AccueilLa UNEOn ne peut pas construire une démocratie sans démocrates

On ne peut pas construire une démocratie sans démocrates

La Tunisie est en théorie dans la dernière phase de sa transition démocratique. La constitution est adoptée et tout l’édifice institutionnel est déjà en place .Les différentes instances chargées de gérer ce qui reste de la période transitoire en matière d’élections, de justice, de justice transitionnelle, d’examen de la constitutionnalité des lois sont déjà installées ou sur le point de l’être . La loi électorale devrait être votée dans quelques jours et le Tunisien va se retrouver dans les mois à venir en état de se prononcer sur des choix qui engageront le pays pour des décennies et façonneront peut-être à jamais, les institutions de la République et le modèle démocratique national.

En période transitoire, il est logique d’observer une multitude de comportements et de thèses qui renvoient à des cultures politiques différentes, et il est naturel que ces cultures coexistent, précisément parce qu’elles n’ont pas trouvé, dans le passé, sous la dictature et le parti unique, l’occasion de mûrir dans le débat et la confrontation pour donner lieu à une synthèse qui reflétera l’effort général en vue d’aboutir à des positions médianes et à des attitudes positives , dans le cadre du droit à la différence et de la reconnaissance des spécificités de chacun .

Cette logique du débat dans la concorde et des divergences qui doivent impérativement mener au consensus est de nature à créer un climat de sérénité qui favorise l’émergence des idées les plus positives et les projets les plus fédérateurs .Et cette même logique ne peut se concrétiser que dans le cadre d’une dynamique qui facilite l’interaction des multiples points de vues dans la reconnaissance mutuelle et la recherche commune des idées qui vont le mieux avec les idéaux démocratiques .

Mais devant le climat tendu qui prévaut en Tunisie actuellement, il est tout à fait légitime de se poser la question : Est-ce que les comportements et les convictions des parties prenantes et du citoyen sont compatibles avec l’esprit démocratique et l’idéal républicain ? Et est-ce que la motivation première de chaque intervenant est de rechercher ce qui va le mieux avec le projet démocratique et l’intérêt général , ou bien ce qui l’intéresse en premier lieu, c’est de faire passer son avis et justifier son comportement même s’il ne concorde pas avec la culture démocratique ?

Ces questions prennent tout leur sens lorsqu’on voit les Tunisiens se chamailler au point d’entraver le travail du gouvernement et mettre en danger la saison touristique parce que des Israéliens devraient venir à Djerba participer au pèlerinage d’Al Ghriba. Et on est interpellé par ces mêmes attitudes lorsqu’on assiste à un agent de sécurité ,se disant syndicaliste, révéler, dans une émission de télévision , les détails des réunions techniques sur un sujet se rapportant à la sécurité nationale, et répondre à ceux qui lui rappellent son obligation de réserve , qu’il est le seul habilité à juger ce qui peut être dit dans de pareilles circonstances. On ne manque pas d’afficher son étonnement lorsqu’on assiste à un acharnement du pouvoir législatif (l’ANC) à interférer dans les affaires du pouvoir judiciaire, et tenir à passer une loi instituant des tribunaux d’exception au moment où la Constitution, fraîchement promulguée, l’interdit formellement, et l’instance de la justice judiciaire considère cette initiative anticonstitutionnelle.

Toutes ces attitudes sont non seulement incompatibles avec l’esprit démocratique, mais elles sont défendues de manière qui exclut tout compromis ou recherche de points d’accord avec les autres partenaires. Ce qui prouve que la période transitoire n’a pas servi, en Tunisie, à apprendre aux partenaires politiques et sociaux et aussi au citoyen ordinaire à chercher les dénominateurs communs avec les autres, pour aboutir à la synthèse où tout le monde peut se retrouver.

La révolution qui a fourni l’occasion à toutes les parties politiques et sociales de s’inscrire dans une logique de construction collective d’un ouvrage commun et inédit , s’est transformée en un champ de bataille où l’objectif premier de chacun est de vaincre son prochain , faire valoir ses convictions et imposer son point de vue.

Ce sont là des attitudes qui renvoient à une culture non démocratique. Et quand est-ce qu’une démocratie s’est faite construire par des non démocrates ?

Aboussaoud Hmidi

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