois. Ce n’est pas d’une petite somme qu’il s’agit, et on ne sait pas comment le chef du gouvernement qui signe des augmentations salariales à tout-va, fera pour ne pas se déjuger. Il  a pourtant oublié les ambulances, introuvables même dans les cliniques, ce qui a aussi fait des morts faute de transport !

On ne sait pas, non plus, comment ce même gouvernement d’un pays où la croissance sera négative d’au moins 8 % selon la BCT, les ressources propres en baisse déjà de plus de 11 % en juillet dernier, va pouvoir financièrement assumer sa décision de rendre le Covid-19 maladie professionnelle, uniquement pour les cadres médicaux. Cela voudra dire d’abord changer la loi 94_28 de février 1994 instituant de réparation des préjudices des maladies de travail. Il lui faudra, ensuite, assurer financièrement cette prise en charge par une CNAM (Caisse nationale d’assurance maladie), déjà financièrement très déficitaire pour d’autres raisons structurelles. Le reste, c’est du bla-bla, et « la Tunisie vivra », comme l’a inventé Hichem Mechichi.

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