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Moins de crédits aux particuliers. C’est l’Etat et ses EP qui ont tout raflé

AM*

Lorsque l’Etat tunisien a commencé à prendre crédit directement chez les banques, beaucoup avaient mis en garde contre l’effet d’éviction que cela engendrera, pour les entreprises comme pour les particuliers. On y est, et ce n’est pas bien pour les banques !

Selon les derniers chiffres de la BCT (Banque Centrale de Tunisie), les crédits aux particuliers ont augmenté en 2022, de 4,3% contre 4,1% en 2021, « niveau bien inférieur au taux de croissance du PIB nominal », commente le rapport de la supervision bancaire. Et ce dernier d’expliquer que « la dégradation du pouvoir d’achat et la hausse des taux d’intérêt ont affecté sensiblement la capacité des ménages à accéder au financement bancaire. Cette faible dynamique a concerné les crédits à l’habitat (+4% contre +2,8% en 2021) et les crédits à la consommation (+4,6% contre +5,3% en 2021) ».

A cet égard, note le superviseur bancaire, « une décélération a été ressentie au cours du second semestre de 2022 (+1,8% contre 2,6% au cours du 1er semestre de 2022) traduisant l’impact du renchérissement du crédit sur le comportement des ménages ».

Conséquemment, toujours selon la même source officielle, « la part des crédits aux ménages dans l’encours des crédits à l’économie a baissé pour la deuxième année consécutive pour représenter 24,8% du total des crédits contre 25,6% en 2021. Également, leur part dans le PIB est passée à 19,4% en 2022 contre 20,5% en 2021 ».

Pourtant, et c’est la BCT qui l’affirme, les particuliers n’ont représenté, en 2022, que 7,8 % des 15,870 Mds DT en encours global de créances classées, dont 87 % en classe 4 chez 9 banques qui affichent une part des créances classées supérieure à 15%.

  • L’Etat a puisé 31,4 milliards de DT en 2022, soit 20,7% du total des actifs des banques

Par ailleurs, L’écart du ratio des crédits par rapport au PIB est resté négatif pour la deuxième année consécutive (-2,2% en 2022 et -0,8% en 2021), faisant suite à l’accroissement du crédit bancaire à un rythme moins important que celui de la croissance de l’activité économique, soit +10,3% aux prix courants.

Selon la DG.SB, « cette situation illustre le ralentissement de la demande de financement en lien avec la persistance des incertitudes liées au contexte économique et l’attentisme des milieux d’affaires dans un contexte de montée des tensions inflationnistes ». Est-ce pourtant à dire que les banques ont donné moins de crédits en 2022 ?

La BCT y répond indirectement, en précisant qu’à fin 2022 déjà, « les financements bancaires octroyés à l’Etat et aux entreprises publiques ont poursuivi leur tendance haussière avec un accroissement annuel de 23,1% pour se situer à 31,4 milliards de DT soit 20,7% du total des actifs des banques contre 27,1 milliards de DT et 19,2% respectivement une année auparavant. Près de 72% de cet accroissement est expliqué par les souscriptions dans les nouvelles émissions de l’Etat sous forme de bons du Trésor et d’emprunts nationaux ».

  • Effet d’éviction des particuliers et surexposition au public

Résultat, comme le rapport de la BCT ne le cache pas, « les expositions (Crédits sur fonds propres) des banques sur les 5 et 10 plus grands opérateurs publics, hors administration, ont connu un accroissement significatif pour représenter respectivement 74% et 91% des fonds propres nets de base des banques ». Un phénomène sur lequel les agences de notation avaient maintes fois tiré la sonnette d’alarme.

Mais après tout, ce ne sont que des « أمّك صنّافة » ces agences de notation, qui comploteraient presque contre une Tunisie du 25 juillet, fière de la souveraineté des mendiants, et qui préfère diminuer la croissance à la réforme de ses entreprises, et voudrait même reprendre dans son giron les secteurs qui font des bénéfices dans le privé désormais objet de toutes les cabales !

Et c’est ainsi que s’ajoute au risque avéré de l’éviction du domaine des crédits, par l’Etat, des particuliers et des entreprises, une surexposition des banques au crédit public dans une économie peu créatrice de valeur ajoutée et face à un gouvernement, en mal de ressources et aux abois en matière de crédit après avoir échoué à emprunter auprès de fonds étrangers, pour payer les salaires et compenser les pertes abyssales de ses entreprises publiques. Et on pourrait presque ainsi dire, heureusement que les banques font toujours plus de bénéfices !

Par ailleurs, un simple clic sur les moteurs de recherche vous apprendra que l’effet d’éviction engendre généralement une baisse de la consommation et des investissements privés à la fois, par un Etat qui fait ainsi la concurrence aux sociétés ou aux particuliers. Un effet d’éviction, qui n’est pas étranger à l’augmentation des taux d’intérêt sur le marché où les besoins de l’Etat sont en continuelle croissance, et cela paralyse les sociétés privées, pour lesquelles les opportunités d’emprunter se réduisent.

*Extrait du rapport annuel sur la supervision bancaire 2022

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